jeudi 27 février 2014

Le lait en France. Le coût de production oscille entre 39 et 45 centimes/kg (étude EMB-OPL-Apli-FMB)

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Alors que le coût de production du lait est devenu un élément essentiel des négociations sur le prix, l'European Milk Board (EMB), l'Organisation des producteurs de lait (OPL), l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) et France Milk Board (FMB) ont commandité une étude sur ce sujet (1). Ils souhaitaient avoir des chiffres représentatifs et une méthode applicable dans les différents pays européens. Les résultats ont été présentés le 27 février, lors du Salon de l'agriculture, à Paris.
 
En 2013, le coût de production oscillait approximativement entre 40 et 45 centimes/kg de lait selon les régions.

Le Grand Ouest affiche le montant le plus faible, à 0,34 €/kg, expliqué par un niveau d'investissement très faible dans les outils.

A l'autre extrémité, le Sud-Est pointe à 0,49 €, du fait de surcoûts liés à la montagne.

Le Centre est à 0,39 €, le Poitou-Charentes à 0,40 €,

la Normandie et le Grand Est à 0,41 €,

le Nord-Picardie à 0,43 € et l'Auvergne-Limousin à 0,46 €.

« Les coûts dépassent donc nettement le prix moyen de 33,8 centimes/kg au niveau national », soulignent les syndicats, qui se réfèrent au prix publié par le ministère de l'Agriculture (Agreste Conjoncture), pour un lait à 38/32 (le prix moyen annoncé par la filière est de 34,3 centimes/l).

Face à « une situation déficitaire mise clairement en lumière », ils réclament donc un prix moyen à la production de 45 centimes/kg.

Pour eux, il est indispensable que les coûts de production soient intégrés dans le prix du lait.

Une étude semblable a été réalisée en Allemagne l'an dernier. Deux sont en cours, en Belgique et aux Pays-Bas, puis l'Italie devrait suivre.
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(1) Réalisée par le bureau allemand BAL (Büro für Agrarsoziologie und Landwirtschaft), l'étude repose notamment sur des données puisées dans le Rica (Réseau d'information comptable agricole). Retour La France Agricole ==>
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A télécharger:  L'étude sur le coût de production du lait

samedi 15 février 2014

Déconstruction aristotélicienne de la malhonnêteté financière par la reconstitution de la démocratie, par Pierre Sarton du Jonchay

 

 
Dans sa théorie fondatrice de l’économie véritable, de la science économique, du calcul des prix et de la monnaie, Aristote pose une éthique de l’acteur économique en le définissant comme citoyen de la démocratie. L’échange n’a de matérialité qu’à l’intérieur d’une société politique constituée, où les acteurs puissent se reconnaître comme parties intéressées à des choses communes qui puissent circuler au fil du temps. L’intérêt du citoyen est de reconnaître ses alter-ego dans la cité afin d’échanger avec eux ce qu’il ne peut pas produire tout seul.
 
La monnaie est selon Aristote comme pour nous encore, ce qui matérialise le calcul économique. Le prix est la loi d’égalité matérielle entre ce que deux citoyens achètent et vendent pour eux-mêmes dans une même transaction conclue publiquement dans la démocratie. La démocratie est à la fois la condition d’existence de la chose publique qui s’échange et la raison de comparabilité des droits entre les citoyens qui transigent sur les choses et sur les prix.
 
La transaction détermine la monnaie qui fait le lien mathématico-logique entre les acteurs de l’échange, la matière de la chose échangée et la réalisation de la loi qui forme l’économie de l’échange. Dans sa description de l’échange économique toujours en vigueur depuis 24 siècles, Aristote constate à la marge et à la racine du prix en monnaie, une réalité nécessaire mais parfaitement immatérielle qui est la philia. Les deux notions contemporaines forment la philia aristotélicienne sont l’amitié et la fraternité.
 
L’amitié signifie l’intérêt commun entre les parties à l’échange. La fraternité signifie la même loi à laquelle les parties se soumettent. La philia nécessaire à l’économie dans la démocratie exprime que l’égalité entre la chose et le prix échangés est analogue à l’égalité de droit entre l’acheteur et le vendeur. La philia exprime aussi que l’existence de la chose échangée est analogue à la loi d’égalité entre les parties. En langage moderne, la chose, le prix, la loi d’économie et les parties n’existent pas sans un capital de solidarité qui donne matière à la réalité sous le prix.
 
