tag:blogger.com,1999:blog-49256238933714560732024-02-02T20:21:23.500+00:00AUTOUR DE L'APLINouveau blog de l'association des producteurs de lait indépendants, APLI, ainsi que de FaireFrance, le lait équitable français. Ceci est un blog d'information & de réflexions.Unknownnoreply@blogger.comBlogger95125tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-67511282125450253022015-11-04T10:27:00.000+00:002015-11-04T10:27:20.168+00:00Étienne Chouard - Abus de langage et la « novlangue » <div style="text-align: center;">
....</div>
<div style="text-align: center;">
<iframe width="853" height="480" src="https://www.youtube.com/embed/xAwCMgEVYQw?rel=0" frameborder="0" allowfullscreen></iframe></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-48348325320322240742015-10-23T00:00:00.000+01:002015-11-04T10:16:04.851+00:00Étienne Chouard, la dette et la fin de l'État-providence.<div style="text-align: center;">
...</div>
<div style="text-align: center;">
<div style="text-align: center;">
...</div>
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<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="360" src="https://www.youtube.com/embed/G6BQIyhIIFU?rel=0" width="640"></iframe></div>
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-40917880864915684352015-09-02T09:22:00.000+01:002015-09-02T09:22:36.377+01:00Note crise laitière. Acte 3 par André PFLIMLIN. <div style="text-align: center;">
<a href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2015/07/ANDRE-PLIMIN.jpg"><img alt="ANDRE-PLIMIN" class="aligncenter size-full wp-image-16129" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2015/07/ANDRE-PLIMIN.jpg" height="229" width="179" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Calibri,serif;"><span style="font-size: medium;"><b>Crises laitières : Le Conseil des Ministres et le Parlement doivent exiger un changement de stratégie de la Commission André PFLIMLIN.</b></span></span></span></div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: Calibri,serif;"><span style="font-size: medium;"><b><br /></b></span></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">En pleine crise laitière, en 2015 comme en 2009, le discours reste le même à Bruxelles, à la Commission Européenne et au Copa–Cogeca, ou à Paris à la FNSEA. « Les perspectives de marché étant bonnes à long terme pour les produits animaux et l’Europe ayant un potentiel important de croissance laitière, nous devons produire plus et exporter plus» dit Phil Hogan, le Commissaire européen. « Il faut accélérer la modernisation et la concentration des exploitations d’élevage pour les rendre plus productives et plus compétitives», confirme le président de la FNSEA, également vice président du COPA (1) Outre les aléas d’une prévision à long terme, cette stratégie exportatrice pose question. Quelle sera la part des protéines animales dans l’alimentation des populations du Sud ? Quelles conséquences pour le développement des agricultures et l’élevage dans ces pays et sur les flux migratoires ? Quelles garanties pour nos éleveurs ? </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">Pour nos décideurs rêvant du grand export pour les prochaines décennies, la volatilité des prix mondiaux à court terme est devenue un aléa secondaire qu’il revient aux éleveurs d’anticiper en faisant des réserves en période de prix forts ou via les assurances privées. Ainsi, s’il y a bien des problèmes de trésorerie pour les éleveurs-cigales … « on ne doit pas parler de crise, ni de remise en cause de la politique laitière pilotée par le marché, et ce d’autant que l’on a un prix très raisonnable avec 300€ la tonne de lait» dit le Commissaire Phil Hogan. (1) </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"> <b>Cette affirmation témoigne</b> <b>d’une erreur de diagnostic sur 3 points majeurs qu’il est urgent de rectifier pour clarifier les causes de la crise laitière, avant de faire quelques propositions.</b></span></div>
<ol style="text-align: justify;">
<li><span style="color: black;"><span style="color: black;"><span style="font-family: Calibri,serif;"><b>La Commission avait parié sur un marché laitier mondial très porteur…</b></span></span><i> </i></span></li>
</ol>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">Le marché mondial des produits laitiers ne porte que sur 7% de la production totale soit 55 Mt. équivalent-lait (eq-lait) en 2013 et la progression de ce marché solvable est de<i> </i>l’ordre de 1.5 à 2 M t eq-lait /an . C’est principalement un marché de produits industriels standardisés, tels les poudres de lait donc très concurrentiels. Trois exportateurs fournissent plus de 70% du marché mondial <b>: </b>La Nouvelle Zélande (NZ)<b> </b>les Etats Unis (US) et l’Europe (UE) (2). Ils ont des modes de production très différents et plus ou moins sensibles aux aléas climatiques ou au prix des céréales. Une bonne ou une mauvaise année chez l’un des trois fait chuter ou flamber les prix mondiaux. Or en 2014 ce trio a produit un surplus de lait de 11 Mt dont plus de 6 Mt provenant de l’UE, par rapport à une croissance du marché mondial de moins de 2 Mt par an. </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">Pour la NZ qui exporte plus de 90% de sa production il s’agit d’un secteur prioritaire pour sa balance commerciale. Elle couvre à elle seule un tiers du marché mondial en poudres de lait et beurre et y impose ses prix. Fonterra «coopérative-multinationale» qui a le quasi-monopole de la collecte, de la transformation et des exportations pour la NZ, assure 75% des importations chinoises en poudre de lait. Aussi la compétition avec la poudre de lait NZ s’avère très difficile pour l’UE, comme nous l’avions écrit dès 2010(3) et confirmé dernièrement (14).</span></div>
<ol start="2" style="text-align: justify;">
<li><span style="color: black;"> <b>La Commission n’avait pas prévu ce nouveau contexte de surstocks et de prix déprimés...</b> </span></li>
</ol>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">La crise laitière de 2015 est d’abord le résultat logique et annoncé dès 2010 (3) de la dérégulation programmée par la Commission et validée parle Conseil de l'UE, même si des évènements extérieurs l’ont renforcée<i>.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">En 2014, année favorable à la fois, pour le prix du lait et pour la production de fourrages et de grains, la production laitière a augmenté simultanément et fortement en NZ, aux USA et en Europe ; provocant un surplus majeur sur le marché mondial. Mais tout le monde s’en réjouissait, notamment en Europe car le prix du lait était encore élevé. Or dès l’été 2014 la crise était non seulement prévisible mais déjà à notre porte (4). En août, l’embargo russe sur les produits laitiers a fermé un gros marché pour l’UE (2 Mt. Eq- lait par an). Et la Chine avait nettement réduit ses importations pour mieux protéger sa production laitière interne (5)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"> Or malgré ces deux signaux majeurs, l’Europe, après une courte pause début 2015, a continué à produire plus de lait qu’au printemps 2014 pourtant record, ceci malgré un prix du lait en baisse de 20 à 30%! Comme c’est aussi le cas, de façon plus modérée, aux Etats Unis et en NZ, les surstocks pèsent lourdement sur les cours mondiaux qui sont tombés au niveau de 2009 (6) Cette dépression vaut aussi pour d’autres matières premières, pétrole, céréales , oléagineux, sucre etc.., du fait d’une offre abondante face à un ralentissement de la croissance mondiale, notamment en Chine et au Brésil (7)</span></div>
<ol start="3" style="text-align: justify;">
<li><span style="color: black;"><b>La Commission n’a rien proposé pour corriger cette volatilité extrême du prix du lait.</b></span></li>
</ol>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"> Le paquet lait et le rééquilibrage des aides PAC en faveur du 2<sup>ème</sup> pilier, sont «des mesures pour temps de paix». Or la Commission a délibérément programmé la guerre du lait interne et externe, en mettant toute l’Europe en compétition avec les deux champions du marché laitier mondial, sans vérifier les règles du jeu de nos concurrents. Sans évaluer l’importance du dumping social et environnemental des très grands troupeaux laitiers de l’Ouest, gros contributeurs de poudre pour l’export. Et sans nouvelles mesures de sécurisation du revenu de nos éleveurs!</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">Fin 2014 la contractualisation entre éleveurs et laiteries, mesure phare du paquet lait, ne couvrait que 20% de la production et elle ne porte que sur les livraisons, sans garantie de prix. Comme le prix d’intervention officiel a été abaissé à 215€ la tonne d’eq-lait depuis 2007, bien en dessous du seuil de survie et non actualisé, il n’y a plus de filet de sécurité alors que le prix du lait est en chute libre !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">Aujourd’hui avec un prix du lait moyen à 300€ /t plus d’un éleveur européen sur deux travaille à perte, c'est-à-dire que non seulement il ne gagne rien pour nourrir sa famille(8) mais qu’il perd d’autant plus d’argent qu’il produit plus. C’est le cas des Danois : champions d’Europe pour leurs performances par vache et par travailleur mais derniers de la classe en terme de revenu depuis 10 ans du fait du surendettement. Les systèmes herbagers irlandais, avec des coûts de production proches du modèle NZ, peuvent mieux résister à ce prix «raisonnable» selon Phil Hogan…Mais ce lait étant principalement transformé en poudre, cela tire le prix du lait européen vers le prix mondial et contribue ainsi à éliminer les petits producteurs des régions laitières européennes moins favorisées.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>Mais la Commission continue d’être sourde aux critiques sur l’extrême volatilité du prix du lait et sur l’absence d’études d’impact de la fin des quotas sur les régions d’élevage des zones défavorisées ou de montagne.</b> Critiques de la Cour des Comptes et du Comité Economique et Social européen que la Commission avait déjà balayées en 2009-2010 au nom de la priorité au marché; critiques renouvelées par le Comité des Régions en 2013 et 2015 (9) et par le Parlement Européen(10) toujours sans réponses sur ce sujet sinon le renvoi au 2<sup>ème</sup> pilier et l’affirmation que la Commission disposait désormais des outils pour éviter une «nouvelle crise 2009 » (11)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
4 - <span style="color: black;"><b>A court terme, des mesures simples et communes à toute l’Europe:</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">Abandonnés par les politiques, poussées à faire du volume par leurs laiteries, combien de temps les éleveurs européens vont-ils continuer à produire à perte ? Certaines coopératives cherchent de nouvelles formes de contrats avec des prix garantis sur une part limitée de leur volume, pour sécuriser les producteurs les plus fragiles. Mais c’est bien au niveau européen qu’il faut intervenir rapidement, en s’appuyant sur les outils existants et sur la base de 4 propositions: </span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>a)Relever le prix d’intervention de 20 à 30% mais lier</b> <b>cette hausse</b> <b>à une réduction des livraisons </b>durant ces périodes de surplus.<b> </b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>b) Définir un indicateur d’alerte s’appuyant sur l’observatoire européen du marché laitier(</b>12<b>) </b>pour permettre aux politiques et à la Commission d’intervenir plus tôt pour limiter les crises.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>c)Garantir une marge pour les éleveurs laitiers européens en s’inspirant du Farm Bill américain</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"> Ce projet de garantie de marge laitière est réalisable rapidement à partir de l’index de marge brute trimestriel publié par la Commission (12)</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>d) Définir un dispositif de réduction des volumes en cas de surplus et de chute des prix</b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;">Deux propositions sont sur la table, l’une de Michel Dantin, député européen, l’autre de L’EMB, (13) toutes deux écartées par la Commission. Elles doivent être remises en débat !</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>A priori c’est la combinaison des 3 dernières proposition</b>s (b,c,d) qui mérite d’être étudiée et testée car elle semble opérationnelle à partir des outils existants; elle serait plus souple et sans doute moins coûteuse qu’un relèvement substantiel du seuil d’intervention.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>A moyen terme, un changement radical d’orientation </b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b><br /></b></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><span style="color: black;">Il ne s’agit pas de revenir aux quotas mais de remettre la vraie priorité sur la bonne valorisation de plus de 85% du lait (90% en valeur) sur notre marché interne, permettant de préserver des campagnes vivantes et attractives pour plus de 500 millions de citoyens-consommateurs. Et pour la modeste part de l’export vers les pays tiers(14) il faudra mieux définir nos produits, avec davantage de fromages et moins de poudres, et nos cibles avec un partenariat renforcé avec nos voisins du sud de la Méditerranée. Or, sous la direction de la Commission et avec le soutien du COPA et de l’agro-industrie, l’Europe a trop misé sur le grand export de produits industriels, avec les dégâts que l’on voit aujourd’hui. </span><b>Et la Commission poursuit sa fuite en avant vers un marché mondial utopique, via les accords de libre échange tout azimut</b>, avec Le Canada, les Etats Unis, l’Amérique du Sud, l’Afrique de l’Ouest, le Vietnam<b>…</b>aux dépens de la cohésion de l’Union européenne! <span style="color: black;">Et au mépris de la souveraineté alimentaire des pays d’Afrique et d’ailleurs. </span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><span style="color: black;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><span style="color: black;"><b>Au niveau des instances européennes</b></span><span style="color: black;">, il est urgent de changer de cap. C’est de la responsabilité du Conseil des Ministres de décider des choix stratégiques. Mais c’est au Parlement Européen élu démocratiquement qu’il revient de reprendre la main face à l’omnipotence de la Commission(15)</span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><span style="color: black;"><br /></span></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>Au niveau national</b></span><span style="color: black;">, c’est aussi la constitution de grandes OP régionales ou de bassin, qui peut renforcer le pouvoir de négociation des producteurs quant à la répartition des marges au sein de la filière, en privilégiant le débat plutôt que les manifestations violentes devant les laiteries ou les supermarchés, comme en France cet été. Mais sans régulation au niveau européen les éleveurs resteront la variable d’ajustement des prix mondiaux de plus en plus volatils, même avec une meilleure répartition des marges.</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><br /></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><b>Au niveau de la ferme</b></span><span style="color: black;">, ce nouveau cadre plus sécurisé devrait permettre une réorientation vers des systèmes de production plus autonomes, plus herbagers, comme alternative crédible à la course au volume et à l’industrialisation, grâce à une meilleure valorisation du lait par des produits régionaux et une meilleure rémunération des services environnementaux qui sont aussi des </span><span style="color: black;"><b>biens publics</b></span><span style="color: black;"> associés à ces modes de production</span><span style="color: black;"><i>.</i></span></div>
<div style="text-align: justify;">
<span style="color: black;"><i><br /></i></span></div>
<span style="color: black;"><span style="font-family: Verdana,serif;"><span style="font-size: xx-small;"><b>André Pflimlin. 1. 9. 2015 </b></span></span></span><span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span style="font-size: xx-small;">afpflimlin@yahoo.fr. </span>Auteur de : *</span><span style="font-size: small;"><i><b>Europe laitière</b></i></span><span style="font-size: small;"><i>, valoriser tous les territoires pour construire l’avenir ; </i></span><span style="font-size: small;">Editions France Agricole 2010. Ancien ingénieur à l’Institut de l’Élevage. Expert Lait auprès du Comité des Régions à Bruxelles.</span></span>
<span style="color: black;"><b>Notes et références </b></span>
<br />
<ol>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">Agra Presse du 31 8 2015</span></span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">Marchés mondiaux DEE 458 Institut de l’Elevage, Juin 2015</span></span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">Europe laitière, A Pflimlin</span><span style="font-size: small;"><i>; </i></span><span style="font-size: small;">Editions France Agricole 2010</span></span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">Alerte rouge sur l’Europe laitière? A. Pflimlin 16 09 2014 2 p. </span></span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">Crise laitière : mirages et réalités </span><span style="font-size: small;">? A. Pflimlin 7. 8. 2015, 8p. </span></span></li>
<li><span style="color: black;"> <span style="font-size: small;">Global Dairy Trade NZ est la référence pour les cours mondiaux des produits laitiers et fonctionne comme un marché au cadran. Les cotations ont été continuellement à la baisse de mars à aout 2015 à l’exception du 18 aout ou Fonterra avait réduit son offre de 30%.</span></span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">Cyclope; Marchés Mondiaux 2015, Ph. Chalmin Ed Economica</span></span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">D’après les études de l’EMB le cout de production moyen en Allemagne et en France est estimé à 400 € la tonne pour les 2 pays, rémunération du travail familial incluse et aides laitières déduites. L’Institut de l’Elevage estime que le point mort, c.a.d. les coûts de production hors travail familial ,se situe à 300€ la tonne en FR et en DE , à 390 au DK et 250 en IE ( C Perrot , journée CEREL 25 6 2015)</span></span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">L’avenir du secteur laitier, Avis du Comité des Régions, R. Souchon 16 04 2015</span></span></li>
<li><span style="color: black;"> <span style="font-size: small;">Rapport sur la mise en œuvre du «paquet lait» J. Nicholson, Parlement Européen, 7 07 2015</span></span></li>
<li><span style="font-size: small;">Entretien de René Souchon avec Luis Carazo Jimenez DG AGRI mars 2013</span></li>
<li><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">www.European Milk Market Observatory </span></span></li>
<li><span style="color: black;"><a href="http://www.europeanmilkboard.org/"><span style="font-size: small;">www.europeanmilkboard.org</span></a><span style="color: black;"><span style="font-size: small;">, </span></span></span></li>
<li><span style="font-size: small;">Le marché laitier mondial est un piège pour les éleveurs et un pari fatal pour l’UE. A Pflimlin </span></li>
</ol>
<span style="font-size: small;">13 07 2015 10p.</span>
<span style="font-size: small;">15. Prospects for EU Agriculture markets and income 2014 -2024 MMO GD AGRI dec. 2014</span>
<span style="font-size: small;">16. L’alerte anti Europe pourrait être salutaire ? A Pflimlin, Forum & Débats ; La Croix 23 06 2014</span>
<br />
<div lang="fr-FR">
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0Paris, France48.856614 2.352221900000017748.6894645 2.0294984000000178 49.0237635 2.6749454000000177tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-86076902534097201262015-09-01T09:01:00.001+01:002015-09-01T09:02:06.091+01:00LES "COMMUNS".<div style="text-align: center;">
<iframe width="900" height="3600" src="https://regulation.revues.org/10452" frameborder="0" ></iframe>
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-81019485945240509042015-08-26T09:09:00.001+01:002015-08-26T09:10:19.213+01:00Melinda Saint-Louis: «Le traité transatlantique ne profitera qu’aux 1%».<h4 style="clear: both; text-align: justify;">
Melinda Saint-Louis est directrice des campagnes internationales de
Public Citizen, une organisation américaine qui s’oppose à la signature
du traité transatlantique de libre-échange. Interrogée par Infolibre,
elle estime que ce traité ne profitera qu’aux « 1% », soit à la seule
élite économique européo-américaine.</h4>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_490759/_19133417558a7fcd5a7b0k_131cbcd8.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_490759/_19133417558a7fcd5a7b0k_131cbcd8.jpg" /></a></div>
<br />
<div style="text-align: justify;">
Melinda Saint-Louis est directrice des campagnes internationales de<a class="external" href="https://www.citizen.org/Page.aspx?pid=183" target="_blank"> Public Citizen, une organisation américaine</a> qui défend les consommateurs et s’oppose clairement à la signature du traité transatlantique de commerce et d’investissement (<a href="http://www.mediapart.fr/journal/economie/dossier/europe-usa-tout-sur-laccord-transatlantique">TTIP</a> dans
le jargon bruxellois, ou TAFTA pour ses adversaires), entre l’Union
européenne et les États-Unis. Elle a participé à des conférences
organisées par le groupe Greens/EFA dans le cadre du Parlement européen.
