vendredi 30 août 2013

Le producteur boit du petit lait




Le producteur boit du petit lait
Ce vendredi et demain, deux frères producteurs de lait de Colincamps, près d'Acheux, feront la promotion de leur briquette dans une grande surface albertine. Une question de survie.
En 2009, les producteurs de lait déversaient leur colère dans les rues. Depuis, rien n'a changé. Le prix du litre n'a pas baissé, mais les charges ont augmenté (notamment en raison de la hausse du prix des céréales). Alors certains ont pris les taureaux par les cornes pour trouver une solution. L'alternative pourrait être FaireFrance, label présenté comme « solidaire et équitable » auquel ont adhéré quelque 800 producteurs français.

Parmi eux, il y a Michel et Bruno Billaud, deux frères installés en Gaec à Colincamps, dans le canton d'Acheux. Membres de l'Association des producteurs de lait indépendant (Apli, créée après la grève du lait de 2009), les frères Billaud se battent pour que leur travail soit reconnu : « Il faut que le lait soit payé au juste prix », assure Michel, l'aîné. Aujourd'hui, les frères Billaud vendent leur production 0,34€ le litre à leur laiterie (en moyenne annuelle, le tarif pouvant fluctuer d'un mois à l'autre). Pour vivre correctement, ils aimeraient en tirer 0,40€ le litre (comme aux Pays-Bas par exemple): « Ce ne serait pas aberrant. »

À 0,34€ le litre, ce n'est pas rentable. Alors exploitants ont jeté l'éponge, troquant les pis contre les cultures. Jean-Michel Accart, de Louvencourt, a arrêté le 31 mars. « C'est un tout : je n'avais plus la motivation, il fallait investir... » Attention danger. Michel Billaud met en garde : la désaffection pour le métier risque d'entraîner une pénurie de lait en France. Il est urgent de réagir et d'agir.

En achetant des parts de la SAS FaircoopSCA, qui commercialise le lait FaireFrance, Michel et Bruno Billaud peuvent prétendre récupérer 10 centimes du litre vendu (la brique coûte 0,93€, un tarif équivalent grandes marques, mais un peu plus cher que les marques distributeurs). Ce complément leur permet d'atteindre les 40 centimes du litre revendiqués. « En créant la marque FaireFrance, l'Apli offre la possibilité de gérer la commercialisation du lait. Parce que jusque-là, on était les otages des différentes politiques pratiquées en Europe. »

Mais il y a une contrepartie : les producteurs qui embrassent FaireFrance s'engagent à démarcher eux -mêmes les grandes surfaces et à donner de leur temps pour expliquer le concept aux consommateurs. C'est ce que feront les frères Billaud, aujourd'hui et demain à Intermarché Albert (qui fêtera le premier anniversaire de son déménagement). « Nous aurons un stand avec notre vache bleu blanc rouge, symbole du lait équitable, et nos briques. Ce n'est pas facile de faire le commercial, il faut savoir aller vers l'autre et accepter de parler de nos problèmes, mais c'est nécessaire. »

Alors, apaisées les tensions ? Il semblerait. « Les grandes surfaces gagnent toujours de l'argent sur notre lait, mais on ne peut pas faire sans. Pour toucher le consommateur, on est obligés de passer par elles. Donc soit on restait en conflit, soit on proposait autre chose, gagnant gagnant, c'est ce qu'on a choisi de faire... Au début, on marchait dans le brouillard, mais quand on voit l'accueil des consommateurs, ça motive. Cela prend du temps mais il faut se donner les moyens si on veut changer les choses. »

Prochaine étape : commercialiser, d'ici la fin de l'année, une boisson chocolatée au lait entier. « Là, on pourra faire la différence sur le goût. » Car pour le moment, et c'est peut-être la faiblesse du concept, le lait vendu sous la marque FaireFrance n'est pas le lait produit par les producteurs membres, c'est le même que celui proposé par les autres marques. Le lait estampillé FaireFrance est fourni et conditionné par une laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel (Loiret). La seule différence, c'est que la brique « lait équitable » permet aux producteurs de gagner leur vie. Et ça, pour eux, ça change tout.
EMMANUELLE BOBINEAU www.fairefrance.com.


Toute personne tenant dans ses mains une brique de lait FaireFrance a la preuve tangible et iréfutable, la démonstration apodictique* que l'on peut rétribuer EQUITABLEMENT tous les "maillons" de la filière lait avec pour le consommateur un prix tout ce qu'il y a de raisonnable. Tous ceux qui disent le contraire sont des menteurs ou des voyous - l'un n'excluant pas l'autre... 

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Est apodictique, du grec αποδεικτικος (qui démontre, qui prouve), ce qui présente un caractère d'universalité et de nécessité absolue. Une proposition apodictique est nécessairement vraie, où que vous soyez.

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