Dans la mathématique aristotélicienne du prix, la mise en équilibre des intérêts des parties sur la chose dans l’éthique de la démocratie, est dénommée « diagonalisation ». La diagonalisation est un calcul logique de mise en équivalence par la chose et par le prix de la réalité des droits entre l’acheteur et le vendeur. La diagonalité effective de la matière formée dans la finalité ajustée des parties, est matérialisée dans la monnaie qui se définit alors par les trois fonctions comptables de réserve du prix dans le temps, d’unité de compte quantitatif et de moyen de règlement des dettes formées sur les prix.
 
Pour expliquer la fonction de la philia dans la diagonalisation de l’échange par le prix, Aristote pose l’existence du statut des parties. Le statut entre dans le rapport de calcul de la matière et de la forme par la force de la démocratie. La recherche de l’accord sur la chose et sur le prix passe par la comparaison des statuts dans la réalisation finale d’un échange véritablement ajusté aux vœux des parties. Aristote voit que l’accord sur la chose et sur le prix ne suffit pas à la justice entre les citoyens. Il faut également rétribuer la participation spécifique de chaque partie à l’existence diagonale du bien entre la chose et le prix. La rétribution des parties est la proportion du prix.
 
En théorie financière moderne du prix, on peut poser que la part du statut des acteurs dans le prix d’échange est le capital. Un prix est liquide, c’est à dire démocratiquement conforme à l’intérêt licite des parties, si chaque partie qui livre ou qui règle au présent s’estime correctement rémunérée du capital qu’elle cède dans la transaction. Le capital est dans la causalité du prix, ce qui est propre à chaque partie dans l’existence objective et juste d’un bien livrable contre un prix.
 
Il est évident dans la réalité économique de la démocratie d’Aristote que le capital ne peut pas exister sans une loi commune également appliquée à tous les citoyens quel que soit le prix économique du capital reconnaissable dans chaque citoyen. Il est non moins évident que l’intérêt purement individuel de chaque citoyen est d’imposer par la rhétorique sa mesure privée indiscutable du capital dans une économie faussement commune des prix. La causalité du capital statutaire est chez Aristote autant individuelle que collective, autant matérielle que formelle, aussi finalisée qu’effective.
 
La cause formelle de la réalité du capital est pour Aristote l’éthique de la démocratie. La cause matérielle du capital dans la diagonalisation des prix est la régulation du marché financier par la démocratie. La cause efficiente du capital à l’application de la loi commune dans la durée est la philia. Le capital n’a pas de réalité dans le prix, si la finalité des choses échangées n’est pas partageable dans une amitié économique fraternelle.
 
Le prix juste s’il existe, n’est pas dissociable d’un ordre social où les statuts soient mesurables même quand ils évoluent très rapidement comme dans notre modernité. Si l’on pousse jusqu’au bout le raisonnement aristotélicien sur la conditionnalité du prix juste dans la philia, on en vient à dire que la philia elle-même doit être mesurable pour que le changement des statuts sociaux soit incessamment réintégré dans la diagonalisation des prix. Le capital est la mesure collectivisée de la philia dans tous les prix possibles des biens livrables du présent au futur.
 
On voit bien que la logique capitaliste spéculative consiste à produire une avance de phase permanente de l’équilibre des prix sur la philia afin que personne n’ait le temps de poser des rapports de force sur des statuts objectifs dans la production de « valeurs ». Il faut que la valeur soit mesurable uniquement par rapport à sa notionalité spéculative et non par rapport à la réalité des statuts humains dans un devenir commun descriptible.
 
En fait, la spéculation financière se saisit p
ar le prix à terme, du changement des statuts pour accaparer immédiatement à son profit la variation induite sur l’équilibre de diagonalisation des prix. La mystification repose sur l’idéalisation par la monnaie de la réalité sociale où se calculent les prix. La monnaie matérialise l’idéalité des prix entre le présent et tous les futurs possibles. Elle matérialise la plus-value possible de la démocratie avant qu’elle ne soit effective.
 
En rendant libre les anticipations de prix, c’est à dire exonérées de tout contrôle social et politique, le libéralisme accorde au capitaliste le prix arbitrairement positif de tous les changements possibles de statut dans l’économie des échanges. L’anarchie libérale des prix repose sur l’idéalisation du marché par la monnaie, laquelle se retrouve matérialisée hors de la politique par le dogme libertarien de la neutralité monétaire.
 