Infolibre, partenaire éditorial de Mediapart en Espagne, a eu
l’opportunité de recueillir son point de vue sur un traité que l’experte
n’annonce bénéfique qu’aux « 1% », soit à la seule élite économique
européo-américaine.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<b>Les États de l’Union européenne traitent très différemment le
TTIP. Certains en ont fait un vrai débat public. D’autres, au contraire,
ont presque essayé de cacher son existence à leur population. Aux
États-Unis, quelle place occupe le TTIP dans le débat public ?</b><br />
<br />
En ce moment, le pays est davantage en proie à un débat sur le TTP,
partenariat dit transpacifique, que le gouvernement est en train de
négocier avec le Japon, l’Australie, la Malaisie et le Viêtnam. Les
Américains sont très préoccupés par la disparition de postes de travail
sur le sol national qu’est susceptible d’entraîner la signature de
l’accord. Les standards de travail sont, en effet, bien plus bas au
Viêtnam qu’aux États-Unis. Je crois que cette préoccupation quant aux
dangers du TTP nourrit en même temps la lutte contre le TTIP, dont la
signature est encore plus proche quoiqu’il soit moins présent dans le
débat public.<br />
<br />
<b>Le TTIP est donc quand même l’objet d’un débat aux États-Unis…</b><b> </b><br />
<b><br /></b>
Oui, depuis plus de six mois déjà. Le débat se concentre notamment sur l’ISDS <i>[tribunal d’arbitrage très conversé entre les investisseurs et les États]</i>
et les normes de protection des aliments. Une vaste campagne avait été
lancée contre le mécanisme de législation « fast track », qu’a réussi à
mettre en place le président Barack Obama. Par ce mécanisme, la
signature de l’accord est facilitée, car le président n’aura plus qu’à
le signer lui-même avant de le présenter au Congrès. La société civile
s’est pourtant majoritairement opposée au « fast track », ainsi que les
membres du Parti démocrate lui-même, pour qui le TTIP ne favorise que
les grandes entreprises.<br />
<br />
<b>En Europe, les entreprises étant soumises à une régulation plus
stricte qu’aux États-Unis, pensez-vous que le TTIP leur sera moins
bénéfique qu’à leurs consœurs américaines ? </b><br />
<br />
<div style="text-align: justify;">
</div>
Aux États-Unis, les entreprises ont davantage recours aux ISDS
qu’ailleurs dans le monde. Des entreprises très litigieuses, notamment,
ont l’habitude d’utiliser ce mécanisme juridique pour en tirer des
bénéfices. L’Europe a donc de quoi se montrer inquiète : la signature du
TTIP risque de donner beaucoup de pouvoir aux 47 000 entreprises
américaines sur le territoire européen.<br />
<br />
En même temps les grandes entreprises européennes ont autant soutenu
ce projet que les américaines. Depuis les années 1990, d’un côté de
l’Atlantique comme de l’autre, les grandes entreprises le promeuvent
corps et âme ! Business Europe et la Chambre de commerce (les
organisations patronales européennes et américaines) ont toutes les deux
soutenu le TTIP.<br />
<br />
<br />
L’Europe n’est pas la seule inquiète. Aux États-Unis, par exemple,
nous craignons que les grandes banques européennes essaient d’utiliser
le TTIP pour réduire le peu, trop peu, de réglementation financière que
nous avons, difficilement, réussi à imposer suite à la crise économique.
Je vois donc moins cet accord comme une lutte entre les sociétés
américaines et européennes, que comme un traité qui ne bénéficiera, des
deux côtés de l’Atlantique, qu’aux « 1% », soit à la seule élite
économique. Un traité qui augmentera l’inégalité entre ceux qui ont tout
et ceux qui n’ont rien.<br />
<br />
<b>Quels effets pourraient avoir le TTIP sur le consommateur américain ?</b><br />
<b><br /></b>
Les Américains ont très peur que le TTIP ne dérégule à nouveau, ou
devrais-je dire, encore plus, le système financier. De nombreuses
personnes ont perdu leur maison ou leur travail à cause de la crise
financière et de la façon dont Wall Street et les banques ont jonglé
avec la finance. Pour l’instant, nous n’avons pas encore obtenu la
réglementation dont le pays a vraiment besoin. Et si le TTIP vient fixer
des limites à ce que nous espérions pouvoir réaliser dans l’avenir… La
stabilité financière est très précaire : cela pourrait conduire à une
nouvelle crise.<br />
<br />
La réglementation concernant la nourriture et les produits chimiques
est bien meilleure en Europe qu’aux États-Unis, bien que plusieurs États
américains se battent pour l’améliorer. Le gouvernement de Californie,
par exemple, essaie de réglementer ces deux secteurs ; mais le TTIP
risque de réduire sa capacité décisionnelle en la matière.<br />
<br />
<b>Faites-vous allusion au principe de « coopération réglementaire » inclus dans l’accord ?</b><br />
La coopération alimentaire soulève de nombreuses inquiétudes. Il y a aussi d’autres préoccupations. Aux États-Unis, il y a une politique très populaire, à droite comme à gauche, qui est connue sous le nom de <i>Buy America </i>ou<i> Buy Local</i>.
Cette politique vise à réinvestir les impôts des contribuables dans les
emplois locaux grâce aux achats publics. Et ainsi à donner la
préférence à certaines entreprises locales.<br />
<br />
<br />
La Commission européenne juge cette politique discriminante et
voudrait que les États-Unis ouvrent entièrement leurs portes aux
entreprises étrangères. Alors qu’une des solutions pour sortir de
la récession consiste à privilégier, protéger et investir dans l’emploi
local, le TTIP risque de nous y remettre en plein dedans !<br />
<br />
<b>Vous assurez que l’argument clef qu’a trouvé Obama pour faire passer le TTIP, c’est qu’il serait utile à la sécurité nationale…</b><br />
<b><br /></b>
Oui, c’est en effet un argument purement rhétorique, mais je dois
admettre qu’il a un certain impact sur la population. Le gouvernement
sait très bien qu’il n’arrivera pas à vendre le TTIP avec des arguments
économiques. Surtout quand on voit que dans le meilleur des cas, le TTIP
se traduira par une croissance de 0,2 % au maximum.<br />
<br />
Question traités de libre-échange, les États-Unis tiennent sûrement
le haut du panier, on en a une palanquée. Ils ont presque tous nui à la
majorité de la population, pour favoriser une toute petite minorité. Les
gens ne croient plus à ces grands projets. L’ALENA (accord de
libre-échange signé en 1994 entre les États-Unis, le Canada et le
Mexique) a fait disparaître 1 million d’emplois au lieu des 200 000
qu’il aurait dû créer.<br />
La population est donc sceptique, elle voudrait
un autre argument : alors le gouvernement explique que le TTIP est un
moyen de s’allier à l’Europe contre la Russie !<br />
<br />
<div class="right">
<i>* L'article a été publié le 10 juillet 2015 dans le journal infoLibre, partenaire de Mediapart.</i></div>
<br />
<div class="right">
Traduit par <b>Irene Casado Sánchez</b></div>
Unknownnoreply@blogger.com0Madrid, Madrid, Espagne40.4167754 -3.703790199999957640.0300434 -4.3492371999999575 40.8035074 -3.0583431999999577tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-29151081404194854072015-08-10T07:54:00.001+01:002015-08-10T07:57:45.090+01:00Crise laitière 2015: mirages et réalités par André Pflimlin.<b> </b>
<br />
<div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYZwggX3GUCTTdQfAUntQSZHPxNJ7AIufMGyPDiAGNuTIhwqIHJ7ixKq-ZHuhIjZQRtjpuyuN5BJURKJbFKDKwP2N5NLVucaFAKCjz8UXDikH6tXYxYPkqfvz_fjFlzvKgjIKqGye3_zx3/s1600/ANDRE-PLIMIN.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhYZwggX3GUCTTdQfAUntQSZHPxNJ7AIufMGyPDiAGNuTIhwqIHJ7ixKq-ZHuhIjZQRtjpuyuN5BJURKJbFKDKwP2N5NLVucaFAKCjz8UXDikH6tXYxYPkqfvz_fjFlzvKgjIKqGye3_zx3/s1600/ANDRE-PLIMIN.jpg" /></a></div>
<h2 style="text-align: justify;">
<b><br /></b></h2>
<h2 style="text-align: justify;">
<b>Résumé</b></h2>
<div style="text-align: justify;">
<i>L’annonce largement médiatisée d’un prix du lait à la ferme à 340€ minimum la tonne en France à partir du mois d’août apparait complètement invraisemblable dans un marché européen ouvert, alors que les cours mondiaux sont tombés en dessous de 200€ la tonne ! Sans changement de cap à Bruxelles, le prix du lait va continuer à baisser dans les prochains mois, malgré les protestations des éleveurs. Car, bien plus que la répartition des marges au sein de la filière et que l’embargo russe, c’est la politique laitière européenne pilotée par la Commission qui est directement en cause. Cette dernière a fait le pari de l’ouverture et de l’alignement du prix du lait sur celui du marché mondial jugé porteur. Elle a aussi abandonné la gestion du marché aux transformateurs et encouragé le grand export. Tout ceci, sans aucune garantie de revenu pour les producteurs, sans se soucier concrètement ni de la course à l’industrialisation, ni de l’accroissement des inégalités entre les régions. Et elle a ignoré superbement les mises en garde de nombreuses instances européennes. Cette crise laitière ou plutôt cette guerre du lait interne et externe, était inéluctable. Elle est le résultat logique du mirage du grand export, mirage dénoncé dès 2010 dans <b>l’Europe laitière</b>* et actualisé dans une note précédente (8)</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> </i><i>Il ne s’agit pas pour autant de se replier sur l’hexagone ou sur le pré-carré européen mais de remettre la vraie priorité sur l’Europe, sur la bonne valorisation des 85-90% du lait sur notre marché interné, permettant de préserver des campagnes vivantes et attractives pour plus de 500 millions de citoyens-consommateurs. Et pour la modeste part de l’export vers les pays tiers, il faudra mieux définir nos cibles et nos produits, notamment avec nos voisins du sud de la Méditerranée.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Mais c’est aux politiques de redéfinir ce nouveau cadre, en remettant à sa vraie place ce grand export spéculatif et destructeur de nos campagnes. En exigeant de la Commission, l’étude et la mise en place de toute urgence, d’outils de préservation du revenu des éleveurs tels ceux existant aux Etats unis ou ailleurs. Et sachant que le relèvement du prix d’intervention ne peut être qu’un geste temporaire et coûteux s’il n’est pas assorti d’un ajustement de l’offre.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> En fait, c’est la combinaison d’une garantie de marge pour les éleveurs et d’un réajustement dynamique des volumes selon l’évolution du marché qu’il convient d’étudier rapidement pour une mise en œuvre au niveau de l’Union. Il y a plusieurs propositions sur la table.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Au niveau français c’est aussi la constitution d’OP horizontales, de bassin, qui peut donner un réel pouvoir de négociation aux producteurs, en privilégiant le débat plutôt que les manifestations devant les laiteries ou dans les supermarchés. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Au niveau de la ferme, ces nouveaux outils devraient permettre une réorientation vers des systèmes de production plus autonomes, plus herbagers, refusant l’industrialisation et la course au volume, grâce à une meilleure valorisation du lait vers des produits régionaux et des services environnementaux, autrement dit vers les biens publics associés à ces modes de production mais encore trop peu rémunérés.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Préliminaires </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
</div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b>Tout semble à nouveau possible, le meilleur et le pire ! Le 24 Juillet, veille des grandes migrations estivales, lors de la rencontre des différents acteurs de la filière laitière avec le ministre de l’Agriculture, un accord aurait été trouvé pour que le prix minimum du lait en France soit de 340€ la tonne à partir du mois d’août et jusqu’à fin 2015 ! Une éclaircie bienvenue dans un ciel bien sombre pour les producteurs. Cependant, les communiqués de presse relatifs à cette déclaration montrent des interprétations très diverses, voire divergentes (1)</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
A l’autre bout de la planète en Nouvelle Zélande, le cours de la poudre de lait écrémé est descendu à 1300€ la tonne lors des dernières cotations [GDT du 4 août (2)] avec une nouvelle chute de 14,5% faisant suite à une dizaine de baisses successives depuis mars 2015. Le prix du beurre étant descendu à 2100€ la tonne, cela donnerait un prix en équivalent lait autour de 160€ la tonne ! Même si les variations du prix du lait européen sont plus tamponnées que celles des produits industriels du marché mondial, la pression à la baisse va encore se renforcer pour les prochains mois.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Du coup on pourrait espérer que de nouvelles propositions, plus réalistes qu’un prix garanti par Paris, plus durables et généralisables à l’ensemble de l’Union, soient enfin examinées par les pouvoirs publics nationaux et surtout par les instances européennes, avant que la situation ne devienne incontrôlable dans une majorité de pays de l’UE. Car l’offre de produits laitiers sur le marché mondial reste supérieure à la demande, les stocks sont très élevés, les prix mondiaux de la poudre de lait et du beurre sont au plus bas depuis 10 ans. Donc, sauf accident climatique majeur (3) il n’y a pas de perspective d’amélioration du prix du lait avant 2016, l’exception française semblant d’autant plus surprenante !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Un mirage en France, avec un prix du lait minimum à 34 centimes par kg ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Que signifie ce prix minimum de 340€ la tonne à partir d’août 2015, pour la France, soit + 40€ /t sachant que nous avions eu un prix moyen de l’ordre de 300€ la tonne sur avril et mai ? La revalorisation envisagée porterait sur les produits frais et certains fromages sous marques MDD représentant environ le quart de la production transformée. Or même avec un prix objectif à 360€ la tonne pour cette fraction, on est loin du compte pour faire les 340€ sur l’ensemble de la collecte. La déception sera rude dès la paie de lait du mois d’août; ce d’autant plus que ces 340€/t. «promis» sont déjà très loin de couvrir les coûts de production pour la plupart des éleveurs (4)</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Par ailleurs, les cours des poudres et du beurre [GDT/ NZ (2)] ont encore fortement baissé sur juillet et début aout, et cette baisse ne s’est pas encore répercutée sur les cours européens pour ces même produits. Le prix du lait à la ferme devrait donc continuer à baisser en Europe, chez nos voisins allemands et belges notamment, qui approvisionnaient déjà très largement nos supermarchés en lait UHT depuis ce printemps (+ 60% d’importation en mars-avril (5).</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La FNPL annonce que les distributeurs se sont engagés à ne mettre en rayon que des produits français et qu’elle y veillera ! Même si certains patrons de la grande distribution dont Auchan ont fait des promesses dans ce sens, comment vont-ils concrétiser leur annonce et boycotter le lait allemand malgré un différentiel de prix qui était déjà sensible ce printemps et qui va s’amplifier si le prix du lait en France passait à 340€ alors qu’il continuerait à baisser en Allemagne ! La laiterie MUH bien connue par nos centrales d’achat, était à 280€ la tonne en avril – mai et devrait annoncer une nouvelle baisse pour août à 270€ voire moins. Car ARLA qui a racheté la MUH, a déjà annoncé cette « bonne nouvelle» en Angleterre.(6) Peut on ainsi décréter un prix du lait minimum garanti en France, un pays fondateur de l’UE dans un marché européen unique avec des volumes d’échanges considérables entre pays de l’Union ( plus du tiers de la production en France et en Allemagne) et avec une Direction de la Concurrence à Bruxelles qui veille au grain ? Dans le cadre européen actuel, le blocage des camions à la frontière ou le vidage des rayons de lait «étrangers» des supermarchés ne seront tolérables, ni par les Etats, ni par Bruxelles. Certes le consommateur doit pouvoir exercer son choix préférentiel pour des produits régionaux ou nationaux dans chaque pays mais ce n’est certainement pas à un syndicat, majoritaire ou pas, de l’imposer.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Les ministres de l’agriculture se retrouveront dès le 7 septembre pour parler de cette crise de l’élevage, bien au-delà du lait</b> et de la prolongation de l’embargo russe. Ce même jour il y aura aussi de nombreux éleveurs dans les rues de Bruxelles. Même le COPA, qui regroupe le syndicalisme majoritaire dont la FNSEA, et qui a largement cautionné le démantèlement de la PAC et la dérégulation du marché laitier européen au profit du marché mondial, vient de lancer un appel pour une grande manifestation sous les fenêtres du conseil des ministres. (7) Pour faire oublier ses complaisances envers -voire sa cogestion avec- la Commission ; pour camoufler ses liens trop étroits avec l’agro-industrie pourtant officialisés par le mariage avec la COGECA ; pour revendiquer une nième aide exceptionnelle ou pour proposer une vraie réforme ?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>C’est effectivement le bon moment pour rediscuter de réforme de la politique laitière. </b></div>
<div style="text-align: justify;">
Les<b> </b>propositions, peu audibles en 2009, se sont affinées et semblent plus recevables aujourd’hui par de nombreux pays de l’UE et donc par les instances dirigeantes de l’Union: le Conseil, le Parlement et même la Commission !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Certes, la Commission est restée ferme sur sa stratégie d’exportation et de libre échange tout azimut, oubliant les principes fondateurs de la PAC pourtant repris dans le traité de Lisbonne, et abandonnant toutes les protections des producteurs et des consommateurs européens. Cela s’est traduit notamment par :</div>
<div style="text-align: justify;">