Le prix est dissocié des statuts par le signe monétaire exclusivement défini par le banquier privé ; lequel est statutairement dispensé de connaître réellement donc publiquement, la citoyenneté des personnes, la société et les lois. Le dogme de la monnaie neutre pose que le prix est scientifiquement objectif, donc que la valeur de la chose n’est pas négociable entre des sujets ; donc que la force du prix n’a rien à voir avec les statuts sociaux ni avec la loi politique qui les établit.
 
La négation des statuts du vivre ensemble permet de jouer les prix au profit exclusif des individus qui contrôlent la diagonalisation des prix par l’allocation de la liquidité monétaire issue du crédit. La falsification libérale du crédit, de la monnaie et des prix consiste à fixer arbitrairement dans le secret de la « politique monétaire » un prix de la liquidité des prix nominalement justes qui soient réellement injustes : le loyer de la monnaie est fixé pour quelques privilégiés à un prix inférieur à la croissance réelle de la valeur ajoutée mesurée en monnaie.
 
La différence entre la croissance réelle de la valeur et la croissance décrétée dans le prix bancaire de la liquidité est mécaniquement attribuée aux emprunteurs et émetteurs de titres qui accèdent à un marché financier de la liquidité exclusivement privé. Le marché libéral de la monnaie est un marché privé par la réservation des crédits de la banque centrale aux banques et à leurs clients privilégiés. Les privilégiés fixent eux-mêmes la contribution de leur statut aux prix, de telle sorte que l’intérêt, c’est à dire le taux de croissance générale moyen de la valeur ajoutée, leur soit systémiquement réservé.
Le renversement de la falsification libérale dépend de la volonté politique de définir les prix par la démocratie et la comptabilité des prix par le crédit de tous les citoyens. Si la monnaie est définie comme unité comptable du droit au crédit, égal pour toutes les personnes morales ou physiques, alors n’importe qui doit pouvoir proposer ses titres de crédit en collatéral de l’émission monétaire. Pour que l’égalité des droits au crédit soit effectivement réalisée et mesurable en prix de monnaie, il faut que tous les statuts soient mesurables à n’importe quelle échéance du présent au futur.
 
Une telle mesure universelle du crédit consiste à titriser le crédit de toute personne à un prix nominal et à coter la liquidité nominale personnelle par la prime de crédit librement négociable sur un marché public compensé. Ce marché de garantie universelle du crédit pré-existe dans l’actuel marché virtuel des CDS (Credit Default Swap, c’est à dire prime de garantie de crédit). Dans le marché réaliste du crédit, l’acheteur d’une prime de crédit acquerrait le statut de garant du prix statutaire de l’émetteur des titres de crédit.
 
Si l’emprunteur honore intégralement ses échéances de crédit, la prime de crédit est définitivement acquise aux acheteurs de la prime. Un marché public universel réel du crédit indexe statutairement la monnaie sur la démocratie. L’unité monétaire y est statutairement adossée au prix moyen de la liquidité de tous les débiteurs de l’économie réelle. Le loyer de la monnaie vendue par la banque centrale anticipe le prix unitaire net de la croissance réelle des biens effectivement livrés par tous les producteurs de la démocratie emprunteurs de la liquidité monétaire.
 
La théorie aristotélicienne du prix suppose la démocratie formée sur la philia. La démocratie n’est pas comme pratiquée aujourd’hui la dictature de la majorité manipulée par les ploutocrates ; la démocratie, c’est l’égalité des droits à participer par son statut économique et politique réel à la diagonalisation des prix de tout ce qui peut légalement avoir une valeur marchande. Mais la démocratie est également la liberté de négocier les lois et les règlements comme valeurs négociables qu’on paie par un prix si l’on est personnellement d’accord et qu’on vend si l’on n’est pas d’accord ni donc engagé.
 
Il se trouve que 24 siècles après Aristote, l’histoire de la monnaie montre que la loi et la politique sont négociables par la différenciation démocratique des monnaies. La liberté responsable du citoyen, c’est d’acheter la justice qu’il veut par la fiscalité des biens qu’il achète dans la légalité à laquelle il adhère. Si le citoyen ne veut pas se soumettre à des lois données et échapper par conséquent au prix de la solidarité qui les finance, il est de fait possible de vendre la monnaie de l’État de droit dont on est créancier.
 