- une gestion mécanique de sortie de quotas sans garantie de revenu pour les éleveurs et sans mesures concrètes pour maintenir le lait dans les régions défavorisées souvent les plus herbagères.</div>
<div style="text-align: justify;">
- une course aux accords bilatéraux suicidaire pour l’Union Européenne puisque ces accords de libre échange vont transférer le vrai pouvoir aux multinationales aux dépens de la souveraineté des pays et de l’Union.(8)</div>
<div style="text-align: justify;">
Le président Junker en prenant ses fonctions à la tête de la Commission a dit que c’était <b><i>le mandat de la dernière chance !</i></b> Les derniers évènements, les impasses ou mauvaises solutions apportées aux problèmes des migrants comme à ceux de la Grèce confirment cette fin de règne avec un retour en force des égoïsmes nationaux décomplexés! Mais il ne faut pas désespérer, puisqu’il y a de vraies solutions, dans le secteur laitier comme même dans d’autres…A condition de tirer rapidement les bonnes leçons des erreurs du passé et d’un contexte mondial déprimé.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> Un contexte mondial de surabondance donc des prix déprimés à court et moyen terme.</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b> Plutôt que de fantasmer sur la demande mondiale à long terme, sur un manque de lait en 2030 correspondant à près de la moitié de la production européenne (AG Sodiaal 2015) et bien plus encore en 2050 (FAO 2006) il semble plus urgent d’assurer la survie des producteurs de lait européens à court et moyen terme.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Or le contexte mondial a changé depuis un an : la demande solvable s’est rétrécie alors que l’offre s’est renforcée et ce pour la plupart des matières premières. (Chalmin, Cyclope 2015)</div>
<div style="text-align: justify;">
- Le prix du pétrole a baissé de près de moitié et ce prix devrait rester faible pour quelques années. Des investissements nord américains considérables ont été réalisés dans l’extraction des sables et schistes bitumineux, ainsi que les gaz de schiste depuis une dizaine d’années. Les Etats Unis vont redevenir autosuffisants en pétrole et carburants. Ils n’auraient plus besoin du maïs-éthanol sauf comme adjuvant non polluant. L’accord avec l’Iran va aussi relancer les exportations de ce pays. Inversement, les recettes des pays pétroliers étant en baisse, il en va de même pour leurs importations, même pour l’alimentaire.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- Les récoltes de céréales et graines à huile ont été particulièrement abondantes en 2014 et s’annoncent bonnes pour 2015, alors que là aussi la demande solvable mondiale est molle.</div>
<div style="text-align: justify;">
Si les Etats Unis réduisaient la production d’éthanol -captant 40% de leur production de maïs- ils mettraient un nouveau surplus de grain sur le marché, faisant chuter les cours.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Le cours du sucre et des céréales suit aussi celui du pétrole depuis une dizaine d’année du fait du lien avec l’éthanol de maïs ou de canne comme carburant</div>
<div style="text-align: justify;">
- Parallèlement certains pays émergeants sont en difficulté ou en panne, le Brésil et la Russie notamment. La Chine connait un ralentissement de sa croissance qui pèse sur toutes ses importations dont le pétrole, le fer, et le lait…Elle investit aussi dans les très grands troupeaux. Inversement, l’Inde est autosuffisante en lait avec une croissance de la production de 4 à 5% par an, faite par 80 millions de micro-producteurs, souvent avec une à deux bufflonnes!</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le <b><i>mirage chinois</i></b> s’estompant, l’Europe lorgne vers les nouveaux « tigres » d’Afrique : le Nigeria, le Soudan, l’Ethiopie etc… qui affichent une croissance de plus de 5% sur plusieurs années. Mais ces pays sont aussi les champions de l’inégalité, de l’insécurité et de la corruption. Ils ont aussi une population agricole très importante qui serait mise en danger par nos exportations accrues de poudre de lait via les accords de partenariats en cours de ratification (9)</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
- Il semblerait bien plus raisonnable de privilégier des accords de partenariats avec les pays voisins du sud de la Méditerranée qui sont déjà nos principaux clients et dont la plupart sont structurellement en manque de terre et d’eau pour développer la production laitière comme proposé dans une note précédente. (8)</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><i> Mais cela demandera du temps, de la volonté et de la diplomatie pour une gestion politique sereine de ces accords.</i></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><i><br /></i></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><i> </i> Retour à Bruxelles avec quelques propositions pour mieux gérer ce moyen terme</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b>Nous avions aussi démontré dans cette note (8) que l’ouverture du marché européen au marché mondial se traduisait par une volatilité du prix du lait qui peut varier du simple au double en l’espace d’un an. Cette volatilité est incompatible avec le développement d’une production laitière nécessitant des investissements lourds à 20 -30ans. C’est pourquoi la plupart des pays protègent leur marché laitier et leurs producteurs, la Nouvelle Zélande étant l’exception qui confirme la règle.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En Europe et en France tout particulièrement, malgré la réalité de la crise, la transformation continue de rêver au grand export comme le montrent les enquêtes et témoignages rassemblés dans le dernier numéro de la Revue laitière Française (5) Et malgré de beaux discours sur la diversité de nos régions et de nos produits, la majorité des investissements iront encore aux tours de séchage, là aussi un investissement pour 20-30ans ! Et ce sont principalement les Coop. Laitières qui font ce pari au nom des éleveurs. Or en France nous avons déjà un mix-produit avec une part de poudre très supérieure à celle de l’Allemagne et nos Coop vont encore renforcer ce ratio. Pendant ce temps, l’Allemagne a développé une production fromagère, peut être plus standards mais supérieure en volume à celle de la France et s’installe solidement sur le marché interne européen. En 2013 les exportations de produits laitiers sur le marché européen ont été de 8 Mrds € pour l’Allemagne contre 4,5 pour la France.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Aujourd’hui, le prix du lait en Allemagne suit plus rapidement celui du marché mondial qu’en France. Demain avec encore plus de poudre dans notre mix-produit ce sera l’inverse! On l’aura cherché ?</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais au-delà de nos divergences de stratégies de laiteries, les producteurs allemands ont des coûts de productions élevés (4) proches des ceux des producteurs français. Avec un prix à moins de 300€ ils ne couvrent plus leurs charges incompressibles et recherchent aussi de nouveaux outils pour sécuriser leur revenu. Dans les pays de l’Est, suite à l’embargo russe, le prix du lait est tombé au niveau, voire en dessous du prix d’intervention, à 215-220€ / t. Il y a donc de nombreux pays qui réalisent que ni la PAC ni le paquet lait ne permettent à leurs éleveurs de survivre face à ce type de crise. Bousculant l’inertie de la Commission, Stéphane le Foll et les autres ministres de l’agriculture ont décidé d’en débattre dès le 7 septembre. Mais sur quoi porteront ces débats ? Deux mesures pourraient faire consensus assez facilement, sans régler les vrais problèmes pour autant : le report des pénalités pour dépassement de quotas qui concerne la plupart des Etats du Nord Ouest sauf le RU et le relèvement du seuil d’intervention.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>1 . Relever de suite le prix d’intervention : une fausse bonne solution. </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce prix d’intervention à été abaissé à à 215- 220€ / tonne eq-lait depuis 2007 et non modifié depuis. A ce niveau il ne s’agit plus d’un filet de sécurité puisque largement en dessous du prix de survie de la très grande majorité des producteurs européens. L’une des revendications qui fait largement consensus serait de relever ce prix d’intervention et de l’actualiser périodiquement en fonction des coûts de production car aujourd’hui ce seuil n’a plus aucune signification économique (CDR 2013, 2015, PE 2015,)(10,11) Cependant la Commission prétend que ce n’est pas une bonne option car toujours insatisfaisante pour une majorité de producteurs voire de pays et surtout coûteuse pour le budget UE si l’on relève le seuil de façon significative.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’argument mérite attention vu la diversité des systèmes laitiers, des coûts de production et des prix réels payés ces dernières années Mais il serait plus recevable si la Commission avait fait des estimations de coûts avec différents seuils et présenté les pays bénéficiaires ou pas ...sur la dernière décennie. En fait dès 2007 la Commission avait parié sur un marché laitier mondial porteur et des prix assez élevés pour ne plus avoir à recourir à l’intervention. Celle-ci a cependant du être activée lors de la crise laitière en 2009, sous la pression du conseil des ministres mais sans modification du seuil.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce prix d’intervention se décompose en deux parties : la poudre de lait écrémé (PLE) dont le prix d’intervention est 1678€ / t et le beurre à 2800€ /t Or les dernières cotations UE de ces deux produits se rapprochent des prix d’intervention. la PLE était à 1750€/t et le beurre en dessous de 3000€ / t au 22/ 07 /2015. Et les cotations en NZ ont fortement baissé pour ces deux produits depuis début juillet mettant la PLE à 1300 € et le beurre à 2100 € /t. Donc on est tout près du seuil permettant de faire jouer l’intervention et le stockage public. La Commission a effectivement lancé la mécanique dès la fin juillet. Mais à ce niveau de prix on ne peut pas espérer faire remonter le prix du lait à la ferme de façon significative.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Inversement, remonter le seuil de façon significative, de 20% par exemple pour mettre le seuil à 2000€ / t. pour la poudre de lait et le prix du lait à 265€ /t eq lait temporairement permettrait de sortir du marché européen un tonnage suffisant de poudre et de beurre pour faire remonter les cours de l’ensemble des produits, en attendant la mise en place de nouvelles mesures mieux adaptées et plus pérennes. Un seuil plus élevé serait plus satisfaisant pour les producteurs par rapport à leurs coûts de production mais coûterait plus cher au budget européen. De toute façon, c’est à la Commission de chiffrer les coûts de différents seuils et les modalités (volumes et durée) pour permettre aux politiques de choisir en connaissance de cause.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais relever le seuil de façon significative sans maîtrise des volumes serait un retour aux mécanismes d’avant les quotas qui se sont traduits par des montagnes de beurre et poudres</div>
<div style="text-align: justify;">
et des dérapages budgétaires considérables … justifiant la mise place des quotas en 1984 !</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C’est pourquoi, à la demande de plusieurs syndicats,<b> il faudrait lier le relèvement de prix d’intervention à une réduction obligatoire de la production durant ces périodes de surplus </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> 2. Une proposition plus durable: une garantie de marge et une régulation souple des volumes </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
La volatilité du prix du lait en Europe n’est pas une fatalité ; elle est le résultat d’un choix politique d’alignement des prix internes sur les cours du marché mondial beurre- poudre alors que l’essentiel du lait européen est bien mieux valorisé sur le marché interne . De plus ce marché mondial étant marginal en volume, dépendant principalement de trois fournisseurs et soumis à leurs aléas climatiques et fonctionnant sans stocks publics de régulation il est évidemment très volatil.(8)</div>
<div style="text-align: justify;">
La plupart des agro-économistes européens et nationaux (12) ont très vite admis que «Bruxelles» ne reviendra pas sur les décisions de 2003 de libéraliser le secteur laitier<b>. </b>Par conséquent ils se limitent à ressortir des recettes classiques sans croire eux même à leur efficacité pour le secteur laitier : le marché à terme, les assurances privées, le lissage des impôts, l’épargne volontaire … De fait ils admettent la primauté du marché mondial et ne peuvent proposer que des sparadraps pour atténuer les petits coups pour les plus solides; tant pis pour les autres. Le «paquet lait » ne peut pas plus, apporter de garantie de prix et de revenu dans un contexte de concurrence folle, d’exacerbation des égoïsmes régionaux et nationaux, de guerre du lait de tous contre tous.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Certes les transformateurs et les distributeurs s’en sortent bien mieux que les producteurs. Ces derniers ont de très bonnes raisons de revendiquer une plus large part de la marge accaparée par l’aval. Mais c’est l’ensemble de la filière qu’il faut sécuriser en protégeant mieux le maillon le plus faible mais aussi le plus indispensable<b>: </b>les producteurs, sans lesquels il n’y a pas de transformateurs.</div>
<div style="text-align: justify;">
Il ne s’agit pas de revenir aux quotas mais de proposer un système qui allie une meilleure sécurité du prix du lait ou mieux, une garantie de marge, avec une flexibilité contrôlée des volumes.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> a) Quelques rappels sur le projet américain</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Aux Etats unis le lait est considéré comme un produit sensible tant pour le producteur que pour le consommateur justifiant une politique spécifique et une intervention forte de l’administration, ceci de puis la crise de 1930. Jusqu’en 2014 le principal mode de soutien aux producteurs portait sur la compensation de 45% de la différence du prix du lait du marché par rapport à un prix objectif. Ce dispositif était plafonné à 200 vaches, laissant les grands troupeaux un peu sans filet.(13) Ainsi en 2009, cumulant une forte chute du prix du lait et une forte hausse de l’alimentation, bon nombre de ces fedlots laitiers ont fait faillite ou ont souscrit au plan d’abattage indemnisé du troupeau. Comme plus de la moitié de la collecte étasunienne provient de troupeaux de plus de 1000 vaches, les politiques ont été réceptifs à de nouvelles formes se sécurisation de la production, dont celle portée auprès du Congrès, par les producteurs (NMPF) dès 2010.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le projet initial des producteurs portait sur deux volets obligatoirement liés : une garantie de marge sur coût alimentaire et une réduction obligatoire des livraisons de 1 à 4% en cas de crise définie par une baisse de la marge précédente et l’importance des surplus</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Cette combinaison des deux volets avait été étudiée très sérieusement par plusieurs universités américaines et paraissait à la fois plus sécurisante pour les éleveurs et moins coûteuse pour le budget fédéral que le soutien au prix du lait. Mais elle a fait l’objet de fortes pressions d’une partie de la transformation opposée la régulation des volumes. Au bout du compte ce dernier volet a été abandonné au profit d’achats publics pour l’aide alimentaire interne dont le budget est trois plus important que celui de l’agriculture ! <b>Par conséquent les producteurs américains disposent bien d’un outil portant sur les deux aspects : la garantie de marge sur coût alimentaire et les achats publics massifs en cas de chute du prix et de la marge</b>. Ce dispositif est en place depuis début 2015. (14) Pour la garantie de marge sur coût alimentaire il s’agit d’un contrat volontaire à souscrire pour la durée du Farm Bill jusqu’à fin 2018 et pour des niveaux de protection choisis individuellement</div>
<div style="text-align: justify;">
- Une garantie de marge de base à 80€ / t de lait, ( $4/cwt) prise en charge par l’Etat</div>
<div style="text-align: justify;">
- Une garantie supplémentaire pour un volume de 20 à 90% de sa référence et pour une garantie de marge jusqu’à 160€/ t. Le coût de cette assurance supplémentaire est à la charge de l’éleveur, les niveaux les plus élevés étant les plus coûteux, voire dissuasifs. Les calculs montrent que le niveau intermédiaire à 130€ / tonne serait le plus intéressant, notamment pour les producteurs jusqu’à 200 vaches.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce Farm Bill laitier a été adopté début 2014 et la contractualisation a été ouverte à l’automne alors que le prix du lait était encore à plus de 400€ la tonne. Malgré ce prix exceptionnellement élevé, plus de la moitié des producteurs ont souscrits à ce dispositif pour 2015. Pour la campagne 2016 dont l’inscription vient de s’ouvrir, il est très probable que le nombre de producteurs et le taux de couverture seront nettement en hausse.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><i>Mais plus que le niveau de marge couvert et l’intérêt financier pour les éleveurs américains, c’est le principe qui mérite d’être étudié pour une adaptation à l’extrême diversité européenne </i></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><i><br /></i></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>b) </b><b>Un projet de garantie de marge pour les éleveurs laitiers européens</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Ce projet commun de garantie de marge laitière semble réalisable rapidement malgré deux difficultés importantes par rapport aux Etats Unis</div>
<div style="text-align: justify;">
- Le prix du lait entre pays de l’UE est très différent. Sur les 2 dernières années ce prix allait de simple au double entre les deux pays extrèmes, Lituanie et Chypre, mais avec une gradation continue entre les deux</div>
<div style="text-align: justify;">
- <b> </b>Les coûts de production aussi sont très variables selon les pays, notamment pour l’alimentation, le foncier et la main d’œuvre. Mais Il existe un outil commun de calcul de ces coûts de production : le RICA.</div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b>La Commission publie chaque année ces données RICA/ FADN, avec un certain retard lié aux délais d’envoi des données par l’ensemble des pays<b> </b>mais l’outil est opérationnel<b>. </b>Parmi les coûts enregistrés on peut sélectionner les principaux et avoir ainsi un suivi en direct ou avec actualisation trimestrielle ou semestrielle.</div>
<div style="text-align: justify;">
Par ailleurs, l’Institut de l’Elevage et l’Inra publient régulièrement des études approfondies sur les comparaisons de coûts de production et des revenus pour les systèmes laitiers plus particulièrement sur ceux du Nord de l’Europe (2007, 2012, 2015)(15) qui permettent de discuter des indicateurs les plus pertinents.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Par conséquent un système de garantie de marge semble faisable et parait mieux adapté à la diversité des pays voire des régions (montagne, régions ultrapériphériques …) qu’un système de compensation de prix.</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> Un test de suivi de la marge en France dès cet automne ? </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
En France nous disposons de l’IPAMPA, indicateur des coûts de production actualisé mois par mois par l’Institut de l’Elevage et FranceAgrimer. Nous savons calculer le prix du lait agrégé au niveau national ; Nous disposons donc de l’outil pour un suivi de marge au mois le mois sinon en temps réel, du moins avec un décalage limité.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Par conséquent il serait possible de tester cet outil très rapidement en France pour valider sa pertinence et sa faisabilité dans plusieurs régions ou bassins laitiers voire sur la France entière</div>
<div style="text-align: justify;">
Parallèlement on pourrait tester une adaptation du Rica en vue d’une extension à l’UE, en s’inspirant de ce que fait déjà la Commission avec un suivi trimestriel des marges agrégées au niveau européen …( cf le site Milk Market Observatory; UE Gross Margin) avec un décalage d’un ou deux trimestres . Cet outil étant opérationnel au niveau européen, une déclinaison par pays devrait être possible assez rapidement.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>c) Un dispositif de régulation des volumes est indispensable</b>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La régulation par le marché mondial ne fonctionne pas sauf au prix d’une casse majeure de fermes laitières, de vies humaines sacrifiées et de régions en déprise.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La démonstration a été faite de façon claire en 2014 montrant que l’accélération de la capacité de production était très supérieure à l’évolution de la demande solvable à court terme. Le surplus de lait produit par les trois grands exportateurs a été de 11 millions de tonnes -dont plus de la moitié est du à l’UE- alors que le Marché Mondial des produits laitiers ne croit que de 2 millions de tonnes en moyenne par an sur la dernière décennie. D’où le retour de manivelle, avec l’excédent actuel et des stocks importants qui plombent le prix du lait depuis un an et pour les mois à venir.</div>
<div style="text-align: justify;">
Une deuxième démonstration est en cours dans différents pays. Même avec un prix de vente en dessous du coût de production, la majorité des éleveurs continue à produire et semble peu sensible aux signaux du marché tant prêchés par la Commission.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les Néo-Zélandais ont continué à produire plus de lait en 2014-15 avec un prix du lait tombé à 250 € que l’année précédente avec un prix qui avait grimpé à 400€. Comme leurs coûts de production se situent autour de 200- 250€ /t main d’oeuvre incluse, ils continueront à produire même avec un prix du lait encore en baisse, en comprimant voire en supprimant les charges de concentré et d’engrais. Mais ils ont de très faibles charges de structures hors le coût du foncier.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les producteurs danois aussi continuent à produire plus de lait que l’année précédente alors que le prix du lait est descendu à 310€ depuis quelques mois. A ce prix, ils n’ont plus de rémunération de leur travail familial mais ils perdent en plus 60 € par tonne de lait ! Car les banques veulent du chiffre pour le remboursement des dettes.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La plupart des éleveurs français n’en est pas là mais leur rémunération sera minime cette année avec un prix du lait autour de 320 € si tout va bien et un point mort autour de 300€ /t. (15)</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>d) L’observatoire européen du marché laitier (16) doit devenir une instance d’anticipation des crises et d’aide à la décision. </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Un travail important a été réalisé par la Commission sous l’impulsion de Dacian Ciolos pour monter cet observatoire. Celui ci regroupe et actualise un grand nombre d’informations précieuses pour le suivi des productions, des produits, des prix et des marchés, au niveau des pays , de l’Europe et du monde Mais ces informations présentées tous les mois aux représentants de la filière laitière ne font pas l’objet de débats et de propositions encore moins de décision. Pour le moins, l’observatoire devrait définir des seuils d’alerte pour permettre aux politiques à la Commission d’intervenir plus tôt pour prévenir ou atténuer les crises. Pour cela l’Observatoire devrait disposer d’’informations beaucoup plus complète, notamment sur l’état des stocks. Rappelons qu’aux Etats Unis c’est le Ministère de l’agriculture qui gère le dispositif et qu’il dispose au mois le mois, à la fois des informations sur la collecte et les prix du et des aliments mais aussi sur la transformation, les différentes fabrications et les stocks ! Apparemment, nous sommes bien loin de cette transparence en Europe. Rappelons qu’en fin 2014 la Commission affichait un stock officiel quasi nul de beurre et poudres, stock privés déclarés inclus, alors que les frigos de la plupart des laiteries étaient pleins à raz bord depuis plusieurs mois et le sont encore aujourd’hui. La aussi il y a des progrès à faire.</div>
<div style="text-align: justify;">
L’EMB voudrait aller plus loin et faire de cet observatoire une Agence de régulation du marché pour rendre opérationnel son projet PRM</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> e) </b><b>La proposition de régulation de l’EMB doit être testée rapidement. </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
« Le programme de responsabilisation face au marché » ou PRM est présenté de façon détaillé sur le site de l’EMB (17) Nous en rappelons les points essentiels car il s’agit de la proposition la plus aboutie disponible actuellement, comportant à la fois une identification précoce des crises et un programme d’action progressif. La crise est définie par l’évolution d’un indice de marge entre le prix du lait et le coût de production et l’activation du programme se fait sur trois temps :</div>
<div style="text-align: justify;">
- Une baisse modérée de l’indice entraine une alerte rapide avec des mesures incitatives pour le stockage ou la distribution de lait aux veaux.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Une baisse plus forte doit enclencher un système de bonus-malus pour les éleveurs qui réduisent leur livraisons ou au contraire, produisent au-delà de leur référence.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Une forte baisse qui se prolonge doit entrainer une réduction obligatoire des livraisons de quelques % pour tous les producteurs pendant plusieurs mois.</div>
<div style="text-align: justify;">
Aujourd’hui, tous les pays disposent de suivis précis des livraisons par ferme et par laiterie permettant de fixer les références futures, à actualiser périodiquement.</div>
<div style="text-align: justify;">
Comme pour la garantie de marge décrite précédemment une des difficultés est de définir les seuils au niveau des 28 pays L’autre difficulté est la réactivité du dispositif, et d’abord celle de l’Observatoire- Agence, donc de la rapidité de remontée des informations sans nuire à leur qualité.</div>
<div style="text-align: justify;">
Même si ce n’est pas spécifique au PRM, ce dernier multipliant les seuils d’alerte, semble plus exigeant.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>f)</b> <b>Le tunnel de prix : une variante </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Cette proposition présentée par l’EMB en 2011, puis discutée avec la Confédération Paysanne visait à faire converger le prix du lait à l’intérieur d’un tunnel tenant compte des coûts de production avec un prix mini et un prix maxi, les écrêtements du haut devant permettre de soutenir les prix bas.</div>
<div style="text-align: justify;">
La Confédération paysanne a peaufiné ce projet de tunnel de prix en y incluant un prix garanti pour un volume par actif et un mécanisme de réduction obligatoire mais modulé en fonction du volume de production individuel et du niveau d’autonomie du pays, l’objectif étant de faire porter davantage l’effort de réduction sur ceux qui ont augmenté le plus.(17)</div>
<div style="text-align: justify;">
L’EMB a par contre opté pour le dispositif d’ajustement des volumes décrit ci avant, apparemment plus pédagogique et plus adapté à la diversité des ses producteurs.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>g) </b><b>En France, des organisations de producteurs par bassin,</b><b> par delà les appartenances syndicales</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Le constat est très clair aujourd’hui : en France le grand nombre d’OP liés aux entreprises réduit considérablement leur pouvoir de négociation envers une poignée de gros transformateurs. De plus cette inféodation aux laiteries rend les OP concurrentes entres elles. C’était déjà le cas en Suisse en 2007 - 2008 mais nos politiques n’en ont tiré aucune leçon. Inversement une OP unique par Bassin de production rééquilibrerait le rapport de force au profit des producteurs. L’APLI, La Confédération Paysanne et l’OPL plaident toutes les trois en faveur de ces OP de Bassin et demandent aux pouvoirs publics de faire le nécessaire pour permettre leur mise en place. La FNPL a aussi fait des propositions dans ce sens lors de sa dernière AG. Tous les espoirs sont permis.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C’est cette reprise de responsabilité des producteurs sur leur territoire qui sera le meilleur atout pour le maintien voir le développement d’une production et d’une filière laitière dynamique et diversifiée avec un grand nombre d’éleveurs et un monde rural un peu plus serein . C’est aux pouvoirs publics de faire le nécessaire pour favoriser la mise en place de cette organisation territoriale , privilégiant ainsi le débat plutôt que les manifestations et les affrontements.<i> </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais soyons clair: ces OP de bassin doivent permettre aux éleveurs de peser davantage dans les négociations du prix du lait et des marges au niveau régional mais ce n’est pas à ce niveau que l’on peut espérer faire de la régulation de l’offre, mais bien au niveau européen<b>.</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><i> </i>En conclusion</b><b>:</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
L’annonce invraisemblable d’un prix du lait à la ferme à 340€ minimum la tonne en France dans un contexte d’aggravation de la crise laitière européenne et mondiale, nous invite à prendre un peu de recul et à mieux hiérarchiser les problèmes et les solutions. Et par conséquent à pointer la politique laitière européenne de la dernière décennie, orientée vers le grand export. Sans attendre une nouvelle réforme de la PAC<b>, pour mieux sécuriser et améliorer er le revenu des éleveurs il conviendrait d’agir simultanément aux trois niveaux :</b><b></b></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li><b>Au niveau européen c’est la combinaison d’une garantie de marge et d’un réajustement dynamique des volumes selon l’évolution du marché qu’il convient d’étudier rapidement pour une mise en œuvre au niveau de l’Union après test dans quelques pays.</b></li>
<li><b>Au niveau français c’est la constitution d’OP horizontales, de bassin qui seule peut donner davantage de pouvoir de négociation aux producteurs et de privilégier le débat. </b></li>
<li><b>Au niveau de la ferme, ces nouveaux outils devraient permettre une réorientation vers des systèmes de production plus autonomes, plus herbagers, refusant l’industrialisation et la course au volume, grâce à une meilleure valorisation du lait vers des produits régionaux et des services environnementaux, autrement dit vers les biens publics associés à ces modes de production mais encore trop peu rémunérés.</b></li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Il ne s’agit donc pas de se replier sur l’Hexagone ou sur l’Europe mais de remettre la priorité sur le marché européen, sur la meilleure valorisation des 85-90% du lait de notre marché interne permettant de préserver des campagnes vivantes et attractives pour plus de 500 millions de citoyens-consommateurs ayant un bon pouvoir d’achat avec des attentes correspondantes. Et pour la modeste part de l’export vers les pays tiers, il faudrait mieux définir nos cibles et nos produits, notamment avec nos voisins du sud de la Méditerranée.</div>
<div style="text-align: justify;">
<b>C’est aux politiques de redéfinir ce nouveau cadre stratégique pour préserver l’avenir des éleveurs et du secteur laitier en Europe. Car le mirage du grand export, responsable de la crise laitière actuelle, continue de fasciner, non seulement la Commission, mais aussi nos transformateurs et ceux qui les conseillent, comme en témoigne RLF (5) dans son numéro de l’été 2015 !</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>André Pflimlin. 7. 8. 2015 </b>afpflimlin@yahoo.fr</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Auteur de : *<b><i>Europe laitière</i></b><i>, valoriser tous les territoires pour construire l’avenir ; </i>Editions France Agricole 2010</div>
<div style="text-align: justify;">
Ancien ingénieur à l’Institut de l’Elevage. Expert Lait auprès du Comité des Régions à Bruxelles.</div>
<div style="text-align: justify;">
<b>-------------------------------------------</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Notes et références :</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b>1. Les communiqués de presse du MinAgri et de la FNPL sont assez différents ; le premier ne donnant aucun chiffre. Les articles et rubriques des sites d’information (AFP, Agrisalon, FA actualités, Hufington post …) sont nettement plus affirmatifs en parlant d’un prix minimum garanti à 340€/ tonne de lait jusqu’à la fin de l’année .</div>
<div style="text-align: justify;">
2. Global Dairy Trade NZ est la référence pour les cours mondiaux des produits laitiers et fonctionne comme un marché au cadran pour trouver le prix d’équilibre entre l’offre et la demande ; 2cotations / mois et pour 6mois.</div>
<div style="text-align: justify;">
3 .Les cartes de pluviométrie et de température publiées par MARS- JRC travaillant pour la Commission montrent que le quart Nord Ouest de l’UE produisant la moitié du lait UE été peu pénalisé par la sécheresse et la canicule jusqu’à la fin juillet 2015. Par contre il y a plus de craintes pour les maïs de l’Europe continentale. La NZ semble bénéficier d’un printemps favorable pour la nouvelle campagne. Aux Etats unis, même si la sècheresse sévit fortement en Californie, les conditions semblent plus favorables ailleurs, notamment dans le Nord Est ou la croissance de la production laitière est forte en 2015.</div>
<div style="text-align: justify;">
4. L’EMB a publié des couts de productions pour plusieurs pays dont l’Allemagne et la France, en s’appuyant sur les données RICA Ce coût moyen est estimé à 400 € la tonne pour la France, rémunération du travail familial incluse et aides laitières déduites. Ces chiffres sont proches de ceux publiés par l’Institut de l’Elevage.</div>
<div style="text-align: justify;">
5. RLF 753 p 7 Syndilait dénonce l’explosion des importations de lait de consommation</div>
<div style="text-align: justify;">
6. Farmer s’Weekly 24. 8. 2015 : ARLA annonce une nouvelle baisse du prix du lait pour aout.</div>
<div style="text-align: justify;">
7. COPA-COGECA ; CP du 2.8. 2015 : appel à manifestation pour le 7.9. 2015 à Bruxelles</div>
<div style="text-align: justify;">
8. Le marché laitier mondial est un piège pour les éleveurs et un pari fatal pour l’UE. A Pflimlin 13 07 2015)</div>
<div style="text-align: justify;">
9. APE : accord de partenariat économique entre l’UE et les pays d’Afrique de l’Ouest</div>
<div style="text-align: justify;">
10. L’avenir du secteur laitier, Avis du Comité des Régions, R. Souchon 16 04 2015</div>
<div style="text-align: justify;">
11. Rapport sur la mise en œuvre du «paquet lait» J. Nicholson, Parlement Européen, 7 07 2015</div>
<div style="text-align: justify;">
12. Un groupe d’agroéconomistes mène une étude sur l’après quotas pour le compte du Minagri et qui devrait être disponible pour début 2016 Contact A. Trouvé, Agrotech. Paris…</div>
<div style="text-align: justify;">
13. La filière laitière aux Etats Unis : restructuration et délocalisation. Inst. Elevage, DEE N°378b, 2008</div>