Mais vendre un État de droit n’est jamais que devenir créancier d’un autre État de droit. Là où le régime actuel des monnaies est économiquement ontologiquement absurde, c’est dans le dollar achetable sans avoir à respecter la loi des États-Unis et dans l’euro achetable contre l’obligation de respecter toutes les lois de la zone euro, lesquelles sont contradictoires entre elles sur le prix de la protection nationale des citoyens. L’actuelle anarchie libérale détruit l’économie par l’impossibilité de prix qui signifient des droits humains.
 
 
Le chaos prendra fin le jour où des sociétés politiques se reconstitueront sur des chambres de compensation keynésienne. La compensation est la mécanique de diagonalisation des prix qui rétablit une limite calculable entre le droit et le non-droit, entre le citoyen et le prédateur, entre l’acheteur et le vendeur, entre le travailleur et le menteur. Les prêtres de la religion féroce du capital virtuel nous immobilisent dans la nuit de l’intelligence par des mots sans limite de réalité. Le citoyen de bonne volonté ne peut pas douter que les libéraux qui occupent le pouvoir de la démocratie sont partis détruire toute réalité.

samedi 1 février 2014

FNCL : « Prix du lait, valeur du lait : calcul et perception »

FNCL : « Prix du lait, valeur du lait : calcul et perception »

Prendre en compte un concept plus global que le prix du lait, parler de la « valeur du lait », c’est selon la FNCL (Fédération Nationale des Coopératives Laitières) poser l’équation réelle et juste des changements du monde laitier dans son ensemble.
A l’aune de la sortie des quotas et de la libéralisation totale du marché, dans un contexte de relations commerciales très tendues avec la grande distribution, le prix du lait en lui-même ne constitue plus un outil suffisant et unique à prendre en compte : la grille de lecture doit ainsi être revue sous un spectre plus large selon la FNCL.
La rémunération de l’associé-coopérateur doit considérer l’ensemble des éléments suivants : prix d’acompte, complément de prix, rémunération du capital social et dividendes (ristournes).
La FNCL juge l’utilisation du concept de « valeur du lait » centrale pour appréhender les échéances à venir et poser les nouvelles bases de performance, de rentabilité et d’efficacité de l’ensemble des maillons de la filière laitière et de la réalité humaine et économique qui en dépend.

Appréhender les évolutions du monde laitier et comprendre les specificites des cooperatives : des quotas aux marches avec la valeur du lait !

Face aux nouveaux enjeux économiques, la FNCL souhaite mettre en perspective les évolutions majeures que la filière laitière est en train de vivre, et ce qu’elles impliquent en termes d’adaptation pour l’ensemble des acteurs. La FNCL souhaite également faire connaître à ses différents publics, notamment aux pouvoirs publics, les spécificités du modèle coopératif laitier afin de pérenniser l’activité des coopératives laitières sur le long terme, dans l’intérêt des associés-coopérateurs qui sont leurs actionnaires.
Dans la lignée de la démarche pédagogique initiée sous l’égide « Les coopératives laitières de A à Z », la FNCL veut lever les freins et corriger une certaine méconnaissance du modèle coopératif et de ses spécificités pour créer les conditions nécessaires à sa consolidation dans la transition vers un marché libéralisé.
Pour la FNCL, il faut accompagner les coopératives et les associés-coopérateurs dans la sortie des quotas, notamment sur le retour des stratégies aux mains des entreprises pour maîtriser l’équation volume-prix. Le Conseil d’Administration de la FNCL a initié cette démarche dans le cadre d’un chantier global mené au sein de son réseau de coopératives depuis 2010.
Appréhender et prendre en compte la valeur du lait est la pierre angulaire capable de préserver les intérêts des associés-coopérateurs et des coopératives car elle tient compte des spécificités du modèle coopératif laitier.
La FNCL s’est fixée deux objectifs :
 Faire de la pédagogie autour du concept de « valeur du lait », seule référence devant être prise en compte pour gérer les enjeux économiques liés à la libéralisation des marchés.
 Accompagner les coopératives laitières dans ce changement et expliquer, démontrer, prouver que les entreprises coopératives sont à la fois soumises aux mêmes lois du marché que tout autre entreprise, mais avec une finalité différente : répondre aux attentes de leurs associés-coopérateurs.
« Sortir des quotas » implique nécessairement de « sortir de la conception politique du prix du lait », reflet d’une économie administrée précise la FNCL.
Parler de valeur du lait, c’est passer à une conception économique de PLUSIEURS prix du lait définis en fonction des réalités et débouchés de chaque entreprise, qui prennent en compte plusieurs indicateurs de marché, les réalités industrielles de l’entreprise, son environnement économique et humain… La valeur du lait pourra ainsi être préservée sur le long terme.
Les coopératives, entreprises non délocalisables et génératrices de richesses économiques en territoire rural, vont devoir adopter de nouvelles stratégies de développement sous le prisme de la valeur du lait, en retrouvant une nouvelle dynamique : celle de l’associé-coopérateur qui doit devenir un véritable chef d’entreprise, l’oeil porté sur les marchés.
« Le rôle de la FNCL aujourd’hui est d’accompagner les coopératives laitières dans le développement de leurs projets avec leur associés-coopérateurs et de les représenter auprès des différents acteurs de la filière en permettant que les marchés, intérieurs et export, puissent fonctionner de manière optimale, » conclut Dominique Chargé, Président de la FNCL.
Source : FNCL (Fédération Nationale des Coopératives Laitières)
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Quelques remarques supplémentaires.