<div style="text-align: justify;">
14. Marchés mondiaux DEE 458 Juin 2015</div>
<div style="text-align: justify;">
15. Comparaison des coûts de productions et de la rémunération du travail d des systèmes laitiers du Nord de l’Europe ; mise à jour 2015 à paraitre en septembre prochain</div>
<div style="text-align: justify;">
16. www. milkmarket observatory</div>
<div style="text-align: justify;">
17. www.europeanmilkboard.org</div>
<div style="text-align: justify;">
18. Supplément à Campagnes Solidaires N°305 Mars 2015</div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/Crise-Laitiere-2015-suite-et-Propositions.pdf" target="_blank"><em><strong>Télécharger le PDF</strong></em></a></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-20064380893912720462015-08-09T07:19:00.000+01:002015-08-09T07:19:01.984+01:00On se trompe de débat !<div style="text-align: center;">
...</div>
<div style="text-align: center;">
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<div style="text-align: center;">
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<div style="text-align: center;">
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<div style="text-align: center;">
...</div>
<div id="firstHeading" lang="fr" style="text-align: center;">
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Masanobu_Fukuoka" target="_blank"><em>Lien de recherche vers Masanobu Fukuoka</em></a></div>
<div style="text-align: center;">
***</div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/SODIAL-28-JUILLET-2015----1250.jpg" target="_blank"><img alt="" class="alignnone" src="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/SODIAL-28-JUILLET-2015----670.jpg" height="1512" width="670" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
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Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-76557593047569078442015-07-14T15:57:00.000+01:002015-07-14T15:57:53.550+01:00Le marché laitier mondial est un piège pour les éleveurs et un pari fatal pour l’Union Européenne<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2015/07/ANDRE-PLIMIN.jpg"><img alt="ANDRE-PLIMIN" class="aligncenter size-full wp-image-16129" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2015/07/ANDRE-PLIMIN.jpg" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
André Pflimlin, 13 juillet 2015</div>
<div style="text-align: justify;">
<i> Depuis quelques semaines on découvre qu’il y a trop de lait, non seulement sur le marché européen mais aussi sur le marché mondial ! Nous l’avions annoncé dès la rentrée de septembre 2014(1) mais le prix du lait était encore trop élevé pour que ce message soit entendu. La contrainte des quotas et le poids des pénalités en Europe du Nord puis une mini sécheresse en Nouvelle Zélande -très bien médiatisée- avaient permis de gommer cette première alerte. </i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>Fin 2014, les frigos des laiteries étaient pleins à raz bord mais pour Bruxelles il n’y avait pas de stocks publics, pas d’intervention, donc pas de problème. C’est la Rabobank (le Crédit Agricole des Pays Bas) qui avait annoncé dès le printemps 2015 que le marché mondial laitier serait saturé jusqu’à l’automne, voire au delà. Elle vient de le confirmer fin juin(2) en reportant l’embellie probable à 2016. En effet, en Nouvelle Zélande, les prix des poudres de lait qui stagnaient autour de 1800 à 2000€ la tonne depuis l’été 2014, ont chuté de 5 à 10% le 7 juillet dernier, correspondant à la 8<sup>ème</sup> baisse consécutive depuis fin mars, alors que la nouvelle campagne laitière vient juste de redémarrer. Mais la production des principaux exportateurs ne s’est pas ralentie. Ni en Nouvelle Zélande malgré un prix du lait à la ferme à moins de 250€ la tonne depuis un an. Ni aux Etats Unis où le prix du lait a baissé nettement moins vite et moins fort et où la nouvelle loi sur la garantie de marge laitière vient de se mettre en place. Ni en Europe, malgré un prix du lait moyen autour de 300€ la tonne ces deniers mois, largement en dessous des coûts de production et masquant les situations les plus dramatiques. </i></div>
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<i><br /></i></div>
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<i>Dans les Pays Baltes, particulièrement touchés par l’embargo russe, le prix du lait est inférieur à 200€ la tonne depuis des mois ; ce printemps il était même à 160 –170 €/t en Lituanie pour les éleveurs en coopérative de vente et à 100€ sur le marché libre(3). Cette fois les conjoncturistes européens et français ne nient plus la crise. Le Parlement Européen s’en inquiète, les ministres de l’Agriculture aussi, mais l’Irlandais Phil Hogan, commissaire européen à l’Agriculture, continue à nier la crise. En espérant un miracle ou peut être une grande sécheresse pour éviter l’explosion à la rentrée de septembre? Plus sérieusement et malgré un discours plus polissé que celui de Mariann Fisher Boel, le nouveau commissaire, après l’intermède dacian Ciolos, s’inscrit parfaitement dans le choix « du tout marché» de la Commission, donc de la « guerre du lait interne et externe» annoncée dès 2009.</i></div>
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<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> Pour comprendre les vrais enjeux de cette crise, pour ne pas se contenter d’une nième aide ponctuelle arrachée à Bruxelles, il faut prendre un peu de recul, revenir sur les choix stratégiques qui ont été faits il y a plus de 10 ans et dont on constate les effets aujourd’hui, quelques mois après la fin des quotas. Cette note ne fait que résumer et actualiser le message principal de notre livre sur l’Europe laitière publié en 2010, suite à la grève du lait de 2009 et qui dénonçait la double impasse de la politique laitière européenne: le marché libéral et le modèle de production industrielle(4). </i></div>
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<i>Les risques de cette dérégulation avaient déjà été dénoncés par de nombreuses instances européennes, mais toujours niés par la Commission. Aujourd’hui, c’est l’heure de vérité ; c’est aussi le moment d’expliquer ce qui se passe, pour proposer les vrais changements qui s’imposent.</i></div>
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<i><br /></i></div>
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<i> </i><b>I. </b><b>Pourquoi le marché mondial est il un leurre pour les éleveurs européens ?</b></div>
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<b><br /></b></div>
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<b> </b>Parmi les justifications de la Commission pour la suppression des quotas, l’accroissement de la demande mondiale en produits laitiers était l’un des arguments majeurs, largement repris par les grands groupes laitiers européens privés ou coopératifs. Bloquée par les quotas depuis 30 ans, l’Europe avait perdu des parts de marché au profit de la Nouvelle Zélande qui avait triplé ses exportations. Il fallait donc revenir en force pour reconquérir les marchés asiatiques en pleine expansion, l’eldorado chinois tout particulièrement. Ce discours simple et percutant était rarement étayé par une étude un peu solide, alors qu’il était pourtant bien fragile…<i> </i>Car il ne faut pas confondre l’évolution de la consommation mondiale en produits laitiers à long terme et le marché mondial qui reste marginal et nettement plus chaotique à court et moyen terme.</div>
<div style="text-align: justify;">
<b>A. Le marché mondial des produits laitiers reste marginal en volume et surtout en valeur</b> (5)</div>
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<i>
</i></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>La production et la consommation mondiale de lait sont l’ordre de 800 millions de tonnes par an (780 M t en 2013) avec une croissance moyenne de 1.5 à 2% / an, <b><i>soit +12 à 16 M T / an.</i></b></li>
<li>Le marché mondial des produits laitiers ne porte que sur 7% de la production laitière totale soit 55 millions de tonnes équivalent-lait en 2013. Sauf exceptions, c’est un marché de surplus, l’essentiel de la production est autoconsommée dans les pays ou unions de pays.</li>
<li>C’est un marché avec une croissance moyenne de 3 à 4% par an depuis 2000, <b><i>soit environ + 2 M t /an </i></b>mais à forte variabilité entre produits et entre années.</li>
<li><b>Les produits industriels standardisés, donc très concurrentiels représentent l’essentiel des volumes</b> (poudres de lait et de lactosérum, beurre et ingrédients divers). Les exportations de fromages ont cependant, progressé plus rapidement sur la dernière décennie, représentant un quart des tonnages en 2013 et nettement plus en valeur. Malgré cela, la majorité des investissements européens récents portent sur les tours de séchage pour faire de la poudre.</li>
<li> <b>Trois exportateurs fournissent plus de 70% du marché mondial. </b>Ils ont des modes de production très différents et plus ou moins sensibles aux aléas climatiques ou aux prix des céréales. Une bonne ou une mauvaise année chez l’un des trois fait chuter ou flamber les prix mondiaux.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
- La Nouvelle Zélande fait du lait de pâturage, avec des coûts de production très faibles, (<200€/t.) mais la production est très sensible à la pluviométrie (+/-10% = <b><i>+/- 2 M t /an</i></b> entre années extrêmes, bien arrosée ou sèche)</div>
<div style="text-align: justify;">
- Les Etats Unis font l’essentiel du lait avec du concentré très lié au prix du maïs mais les gros troupeaux hors-sol ont de faibles charges de main d’œuvre et de bâtiments, du fait de l’absence de règles sociales et environnementales dans la plupart des Etats de l’Ouest.</div>
<div style="text-align: justify;">
- Les pays de l’UE ont des modes de production souvent intermédiaires entre les deux précédents mais avec des troupeaux beaucoup plus petits et des charges nettement plus élevées pour le logement et l’équipement du fait du climat mais aussi des règles environnementales et sociales plus strictes.</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li><b>La Nouvelle Zélande exporte plus de 90% de sa production principalement sous forme de poudre et beurre,</b> produits pour lesquels elle couvre un tiers du marché mondial et par conséquent elle y impose ses prix. Pour les USA l’export ne représentait que 5-7 % jusqu’en 2008 contre 10% pour l’UE. Mais c’est un secteur en forte expansion pour ces deux challengers qui veulent gagner des parts du marché asiatique aux dépens de la NZ et de Fonterra, principal fournisseur régional qui y est historiquement très bien implanté et qui dispose d’une matière première bon marché. Ainsi Fonterra, «coopérative» qui a le quasi-monopole de la collecte, de la transformation et des exportations, couvre 90% des importations chinoises en poudres grasses et 50% en poudre maigres, les poudres grasses représentant 75% du total. Par conséquent la lutte pour ce marché chinois s’annonce particulièrement risquée pour les laiteries européennes qui y vont en ordre dispersé.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<b>B. L’alignement du prix du lait en Europe sur le marché mondial se traduit par une volatilité croissante et incontrôlable</b></div>
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Nous avons vu précédemment que le marché mondial des produits laitiers était très étroit, très sensible aux aléas climatiques et hyper concurrentiel puisque l’essentiel des volumes porte sur les poudres de lait standards, qui de surcroît se stockent et se prêtent bien à la spéculation. En 2014 on a additionné les conditions favorables à la production (prix du lait élevé et alimentation abondante), alors que les marchés chinois et russes se réduisaient brusquement.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais au delà de ces évènements conjoncturels il apparait clairement dans les graphiques de la Commission (6) que le prix du lait à la ferme en Europe est désormais très lié aux cours mondiaux beurre –poudre dont la volatilité est croissante ( graphes 1 et 2) Cet alignement n’est pas cohérent avec le fait que près de 90% de la production est consommée sur notre marché interne sous forme de produits laitiers à plus forte valeur ajoutée que le beurre poudre du marché mondial ! A qui profite ce différentiel ? Seuls le lait Bio et le lait d’un certain nombre d’AOC-AOP fromagères ne suivent pas le prix du lait mondialisé.</div>
<div style="text-align: justify;">
Cette volatilité du prix du lait n’est pas compatible avec le développement d’une production laitière durable et de qualité, ni avec l’installation des jeunes qui n’ont plus aucune garantie de revenu et qui sont à la merci des banques dès qu’ils prennent le risque d’investir.</div>
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<b>C’est pourquoi il faut dire clairement que la crise de 2015 n’est pas un accident imprévisible mais bien le révélateur des effets de la dérégulation programmée par la Commission, sans nouvelles mesures de sécurisation des revenus</b>. Reprenons les faits pour bien comprendre<i> :</i></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>En 2014, année favorable pour le prix du lait et pour les fourrages, la production laitière a augmenté de près de 10 % en NZ, 5 % en UE et 2,4 % aux USA, soit <b>un surplus de lait de plus de 11 millions de tonnes</b> pour ces trois concurrents et dont l’essentiel a été transformé en poudre de lait, soit un surplus de 20% par rapport au marché mondial. Parallèlement la production mondiale ayant augmenté de 20 millions de tonnes, il n’y avait pas de pénurie non plus dans la plupart des autres pays.</li>
<li>Depuis août 2014, l’embargo russe sur les produits laitiers a fermé un gros marché pour l’UE, notamment sous forme de fromages et beurre représentant l’équivalent de 2 millions de tonne de lait par an. Faute de solution à la crise ukrainienne, cet embargo perdure et ces 2 millions de tonnes viennent s’ajouter aux 11 millions de surplus de production en 2014.</li>
<li>La Chine a fait des achats massifs de poudre au 1<sup>er</sup> trimestre 2014, prolongeant les achats déjà importants de fin 2013. Ces très fortes importations ont pénalisé le prix du lait interne qui était monté à plus de 500€ la tonne fin 2013, pour rechuter de 20% au printemps 2014. Cette crise a entrainé de nombreuses cessations, notamment chez les petits producteurs souvent éliminés de la collecte, mais aussi dans les grands troupeaux. Ce qui a justifié une intervention des pouvoirs publics chinois qui misent sur le développement des très grands troupeaux intégrés aux laiteries pour sécuriser leur production laitière (7) A partir du 2<sup>ème</sup> trimestre 2014 les importations ont été nettement plus modestes et ce jusqu’à l’été 2015. De plus la croissance du pays s’est ralentie dans de nombreux secteurs et la bourse de ShangaÏ vient de perdre 30% ce début juillet. A moyen terme, les importations chinoises de poudre pourraient rester au niveau des années 2011-2012 plutôt que celui du pic 2013-14.</li>
<li>Face au surplus d’offre et à la réduction de la demande ( Chine et Russie) le prix du lait s’était effondré sur le marché mondial avec une chute de 40% du prix du lait à la ferme en Nouvelle Zélande dès l’été 2014. La chute a été de 30% en Europe de façon plus progressive et plus marquée au Nord et à l’Est. Par contre, aux Etats Unis, le prix du lait est resté élevé jusqu’en fin 2014, du fait d’une demande soutenue en beurre pour le marché interne et pour le Japon.</li>
<li>En 2015 la production s’était ralentie en Europe au cours du 1<sup>er</sup> trimestre sous l’effet conjugué de la baisse du prix du lait et des pénalités en cas de dépassement du quota, près de la moitié de la production UE étant encore bridée par les quotas. Une mini-sécheresse en NZ avait entrainé une remontée des cours faisant les gros titres des journaux agricoles de mars. « Une hausse spectaculaire qui semble s’inscrire dans la durée ; c’est un mouvement puissant qui laisse présager des cours très élevés au deuxième semestre, après le pic de collecte» pouvait- on lire dans l’Eleveur Laitier de mars 2015. Hélas, l’embellie fut de très courte durée. Un peu de pluie en NZ et depuis la fin des quota, une forte relance de la production dans les pays d’Europe du Nord et du Nord Ouest ont balayé ces prévisions un peu top hâtives. D’où ce nouveau titre dans l’Eleveur Laitier de juillet « Face au rebond de la production, plus personne n’envisage d’embellie»</li>
<li>En Nouvelle Zélande, la campagne laitière 2014-15 s’est terminée avec une collecte supérieure au record historique précédant et ceci malgré un prix du lait en baisse de 40% et un coup de sec en janvier- février 2015. Avec un coût de production autour de 200€ par tonne, main d’œuvre comprise, les éleveurs néozélandais semblent bien résister à un prix du lait à 240€ la tonne depuis un an.</li>
<li>Il n’en est pas de même des éleveurs européens dont les coûts de production sont plus élevés et nettement plus variables selon les pays et les systèmes. Ce coût de production moyen 2005- 2010, avant rémunération de la main d’œuvre familiale et des capitaux propres, était de l’ordre de 260€ / t en Allemagne et en France et de 350€ / t au Danemark. Seuls les éleveurs irlandais avec des systèmes herbagers peu coûteux peuvent rivaliser avec les Néo-Zélandais et résister à une chute prolongée du prix du lait. Inversement, la majorité des éleveurs danois, malgré un volume de lait par ferme 3 à 4 fois supérieur, ne peuvent supporter aucune baisse…et travaillent à perte, le plus souvent depuis 2008-2009.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<b>C. Ni le paquet-lait, ni la nouvelle PAC, ne peuvent corriger cette volatilité du prix du lait </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b>Suite à la crise de laitière de 2009, le conseil des ministres de l’agriculture avait demandé à la Commission de faire des propositions pour éviter de nouvelles crises ou d’en atténuer les effets. Cela s’est concrétisé par le paquet-lait, adopté en 2012, malgré de nombreuses critiques. Ce paquet lait s’est fortement inspiré de l’exemple Suisse qui nous avait précédé, à la fois pour la mise place et pour la sortie des quotas. Six ans plus tard, les études sur ce pays montrent que ni les organisations de producteurs, ni la contractualisation n’ont réussi à limiter la course au volume, ni à enrayer la baisse du prix du lait (de l’ordre de 30%) qui reste cependant supérieur au prix européen. De plus, les aides directes à l’hectare sont restées très élevées (>2000€/ha) (8).</div>
<div style="text-align: justify;">
Pour l’UE, ce paquet lait a été adopté de façon très diverse selon les pays de l’UE mais globalement il couvrait moins d’un quart de la production fin 2014. De plus la contractualisation porte sur les livraisons mais sans aucune garantie de prix. Et comme le prix d’intervention officiel a été abaissé à 215€la tonne d’eq-lait, bien en dessous du seuil de survie, les éleveurs laitiers européens réalisent qu’il n’y a plus de filet de sécurité!</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais la Commission reste ferme sur ses positions:(9)</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Même si tous les indicateurs sont passés au rouge depuis l’été 2014, la Commission Européenne ne veut pas entendre parler de crise, encore moins de remise en cause de la dérégulation du marché laitier européen. Elle dit qu’elle dispose de tous les instruments, pour gérer la situation et que le « paquet lait» doit permettre aux éleveurs de s’organiser pour passer ces périodes délicates. Or les éleveurs ont bien compris que ni les organisations de producteurs ni la contractualisation ne peuvent apportent de garantie de prix face à un marché mondial livré à tous les aléas ; tout d’abord les aléas climatiques de plus en plus fréquents et graves ; la spéculation financière dénoncée mais pas contrôlée mais aussi le dumping social et environnemental, ignoré par l’OMC</li>
<li>Malgré la mise en place de l’observatoire du marché du lait, la Commission navigue à vue, elle ignore l’état des stocks -considérables fin 2014- car non déclarés par les laiteries. Elle « croit » en l’autorégulation par le prix, et prévoit une croissance faible pour 2015 (1.2%) et même un retour à l’équilibre dès 2016 ! Or plusieurs pays ont accru leurs livraisons de mai de 5 à 10% par rapport au record de 2014 et ce malgré une chute du prix du lait de 30% (10)</li>
<li>La Commission feint d’ignorer que pour la période 2014-2018, les Etats Unis offrent à leurs éleveurs une réelle garantie de marge sur coût alimentaire dont une partie est couverte par l’Etat. Et que dans ce même pays très libéral, l’Etat pourra acheter des produits laitiers en grande quantité si besoin, pour l’aide alimentaire dont le budget est deux fois supérieur au budget agricole. De même qu’elle semble ignorer que la plupart des grands pays protègent leur marché laitier et leurs producteurs notamment la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, le Canada et bien d’autres.</li>
<li>La Commission continue d’être sourde aux critiques récentes sur l’orientation et la gestion de la politique laitière mais aussi sur l’absence d’études d’impact sur les régions d’élevage en zones défavorisées, ultra-périphériques ou de montagne, critiques renouvelées par le Comité des Régions en 2013 et 2015 (11) et par le Parlement européen en ce juillet 2015( 12). Critiques de la Cour des Comptes et du Comité Economique et Social européen que la Commission avait déjà balayées en 2009 au nom de la priorité au marché.</li>
<li>Tout cela montre que les Instances dirigeantes européennes -Conseil et Parlement d’abord- ont fait un pari déraisonnable, en avalisant les propositions de la Commission, de libéraliser le marché laitier. En devançant les règles de l’OMC –devenue muette depuis- aux dépens des producteurs et sans étude d’impact crédible sur l’emploi, la vie rurale, l’environnement et l’aménagement du territoire mais aussi sur la sécurité alimentaire des Européens. Et ceci malgré les interpellations et les critiques précédentes!</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<b>II. </b><b>Les projets d’ accord de libre échange s’annoncent encore plus destructeurs</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> </b></div>
<div style="text-align: justify;">
Face à l’enlisement de l’OMC, où les négociations commerciales semblent trop transparentes et démocratiques donc faciles à bloquer, les Etats Unis misent désormais sur les accords bilatéraux plus discrets dont un traité trans-pacifique pour contrôler l’expansion de la Chine, et un traité trans-atlantique pour imposer les normes euro-américaines au commerce mondial. Ces accords visent également la suppression de tous les droits de douane et autres protections non tarifaires, ainsi que l’accès aux marchés publics, dans tous les secteurs.</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Les négociations en cours sur ces accords de libre-échange UE- US montrent que la Commission et le Conseil persévèrent dans la mauvaise direction, en acceptant de discuter de la suppression des droits de douane pour l’agriculture et l’alimentation, ainsi que l’harmonisation des règles sanitaires avec un pays très puissant et bien mieux armé pour ce type de négociation que l’l’UE à 28. L’histoire montre clairement que ce pays a toujours su protéger ses acquis et arracher des concessions aux autres. Demain ce sera le cas pour les OGM, le bœuf aux hormones, la fin des appellations d’origine au profit des marques...</li>
<li>Ce projet comporte aussi une clause de règlement des litiges Investisseurs-Etats par un arbitrage privé (ISDS) ; clause incompatible avec la souveraineté des Etats. Cependant</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
la Commission a déjà signé un protocole d’accord du même type avec le Canada (CETA). Concernant la discussion avec les USA (TTIP) le Parlement Européen vient de s’opposer clairement à cette forme d’arbitrage privé discutée par la Commission. Cependant il n’a pas voulu exclure l’agriculture et l’alimentation du projet d’accord avec les Etats Unis.</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>L’Europe agit d’ailleurs de même envers les pays d’Afrique de l’Ouest en leur imposant les APE (accords de partenariat économique)(13) qui envisagent aussi la suppression des droits de douane, notamment sur la poudre de lait et l’interdiction d’en remettre, empêchant tout développement de l’élevage laitier dans cette grande zone du Sahel, au risque de la déstabiliser encore davantage au profit des extrémistes d’AQMI et de Boko Haram.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
Et pourtant l’exemple de six pays d’Afrique de l’Est, dont le Kenya et le Rwanda, démontre que l’instauration d’ un droit de douane de 60% sur les importations de poudre de lait depuis 2004 a fait décoller la production laitière à partir des très petits troupeaux, permettant d’envisager l’autosuffisance de ces pays d’ici peu.</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>L’Europe serait bien mieux inspirée en envisageant des accords de coopération politique et économique avec les pays du pourtour méditerranéen qui manquent de terre et d’eau pour être autonome en lait mais qui ont du gaz et du pétrole. Ces accords donneraient bien plus de visibilité à nos exportations que de parier sur le marché chinois, donc davantage de sécurité pour nos producteurs, comme pour les populations de ces pays aux portes de l’Europe.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<b>Y a-t-il des gagnants dans cette course à la libéralisation ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
Outre la finance et les multinationales de l’internet qui ont tout à gagner dans cette libre-mondialisation, le secteur de l’agro-industrie en est aussi un acteur de premier plan.</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>L’industrie laitière et les IAA d’une façon plus générale ainsi que le commerce sont particulièrement mobilisés pour ces négociations de libre échange, notamment à Bruxelles. Leurs fédérations européennes exercent un lobbying très soutenu auprès de la Commission et du Parlement Européen. D’après CEO(14) le secteur de l’agroalimentaire mobiliserait à lui seul autant de lobbyistes que les tous les autres secteurs industriels réunis.</li>
<li>L’analyse des marges en France (Franceagrimer) et en Europe montre clairement que le partage des marges évolue en défaveur des producteurs depuis des décennies. Elle montre aussi que la volatilité des prix est maximale pour les producteurs, intermédiaire pour les transformateurs et faible pour les distributeurs. Car il n’y a qu’une faible répercussion des baisses aux consommateurs. Par conséquent la volatilité du prix du lait est sans risque, voire plutôt bénéfique pour les distributeurs. Il en est un peu de même pour les transformateurs, à un niveau intermédiaire.(15)</li>
<li>Le fait que 60% du lait européen soit collecté et transformé par les coopératives ne change rien à ce partage des marges et des risques. Les coopératives laitières ayant une plus grande part de poudre de lait dans leur mix-produit que les privés sont mêmes plus exposées aux fluctuations des prix du marché mondial.</li>
<li>De plus le regroupement au niveau européen, du COPA (syndicats de producteurs) avec la COGECA (coopératives de transformation), empêche toute expression claire et autonome des producteurs. Ainsi le COPA-COGECA a été parmi les premiers à co-signer un plaidoyer en faveur des accords de libre échange. On constate la même confusion de casquettes en France, à la FNSEA.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<b>III. </b><b> </b><b>Poser les bonnes questions, respecter les hommes et les territoires </b></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> </i>On ne peut que déplorer l’absence d’études approfondies sur les marchés et les consommateurs de demain prenant réellement en compte les contextes et les cultures. Les grandes instances internationales se contentent de prolonger des tendances en croisant l’évolution de la démographie, de l’urbanisation et du niveau de vie moyen, pour conclure que la demande en produits animaux va doublet d’ici 2050…Et même si la tendance se vérifiait à terme, on ne peut laisser le marché et les traideurs gérer l’ajustement global entre la production et la consommation, sans risque d’émeutes de la faim comme en 2008. Ni la FAO, ni les G 7 ou G 20 n’ont pris d’engagements concrets pour y remédier! Ces instances condamnent la spéculation sur les produits alimentaires, elles reconnaissent qu’il faudrait des stocks publics de régulation pour les aliments de base mais ne font rien pour les mettre en place, ni pour favoriser la souveraineté alimentaire des pays en développement.</div>
<div style="text-align: justify;">
Ce serait à l’Europe de donner l’exemple. Mais à Bruxelles on gère, on règlemente, on contrôle, on négocie âprement des compromis entre les égoïsmes nationaux comme le montrent le cas grec ou celui des migrants. Et la pensée politique, économique et sociale semble soumise prioritairement aux lois du marché et à l’utopie de la concurrence parfaite, qui ignorent et broient les vies humaines !</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li> De plus pour les études d’impact permettant d’éclairer les choix politiques, les outils de recherche conditionnent souvent les réponses, portant soit sur un champ soit trop large soit trop restreint, sans changement d’échelle pour intégrer les différents niveaux, permettant de vérifier qu’il n’y a pas de contradiction entre les intérêts particuliers et l’intérêt général.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
- Les modèles macro-économiques visent à optimiser le « bien être global », donc d’abord celui des consommateurs qui sont les plus nombreux. Mais l’observation des faits va souvent à l’encontre des résultats de simulation. Ainsi, au Canada, malgré un système de quota en place depuis 40 ans et un prix du lait indexé sur le coût de production, les prix des produits laitiers pour le consommateur n’étaient pas différents de ceux des Etats Unis pour la période 2000-2008 (16) De plus dans ces modèles il y a un si grand nombre d’hypothèses et de paramètres qu’une analyse de sensibilité, lorsqu’elle existe, est souvent difficile à interpréter. C’est pourtant sur ce type d’études que se font les choix stratégiques à Bruxelles et à Washington (notamment pour le TTIP).</div>
<div style="text-align: justify;">
- Inversement au niveau de la ferme, les analyses de revenu des producteurs de lait européens à travers le RICA risquent de nous enfermer dans une comparaison économique étroite, décontextualisée, toutes choses égales par ailleurs, ne pouvant qu’exacerber la compétition entre régions et pays, du moins si ces études ne s’appuient pas sur une connaissance approfondie des élevages et de leur environnement. Cette compétition encourage inévitablement la course au volume d’un lait standard, sans prise en compte des éleveurs voisins, de la vie rurale, des attentes des citoyens consom-acteurs et de l’ensemble des biens publics associées. Ces derniers n’étant toujours pas chiffrés, ils ne pèsent pas dans les choix actuels, au niveau de la ferme et de la filière.</div>
<ul style="text-align: justify;">
<li>Entre ces deux types d’études, il y a comme un vide laissant place aux croyances, et notamment aux vertus du seul marché, telles que prêchées par Mariann Fisher Boel la danoise, commissaire à l’Agriculture chargée de piloter la sortie des quotas laitiers. Aujourd’hui il est évident pour tout le monde qu’elle s’est doublement trompée. D’abord sur l’atterrissage en douceur et l’autorégulation de la production par le marché car en 2015, la majorité des éleveurs continue de produire à perte parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, même s’ils savent très bien qu’il y aura toujours plus compétitif qu’eux sur cet indicateur de revenu partiel et partial. Ensuite sur le modèle de production européen pour conquérir le marché mondial : les éleveurs laitiers danois sont devenus les champions du monde pour la productivité en tonnes de lait par travailleur familial mais les derniers de la classe européenne quant au revenu. Pire encore, bon nombre d’entre eux sont devenus les forçats des banquiers, n’ayant d’autre choix que de continuer à traire de plus en plus de vaches dans une ferme très moderne qui ne leur appartient plus.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<b>Phil Hogan l’irlandais, ne se battra pas pour défendre le modèle danois mais il reste parfaitement dans la ligne libérale et dans la logique de compétition</b> <b>de la Commission</b>, en pensant discrètement que les éleveurs irlandais résisteront plus longtemps que les autres.</div>
<div style="text-align: justify;">
Comme le dit si bien Edgar Morin (17)<i> « Technocratie et Compétitivité sont les deux mamelles de nos sociétés, la première ignore les personnes, la seconde les manipule »</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i> </i><b>Conclusion et propositions</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b> Le pari du marché mondial fait par Bruxelles et par bon nombre de nos laiteries est un jeu de dupes pour les producteurs de lait européens</b>. « Libérer la croissance laitière européenne pour conquérir un marché mondial imprévisible, de plus en plus spéculatif et où tous les coups sont permis, y compris le dumping social et environnemental (18) est un pari indéfendable non seulement face aux éleveurs mais aussi face à tous les citoyens-consommateurs européens<b>.</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>Mais c’est aussi un risque majeur pour la cohésion de l’Union Européenne. En programmant une compétition sauvage et suicidaire entre éleveurs, entre régions et entre pays d’Europe bien trop hétérogènes, on favorise les exclusions et la montée des extrêmes anti-européens.(</b>19)</div>
<div style="text-align: justify;">
<b> D’où trois propositions de réforme qui dépassent largement le seul secteur laitier:</b></div>
<ul style="text-align: justify;">
<li><b>Il faut d’abord se recentrer sur le marché européen</b> avec des produits à plus forte valeur ajoutée pour l’essentiel de notre production. Il faut aussi négocier des accords pérennes avec nos voisins du sud de la Méditerranée pour des volumes et de prix semi-garantis du type « lait contre gaz+pétrole» Ils sont déjà nos clients et partenaires les plus importants, bien au-delà du secteur agricole.</li>
<li><b>ll faut dire non, très clairement, aux accords de libre échange</b> UE-US et Canada pour les secteurs de l’agriculture et de l’alimentation mais aussi dire non aux APE pour permettre aux pays d’Afrique de l’Ouest de développer leur production laitière et non pas les noyer avec nos surplus et des accords commerciaux à courte vue.</li>
<li><b>Il faut revenir sur les choix politiques et stratégiques initiés par la Commission</b> <b>depuis deux décennies</b> et qui perdurent malgré un contexte mondial très différent, de plus en plus imprévisible : terrorisme, migrants, chômage, insécurité alimentaire, finance folle et surendettement des Etats, épuisement des ressources naturelles et changement climatique.</li>
</ul>
<div style="text-align: justify;">
<b>La Commission étant sourde à toute initiative en faveur de la souveraineté européenne,</b> <b>cette réorientation politique devra être portée par le Parlement Européen, élu par les peuples d’Europe et devant en rendre compte</b>.</div>
<b> André Pflimlin, </b>13 juillet 2015<b> </b>
Auteur de : <i>Europe laitière, valoriser tous les territoires pour construire l’avenir ; </i>Editions France Agricole 2010
Ancien ingénieur à l’Institut de l’Elevage. Expert Lait auprès du Comité des Régions à Bruxelles.