Décidément, tout ce texte me pose de très, très gros problèmes en particulier cette phrase:
« Dans une posture « d’acteur pédagogue de la valeur du lait », la Fédération nationale des coopératives laitières ne veut plus parler de « prix » du lait, mais de « valeur » du lait. »
Tout d’abord cherchons une définition fiable du mot valeur:
Les valeurs représentent des principes auxquels doivent se conformer les manières d’être et d’agir, ces principes sont ceux qu’une personne ou qu’une collectivité reconnaissent comme idéales et qui rendent désirables et estimables les êtres ou les conduites auxquelles elles sont attribuées. Ainsi, le bien, le bon, le courage, l’honnêteté, le beau, le vrai, la bienveillance etc… sont des valeurs.
Notons que les principes, sont de l’ordre des idées, des aspirations, personnelles ou collectives, des références idéales ou idéelles, mais nullement des choses concrètes .
 Elles sont bien réelles (des réalités abstraites) en tant que valeur mais totalement irréelles en tant que choses.
 Qui peut dire qu’il a rencontré le Beau comme on rencontre un chose sensible, concrète? C’est absurde…
Certes, il y a de belles choses, mais le beau ne s’y rend visible que par ce qu’il utilise COMME SUPPORT, la chose sensible et concrète pour s’y dévoiler.
 Il ressort donc, que par sa nature propre, la valeur relève du « QUALITATIF » et du subjectif (car ce qui est beau pour l’un peut ne pas l’être pour l’autre).
Or qu’est-ce que le qualitatif?
 Pour ce faire allons sur la page du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicale, émanation du CNRS.
 Que voit-on à l’entrée « qualitatif »?:
1- Qui concerne la qualité, la nature des choses, et non la quantité, l’aspect mesurable.
 2- Ce qui ne peut pas s’exprimer en termes mesurables ou quantifiables.
Ainsi que nous l’avions déjà souligné la catégorie du calculable est totalement hétérogène du qualitatif.
 Pire même, ces deux réalités s’opposent: le quantitatif, en tant précisément que quantitatif est le contraire du qualitatif en tant même qu’il est qualitatif.
 La valeur étant de l’ordre du qualitatif du fait même qu’elle est valeur elle ne peut permettre par -sa nature même- de se décliner sur le monde du quantitatif et du calculable.
De fait, quant on décide qu’une chose, en l’occurrence le lait se situe du côté de la réalité « valeur », donc du qualitatif, on s’interdit d’emblée de l’inclure dans le quantifiable, le calculable, donc de tout ce qui relève du Prix qui est, lui, un pur rapport de Quantité.
Pis, même, on les oppose dans une contradiction absolu: la « valeur-qualité » étant le contraire, l’opposé absolu du « prix-quantité ».
Ainsi donc faire du lait une valeur c’est, littéralement, lui ôter son prix. Et la possibilité même d’en avoir un. Selon cet angle
d’approche le lait ne peux , par essence avoir de prix calculable.
Donc, il n’y a plus de critères objectifs et universalisables au prix du lait.
Mais sur quoi repose rationnellement la position de la FNCL? Sur un (pseudo) coup de force conceptuel.
 La définition de la « valeur lait » produite par la FNCL est purement arbitraire, une pure affirmation sans raisons s’appuyant sur une
quelconque  analyse rationnelle. D’ailleurs elle site sans cesse le mot « valeur » jamais sans prendre le soin d’en donner la moindre définition. Ce qui lui permet d’essayer de faire passer son tour d’illusionnisme pour une évidence qui « va de soit », qui n’a pas besoin de définition tant elle est évidente…
Or, contrairement aux allégations de la FNCL, il n’y a nulle évidence dans tout cela. Bien au contraire: le lait n’est pas en rien une pure valeur mais une  vraie CHOSE.
 Et même une chose utile et indispensable. Comme toute chose il a un masse calculable, tous ces constituants ont eux aussi des masses entièrement calculables. Bref en tant que chose concrète le lait est, de droit,  parfaitement quantifiable.
Mais, surtout, on peut calculer objectivement son prix de revient qui permet de déduire de façon parfaitement rationnelle et objective un prix de vente.
Même si il est porteur d’un valeur symbolique très forte, le lait ne peut être résorbé dans la catégorie de la pure « Valeur lait » il est avant tout un aliment nécessaire et utile, bref une CHOSE.
Et pour cette chose il faudra bien qu’un prix soit fixé ainsi que l’exige la loi, le réel et le simple bon sens.
Mais on peut d’ors et déjà comprendre qu’en accumulant tous ces obstacles spécieux, ce labyrinthe pseudo conceptuel le plus complexe
possible, la FNCL prépare une usine à gaz la plus inintelligible et arbitraire possible afin de ne pas payer le producteur de lait à un prix équitable, et surtout, raisonnable.
On peut y lire une tentative désespérée de brouiller les pistes, un souci de rendre la réalité inintelligible en la soustrayant à la raison commune derrière un nuage de mots brumeux, de concepts flous, de pseudos raisons. On est sans cesse dans le maximum de flou
possible avant la perte de sens, dans le discours qui dit sans se dire, dans un souci permanent d’exclure le lecteur de ce qu’il lit, en essayant de le décourager de trouver un sens clair et partageable par tous.  »
« Ce qui ce conçois bien s’exprime clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément » disait Boileau dans son Art poétique. Qu’ on est loin de ce monde ouvert du sens offert et partagé!  Par contre, tout cela pourrait illustrer parfaitement la formule de Stendhal : «La parole a été donnée à l’homme pour cacher sa pensée. »