<span style="text-decoration: underline;"> Références :</span>
(1) Alerte rouge sur l’Europe laitière? A. Pflimlin 16 09 2014<b> </b>
(2) More milk than market; Rabobank’s latest dairy outlook 22. June 2015
(3) Milk-news; EMB bulletin juillet 2015
(4) Europe laitière ; valoriser tous les territoires pour construire l’avenir; A. Pflimlin Ed. France Agricole 2010
(5) Marché mondial, Produits laitiers, Institut de l’Elevage ,N°447 Juin 2014, N°458, Juin 2015
(6) www.European Milk Market Observatory
(7) Chine_Abcis, février 2015
(8) La sortie des quotas laitiers en Suisse ; JC Kroll, revue Chambres d’Agriculture N°1043, mai 2015
(9) Intervention de B Missonne DG AGRI au Comité des Régions les 27 11 2014 et 16 04 2015
(10) L’Eleveur laitier, N° 237, Juillet-août 2015
(11) L’avenir du secteur laitier, Avis du Comité des Régions, R. Souchon 16 04 2015
(12) Rapport sur la mise en œuvre du «paquet lait» J. Nicholson, Parlement Européen, 7 07 2015
(13) APE : cet accord doit encore être ratifié par le Parlement Européen et par les Pays d’Afrique de l’Ouest
(14) TTIP: A loose-loose deal for food and farming; Corporate Europe Observatory, July 8. 2015
(15) Fin des quotas laitiers européens: une nouvelle ère pour la filière française; P Raso, G Rippe-Lascourt, Panorama, 2015
(16) La filière laitière au Canada : un modèle de régulation exportable ? Institut de l’Elevage, DEE 395, nov. 2009
(17) La Voie ; E Morin Edition Fayard. 2011
(18) La filière laitière aux Etats Unis : restructuration et délocalisation accélérées. Institut de l’Elevage,
DEE N°378b, Juin 2008
(19) L’alerte anti Europe pourrait être salutaire ? A Pflimlin, Forum & Debats ; La Croix 23 06 2014
Graphes 1 et 2 montrant que les cours de la poudre de lait écrèmé sont les mêmes (UE, US, NZ)
et que le prix moyen du lait UE suit désormais les variations des cours mondiaux beurre- poudre
<br />
<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/Copie-Marche-laitier-mondial-piege-07-15--A-PFLIMLIN.pdf" target="_blank"><em><strong>Télécharger le PDF</strong></em></a></div>
Unknownnoreply@blogger.com0Saint-Lézer, France43.368964 0.03175199999998312743.322784 -0.048929000000016876 43.415144 0.11243299999998313tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-53810556489546882982015-07-13T08:10:00.001+01:002015-07-13T08:14:44.246+01:00Piketty : «l'Allemagne est LE pays qui n'a jamais remboursé ses dettes».<div style="text-align: center;">
<iframe frameborder="0" height="1600" src="http://www.liberation.fr/direct/element/piketty-lallemagne-est-le-pays-qui-na-jamais-rembourse-ses-dettes_12395/" width="950"></iframe> </div>
Unknownnoreply@blogger.com0Saint-Lézer, France43.368964 0.03175199999998312743.322784 -0.048929000000016876 43.415144 0.11243299999998313tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-40301128303866889192015-06-12T15:36:00.002+01:002015-06-12T15:36:22.238+01:00Si la grèce était une banque....<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.jean-luc-melenchon.fr/wp-content/uploads/grecebanque.jpg" imageanchor="1"><img border="0" src="http://www.jean-luc-melenchon.fr/wp-content/uploads/grecebanque.jpg" /></a></div>
<div align="center">
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-4618653691048704732015-04-27T09:55:00.000+01:002015-04-27T09:55:02.165+01:00Dérives fascistes à la FNSEA ?<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg" rel="lightbox[13980]"><img alt="LOGO_mediapart" class="aligncenter size-medium wp-image-513" height="216" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
</div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/laurent-cougnoux/210415/derives-fascistes-la-fnsea" target="_blank"><strong>Dérives fascistes à la FNSEA ?</strong></a></div>
<b>Mais que se passe t-il à la FNSEA ? Les opérations musclées se succèdent, menées par des agriculteurs pour le moins en colère, qui utilisent en toute impunité la violence pour se faire entendre : contre les Roms, contre l’État, contre les Zadistes, contre les écolos… Ne doit on y voir que le mal être de citoyens en proie aux marchés financiers, ayant perdu la considération de l’opinion publique face aux dérives de leurs méthodes de production, ou bien donner un sens politique à toutes ces exactions ?</b><br />
<strong></strong><br />
En juin 2013, l’opération « récupérons nos terres » (1), organisée par une cinquantaine d’agriculteurs se revendiquant de la FNSEA, délogeaient des familles de gens du voyage qui occupaient un bout de terrain en friche d’une exploitation agricole dans le canton de Houdan (Yvelines), en les aspergeant de tonnes de lisier. L’affaire n’a fait que peu de bruit dans les médias, pourtant de nombreuses associations (2) se sont alors insurgé contre ces méthodes : « C’est à l’État et aux collectivités locales de gérer la situation, pas à une organisation syndicale de <i>« jouer les auxiliaires de police en faisant justice elle-même </i><i>par une action </i><i>moralement scandaleuse et syndicalement irresponsable ». </i><i>La fédération département du syndicat se bornant à dénoncer « </i><i><i>une fois de plus l’inertie de </i></i><i>l’administration, qui ne remplit pas son rôle de protection de la propriété privée et qui, par là même, cautionne la transgression des lois</i> ».<br />
<br />
En septembre 2013, des agriculteurs syndiqués (FDSEA du Morvan) saccagent le siège du Parc national du Morvan. Ces agriculteurs sont fous de rage à la suite d’une enquête publique relative à des mesures de protection et de restaurations des rives des cours d’eau et des zones humides, s’adressant principalement à des agriculteurs volontaires et financièrement aidés. Pour protester, des tonnes de fumier sont épandues, des tranchées creusées dans des prairies humides, des feux de pneus et de paille allumés. Le journal de l’Environnement relate (3): « <i>La scène s’est déroulée le 18 septembre dernier dans le domaine de la Maison du parc naturel régional du Morvan, à Saint-Brisson (Nièvre). C’est là que près de 70 engins agricoles et leurs quelque 150 conducteurs, encartés à la FDSEA du département, chez les Jeunes Agriculteurs ou sans étiquette, ont convergé pour quelques heures d’un face-à-face tendu avec les responsables du PNR. Le tout sous le regard placide des gendarmes, qui ont laissé les alentours soignés de la Maison du parc se transformer en terrain vague boueux, pendant que des agents du parc se faisaient prendre à partie par des agriculteurs </i>»<br />
<br />
<br />
En septembre dernier, des agriculteurs bretons brûlent les bâtiments de la Mutuelle Sociale Agricole (leur caisse de sécurité sociale) et des Finances Publiques à Morlaix. Le président de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret, félicite publiquement les auteurs du saccage de Morlaix dans un communiqué <i>: « </i><i>Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu’ils ont fait. Il faut relativiser, il n’y a pas eu mort d’homme, c’est une forme de témoignage pour dire : </i><i>Écoutez-nous et un </i><i>ra</i><i>z</i><i>-le-bol des besogneux qui sont seulement bons pour avoir des contrôles</i> ».<br />
En ce mois de septembre, 4 actes violents ont eu lieu contre des bâtiments publics, à Morlaix mais aussi <i> Toulouse, Sarrebourg </i><i>et Questemberg). </i><i>À ce jour aucune poursuite judiciaire n’a été engagée…</i><br />
<i></i><br />
<i></i><br />
<i>En octobre dernier, Xavier Beulin, le président de la FNSEA s’exprime publiquement (4) </i><i>à la suite de la mort du jeune Rémi Fraisse </i><i>et compare les zadistes opposants au barrage de Sivens à « des djihadistes verts ».</i><br />
<i>Le 5</i><i> novembre dernier, </i><i>à l’appel de la FNSEA, de nombreux agriculteurs manifestent à Nantes pour protester contre les normes environnementales qu’ils jugent trop contraigna</i><i>n</i><i>tes. Durant cette manifestation plusieurs agriculteurs </i>s’en sont pris à des ragondins, « <i>des nuisibles</i> » (5) : « <i>Au cours des actions de la journée, des agriculteurs ont jeté et violenté, couvert de peinture, frappé à coups de pieds et écrasé des ragondins qu’ils ont amenés et déversés en pleine ville. Ces lâchers ont eu lieu à plusieurs reprises, à la vue de tous et face à un large public de manifestants. Un comble au moment même où la FNSEA lance une campagne de communication sur le bien-être animal</i> », écrit L214 dans un communiqué du 6 novembre 2014. Selon Brigitte Gothière, directrice de L214, « <i>Un syndicat qui cautionne des actes d’une telle violence révèle son vrai visage : celui de l’élevage intensif et de la maltraitance institutionnalisée, des poulets et cochons entassés dans des hangars, des animaux castrés à vif, des veaux écornés au fer, et des truies et des poules encagées</i>. »<br />
<br />
<br />
En novembre dernier, le blocage des axes routiers autour de Paris par les agriculteurs a été marqué par deux accidents de la route (6), dont un mortel. Si une enquête a été ouverte, aucune poursuite n’est aujourd’hui connue contre la FDSEA Île-de-France, qui organisait la manifestation. Celle-ci estime que la responsabilité de l’accident incombe au gouvernement (7) qui n’avait pas mobilisé suffisamment de forces de l’ordre.<br />
<br />
<br />
Sur le barrage de Sivens, dans les jours qui ont précédé l’évacuation du site par les forces de l’ordre le 6 mars dernier (8), les fédérations départementales de la FNSEA du Tarn, de l’Aveyron, du Tarn-et-Garonne se sont mobilisées, envoyant sur place de véritable milices qui ont encerclé la ZAD, tentant d’imposer un blocus, faisant monter la pression, sous le regard amusé des forces de l’ordre.<br />
Et je ne parlerai pas des milices qui sont créées par agriculteurs pour surveiller leurs biens à la suite de vols, ou bien encore des menaces lancées à l’encontre du gouvernement à propos du paiement des taxes sur l’eau (le principe pollueurs-payeurs qui auraient du être mis en place par les agences de l’eau, qui est pour le moment payés par les usagers…).<br />
<br />
<br />
Toutes ces exactions, le plus souvent totalement impunies, sont à mettre en rapport avec la sévérité des poursuites menées contre les militants de la Confédération Paysanne. La complicité bienveillante des services de l’État à l’égard du syndicat majoritaire n’est plus à démontrée… Celle du gouvernement non plus, et je ne rappellerai que deux « anecdotes » qui en disent long sur le sujet.<br />
Tout d’abord la participation du Président de la République aux 30 ans de Sofiprotéol, le 3 décembre 2013, l’empire agro-industriel de Xavier Beulin qui pèse plus de 7 milliards d’euro de chiffre d’affaire annuel (<i>voir article sur Sofiprotéol, « La pieuvre agro-industrielle » en page 20 </i><i>de ce numéro</i>).<br />
<br />
<br />
Enfin la participation des trois ministres de la République, Stéphane Le Foll (Agriculture), Guillaume Garot (Agroalimentaire), Philippe Martin (Écologie), aux États généraux de l’Agriculture, organisés par la FNSEA le 21 février 2014, juste après la menace lancée par Xavier Beulin quelques jours auparavant : « <i>Il ne faut pas grand-chose pour mettre des milliers d’agriculteurs dans la rue ; ces États généraux, c’est un peu ceux de la dernière chance. C’était ça ou la chienli</i>t »<br />
<br />
<br />
Les dérives pour le moins ultra-droitières de la FNSEA se succèdent avec trop de régularité pour qu’elles soient le fruit du hasard. L’intervention des troupes de Xavier Beulin à Sivens fait parfaitement l’affaire du gouvernement. Petits arrangements entre amis ? Cela irait dans le sens de l’analyse de Yannis Youlountas… (voir l’article sur Sivens en page 13). De là à penser qu’un accord aurait été passé entre Hollande et Beulin, le premier donnant satisfaction au second quant à « <i>l’ultra-libéralisation</i> » de l’agriculture française, le second offrant au premier la mise à disposition de sa force de frappe (à moins que cela ne soit le contraire !…), il y a un petit fleuve côtier que certains n’hésitent pas à franchir.<br />
<br />
<br />
<i><b>Notes</b></i><br />
<i>(1) Voir l’article publié par Basta mag le 26 juin 2013, « La FNSEA expulse des gens du voyage avec du lisier » : <a href="http://bit.ly/1GyiqyK" target="_blank">http://bit.ly/1GyiqyK</a></i><br />
<i>(2) </i>Minga, Uravif (Union régionale des associations pour la promotion et la reconnaissance des droits des Tsiganes et Gens du voyage en Île-de-France) et l’Halem (Habitants de Logements Éphémères ou Mobiles).<br />
(3) Le Journal de l’Environnement : <a href="http://bit.ly/1A9lyZL" target="_blank">http://bit.ly/1A9lyZL</a><br />
(4) Voir l’Express du 29 octobre : <a href="http://bit.ly/1BjGsdE" target="_blank">http://bit.ly/1BjGsdE</a><br />
(5) Voir le reportage vidéo sur la site de Télé Nantes : <a href="http://bit.ly/1MlEZFh" target="_blank">http://bit.ly/1MlEZFh</a><br />
(6) Le Parisien, « un mort sur les barrages, les agriculteurs lèvent le blocus » : <a href="http://bit.ly/1BZ86gw" target="_blank">http://bit.ly/1BZ86gw</a><br />
(7) Voir article dans le JDD du 21 novembre : <a href="http://bit.ly/184ucCc" target="_blank">http://bit.ly/184ucCc</a><br />
(8) Voir article sur le site du Lot en Action : <a href="http://bit.ly/1wNTujN" target="_blank">http://bit.ly/1wNTujN</a><br />
<div style="text-align: center;">
***</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-19946558801055056672015-03-09T20:50:00.002+00:002015-03-19T10:55:47.543+00:00Agrocarburants: le cadeau de 54 millions d’euros au président de la FNSEA***<br />
<div style="text-align: center;">
<a data-mce-href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg" href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg"><img alt="LOGO_mediapart" class="aligncenter size-medium wp-image-513" data-mce-src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" height="216" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="alignnone" data-mce-src="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/AVRIL.jpg" src="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/AVRIL.jpg" height="164" width="308" /></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="alignnone" data-mce-src="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/SOFIPROTEOL.png" src="http://www.apli-nationale.org/TELECHARGEMENTS/SOFIPROTEOL.png" height="76" width="424" /></div>
<a data-mce-href="http://www.mediapart.fr/journal/france/091012/agrocarburants-le-cadeau-de-54-millions-d-euros-au-president-de-la-fnsea" href="http://www.mediapart.fr/journal/france/091012/agrocarburants-le-cadeau-de-54-millions-d-euros-au-president-de-la-fnsea" target="_blank"><strong>(ARCHIVES) Agrocarburants: le cadeau de 54 millions d’euros au président de la FNSEA</strong></a><br />
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le
groupe agro-alimentaire Sofiprotéol devrait être le premier
bénéficiaire du renouvellement des agréments d’agrocarburants tout juste
annoncé par le gouvernement. Numéro un français du biodiesel, il est
présidé par Xavier Beulin, par ailleurs président de la FNSEA. La Cour
des comptes a pourtant déjà critiqué la rente financière dont bénéficie
sa société, en véritable championne des niches fiscales.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
L’annonce est passée inaperçue, glissée en fin de discours de clôture de <a data-mce-href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-conference-environnementale,5900-.html" href="http://www.developpement-durable.gouv.fr/-La-conference-environnementale,5900-.html" target="_blank">la Conférence environnementale,</a> mi-septembre <a data-mce-href="http://www.mediapart.fr/journal/france/140912/ecologie-les-promesses-de-hollande-un-changement-de-cap" href="http://www.mediapart.fr/journal/france/140912/ecologie-les-promesses-de-hollande-un-changement-de-cap">(voir ici</a> et e<a data-mce-href="http://www.mediapart.fr/journal/france/150912/conference-environnement-les-bonus-et-les-malus" href="http://www.mediapart.fr/journal/france/150912/conference-environnement-les-bonus-et-les-malus">ncore ici</a>) :
le gouvernement vient de décider de renouveler les agréments des
agrocarburants jusqu’à fin décembre 2015. Par ce système mis en place à
partir de 2004, les producteurs d’éthanol et de biodiesel reçoivent des
quotas de production de carburants pour lesquels ils sont exonérés d’une
partie de<a data-mce-href="http://www.douane.gouv.fr/page.asp?id=171" href="http://www.douane.gouv.fr/page.asp?id=171" target="_blank"> la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TIC)</a>. En 2012 et 2013, cette réduction fiscale s’élève à 8 € par hectolitre.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Cela
n’a l’air de rien. Mais la facture globale de cette niche fiscale est
faramineuse. Entre 2005 et 2010, elle représente 2,6 milliards d’euros
de manque à gagner pour l’État (en cumulé), estime la Cour des comptes <a data-mce-href="http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/La-politique-d-aide-aux-biocarburants" href="http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/La-politique-d-aide-aux-biocarburants" target="_blank">(voir ici son rapport)</a>.