Le problème, c’est quand on refuse de se situer sur le terrain du réel-raisonnable, partageable par tous, c’est qu’on choisit l’arbitraire
de l’exclusion qui, toujours, est violence.

Mais comment essayer sortir de cet imbroglio pseudo conceptuel?
Esquissons une première piste.
Nous avons vu que la formule: « la Fédération nationale des coopératives laitières ne veut plus parler de « prix » du lait, mais de «valeur » du lait. » visait à évacuer la problématique centrale du « Prix du lait » en lui substituant une  improbable « valeur lait » – inévaluable.
Comme très souvent dans ce genre de raisonnement on introduit clandestinement un biais, un paralogisme. Ici que la valeur existerait-en-soi, indépendamment de toute évaluation et de toute attribution d’un prix.
Or c’est absurde car que serait la valeur d’un lait qui n’aurait pas de prix?  Dans le monde réel des échanges humains une chose qui n’a pas de prix n’a aucune valeur et quasiment aucun être. En fait, c’est l’évaluation, la construction d’un prix qui donne sa valeur concrète et réelle au lait, sa vrai valeur dans le champs  socio-économique.
Répétons-le bien: dans le champs socio-économique une chose sans prix n’a aucune valeur, c’est à peine une chose  car elle n’a pas de sens (dans ce champs).
 Non seulement la valeur n’existe pas indépendamment d’un prix mais c’est le prix qui constitue et octroie au lait une Vraie valeur, c’est à dire une valeur d’échange qui lui permet de circuler en tant que bien et objet  socio-économique . Sans prix pas d’échange possible donc pas de lait disponible socialement -  donc réellement.
Le vrai problème du lait, tant pour le producteur, le transformateur, le distributeur et le consommateur reste bien quel est son prix?
Un prix équitable construit de telle façon que tous les maillons de la filière soient traités avec un égal respect, une égale équité. Un prix qui permette à tout le monde de vivre dignement, sans que certains s’enrichissent indument sur le dos des autres.