Alors que la filière n’a réalisé que 1,5 milliard d’investissement,
pointe le même document. En 2012, cette exonération partielle de la TIC a
représenté un manque à gagner d'environ 196 millions d’euros pour le
budget de l’État.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
À l’origine,
ces agréments ont été accordés pour une durée de six ans. Le code des
douanes (article 265) n’en prévoit pas le renouvellement. Néanmoins, une
partie d’entre eux ont déjà été prolongés, puisque certains contrats
arrivaient à échéance dès 2010. Et le gouvernement vient donc d’annoncer
un nouveau round d’agréments pour trois années pleines.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Combien
va coûter cette rallonge de quotas ? La réponse se trouve dans le
projet de loi de finances 2013 : 250 millions d’euros affectés à
l’exonération plafonnée de taxe intérieure de consommation pour <i>« les esters méthyliques d’huiles végétales et animales »</i> (autrement dit, le biodiesel) et biogazoles de synthèse<a data-mce-href="http://www.mediapart.fr/files/plf_2013_thematique.pdf" href="http://www.mediapart.fr/files/plf_2013_thematique.pdf"> (voir ce document, p. 12)</a>. C’est le deuxième principal poste de dépense fiscale pour l’agriculture en 2013.</div>
<h2 data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
« Lubrifier les rapports avec les partenaires sociaux »</h2>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Mais
il y a un hic. Car ce montant est bien supérieur au total des
exonérations correspondant aux agréments prévus pour 2013. Dans le
tableau récapitulatif des agréments accordés, <a data-mce-href="http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/La-politique-d-aide-aux-biocarburants" href="http://www.ccomptes.fr/Publications/Publications/La-politique-d-aide-aux-biocarburants" target="_blank">que publie la Cour des comptes dans son rapport (p. 64),</a>
20,4 millions d’hectolitres de biodiesel sont prévus l’année prochaine.
Soit un coût global d’allègement de la TIC d’environ 160 millions
d’euros pour 2013.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Pourquoi,
alors, le gouvernement prévoit-il de dépenser 90 millions d’euros en
plus ? En fait ce chiffre correspond au report pur et simple, en 2013,
du montant total des agréments de 2012, à savoir 30,2 millions
d’hectolitres. Or, à y regarder de plus près, une société bénéficie plus
que toutes les autres de cette rallonge. C’est <a data-mce-href="http://www.sofiproteol.com/" href="http://www.sofiproteol.com/" target="_blank">Sofiprotéol-Diester Industries, </a>numéro
un du biodiesel en France. En 2013, si elle est autorisée à conserver
ses agréments de 2012, elle devrait ainsi recevoir un cadeau fiscal de
54,5 millions d’euros (voir notre calcul sous l’onglet Prolonger). Soit
presque les deux tiers des 78 millions d’euros de différence entre les
montants alloués à l’origine et ceux rallongés par le gouvernement.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Pour
le ministère de l’agriculture, qui a géré le dossier avec celui de
l’énergie, les 250 millions de dépense fiscale budgétés pour 2013 sont <i>« un chiffre indicatif, c’est du prévisionnel qui peut encore évoluer »</i>. La procédure se déroule dans le cadre européen, les agréments sont donc ouverts aux sociétés des autres États-membres.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="Xavier Beulin et Stéphane Le Foll au ministère de l&#039;agriculture, en mai 2012." data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/475_pixels/Jade%20Lindgaard/XBSLf.png" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/475_pixels/Jade%20Lindgaard/XBSLf.png" title="Xavier Beulin et Stéphane Le Foll au ministère de l&#039;agriculture, en mai 2012." /><br />
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Dans
tous les cas de figure, le premier bénéficiaire de la ristourne fiscale
sera bien le groupe Sofiprotéol. Or, cette société pionnière des
agrocarburants en France est présidée par Xavier Beulin, par ailleurs
président de… l<a data-mce-href="http://www.fnsea.fr/" href="http://www.fnsea.fr/" target="_blank">a Fédération nationale des exploitants agricoles (FNSEA)</a>, premier syndicat professionnel agricole. Cette double casquette ne crée-t-elle pas un conflit d’intérêts ? <i>« Mais pas du tout, je ne suis pas actionnaire de Sofiprotéol »</i>, répond Xavier Beulin, <i>« je
représente les intérêts de 250 000 producteurs d’oléagineux qui ont
accepté de construire une filière. On ne va quand même pas reprocher à
des paysans d’aller chercher de la valeur ajoutée pour leur activité »</i>.
Au téléphone, il reconnaît avoir plusieurs fois abordé la question du
soutien public aux agrocarburants avec le ministre de l’agriculture,
Stéphane Le Foll.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Pour Jérôme Frignet, chargé de mission à Greenpeace, <i>« ce renouvellement de l’exonération est une façon de lubrifier les rapports avec les partenaires sociaux »</i>
alors que le processus de la transition énergétique voulu par le
gouvernement risque de tendre les relations avec le monde agricole.
Opposée aux agrocarburants, Greenpeace considère que leur bilan
environnemental est mauvais, qu’ils contribuent à la hausse des prix
alimentaires, et retardent l’évolution écologique de l’agriculture
française. L'ONG riposte à l'annonce gouvernementale par la publication
d'un dossier de bilan <a data-mce-href="http://www.greenpeace.org/france/PageFiles/300718/Agrocarburants%20en%20France%20-%20%20Note%20Greenpeace%20France%20-%2010-2012.pdf" href="http://www.greenpeace.org/france/PageFiles/300718/Agrocarburants%20en%20France%20-%20%20Note%20Greenpeace%20France%20-%2010-2012.pdf" target="_blank">très critique des agrocarburants (à lire en cliquant ici).</a><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<i>« La situation de Xavier Beulin est quand même ambiguë, il y a mélange des genres, cela ressemble à un conflit d’intérêts »</i>, analyse de son côté <a data-mce-href="http://www.senat.fr/senateur/labbe_joel11099a.html" href="http://www.senat.fr/senateur/labbe_joel11099a.html" target="_blank">Joël Labbé</a>,
sénateur Europe Écologie-Les Verts (Morbihan) et auteur en juillet
dernier d’un amendement au collectif budgétaire supprimant l’exonération
de TIC pour les agrocarburants. <i>« C’est un interlocuteur privilégié
du gouvernement et le président d’une société directement intéressée par
une aide gouvernementale »</i>, poursuit-il au sujet du dirigeant de la FNSEA.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Son groupe a prévu de proposer de nouveau cet amendement lors de la discussion du projet de loi de finances 2013. C’est <i>« un point majeur »</i>,
ajoute-t-il, rappelant la volonté affichée par l’exécutif de chasser
les niches fiscales. En 2011, le même amendement avait déjà été défendu
par la sénatrice du Nord Marie-Christine Blandin, et soutenu par des
élus socialistes, dont Nicole Bricq, éphémère ministre de l’écologie du
premier gouvernement Ayrault. Dans son rapport sur les aides
dommageables à la biodiversité en 2011, le Centre d’analyse stratégique
(CAS) avait aussi ciblé cette niche fiscale <a data-mce-href="http://www.mediapart.fr/files/rapp_CAS.pdf" href="http://www.mediapart.fr/files/rapp_CAS.pdf">(voir ici ce rapport).</a></div>
<h2 data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Les trois quarts de l'aide publique</h2>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Dans
son rapport paru début 2012, la Cour des comptes s’intéresse de près
aux fondements de la fortune de Sofiprotéol (5,6 milliards d’euros de
chiffre d’affaires en 2010). Depuis le milieu des années 2000, <i>« les
agréments ont été en grande partie attribués au groupe Diester
Industries, qui regroupe suivant les années 70 à 74 % d’entre eux »</i>, estiment les auditeurs. Autrement dit, les trois quarts de l’aide publique aux agrocarburants.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/500_pixels/Jade%20Lindgaard/biodisel.png" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/500_pixels/Jade%20Lindgaard/biodisel.png" height="598" width="408" /><br />
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Sofiprotéol
est né en 1983, à l’initiative de producteurs d’oléoprotéagineux qui en
constituent l’actionnariat de référence. En 2010, le groupe employait
6 400 personnes. Il possède sept sites de production en France, et six
autres en Europe. Peu connu du grand public, le nom du groupe est apparu
dans l’actualité quand il a voulu acquérir le volailler Doux, en pleine
panade – offre retoquée par le tribunal de commerce de Quimper cet été.<br />
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
À entendre Xavier Beulin, l’exonération de TIC est indispensable à la survie de la filière. <i>« La filière Diester va perdre de l’argent en 2012, une de nos plus mauvaises années »</i>, notamment à cause de la hausse des prix des céréales qui renchérit ses coûts de production. Si bien que, pour lui, <i>« sans exonération, c’est de la vente à perte. On ne va quand même pas fermer cinq ou six usines ! »</i>. Pour le ministère de l’agriculture, le maintien de la niche doit <i>« accompagner
les producteurs de biocarburants de première génération qui sont aussi
ceux qui vont produire la deuxième, et garder chez nous cette industrie
dans le contexte d’une forte concurrence internationale, notamment de
l’Argentine ».</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Mais
c’est une véritable rente que Sofiprotéol s’est constituée au fil du
temps, grâce à la TGAP qui frappe les distributeurs et les pétroliers
qui n’incorporent pas assez d’“agro” dans leurs carburants : <i>« La
direction générale du trésor considère que les producteurs de
biocarburants bénéficient d’une rente assimilable à une subvention »</i>, écrivent les rapporteurs de la Cour des comptes.<br />
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/475_pixels/Jade%20Lindgaard/Salon.png" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/475_pixels/Jade%20Lindgaard/Salon.png" height="281" width="475" /><br />
<br /><br />
<br /></div>
<br />
<br />
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Ils ajoutent que <i>« compte
tenu de la lourdeur de la sanction que représente la TGAP, et faute de
source alternative d’approvisionnement extérieur compétitif, les
pétroliers et les distributeurs ont été contraints d’accepter que
Diester Industries récupère dans son prix la quasi-totalité du montant
de défiscalisation de la TIC »</i>. Une facture, au bout du compte, assumée par les consommateurs, analyse la Cour.<br />
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Les
exonérations de TIC vont décroître par palier à partir de 2014, pour
arriver à zéro au 31 décembre 2015, précise une source
gouvernementale. À l’en croire, le renouvellement des agréments était
nécessaire pour maintenir à 7 % le taux d’incorporation des
agrocarburants dans les carburants des automobilistes français.
D’origine européenne, cet objectif a été intégré dans la loi française.
Le gouvernement souhaite s’en tenir à ce plafond, voulant ainsi se
démarquer du précédent gouvernement qui avait cherché à accélérer le
processus. Mais en réalité, le taux d’incorporation avait été fixé à 7 %
dès 2010.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<i>« Quels seront la place et le rôle des agrocarburants dans le projet de loi sur la transition énergétique »</i>,
s’interroge Jérôme Frignet de Greenpeace, pour qui le bilan en emplois
et en retombées économiques de la filière est beaucoup moins avantageux
que ne le prétendent les industriels.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Alors
qu’ils sont critiqués de longue date et que la Commission européenne
vient de recevoir un rapport sévère de l’International food policy
rearch institute<a data-mce-href="http://www.ifpri.org/publication/assessing-land-use-change-consequences-european-biofuel-policies" href="http://www.ifpri.org/publication/assessing-land-use-change-consequences-european-biofuel-policies" target="_blank"> (IFPRI, voir ici)</a>
sur le bilan environnemental des agrocarburants, l’annonce de Jean-Marc
Ayrault n’a pas provoqué de remous. Peut-être parce qu’elle était
savamment insérée après une phrase annonçant que le gouvernement <i>« a
décidé de demander à nos partenaires européens et au niveau
international une pause dans le développement des biocarburants de
première génération »</i>. Soit à peu près le contraire de ce qu’il s’apprête à faire pendant trois ans.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
----</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b>Calcul du "cadeau" fiscal à Sofiprotéol-Diester Industrie :</b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
On
décompte environ 600 000 MT de moins en 2013 qu'en 2012 pour Diester
Industries, selon les agréments publiés par la Cour des comptes. Il faut
les multiplier par 11,36 pour les convertir en hectolitre.<br />
Si bien que cela donne :<br />
600 000 × 11,36 = 6 816 000 hl</div>
Soit 6.816.000 × 8€ = 54,5 millions d'euros de "cadeau" pour Sofiprotéol.Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-7473620340527855252015-02-27T10:27:00.003+00:002015-02-27T10:27:40.089+00:00Comment les agrocarburants ont conduit aux fermes-usines.<div style="text-align: center;">
...</div>
<div style="text-align: center;">
***</div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="alignnone" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L400xH124/siteon0-e5814.png" height="124" width="400" /></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="alignnone" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L460xH289/arton6987-66d2e.jpg" height="289" width="460" /></div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.reporterre.net/-Ecologie-">Ecologie -</a> -<a href="http://www.reporterre.net/ENQUETE-4-Comment-les" target="_blank"><strong> 4 - Comment les agrocarburants ont conduit aux fermes-usines</strong></a></div>
<br />
<div>
<div style="text-align: justify;">
Si Sofiprotéol a bâti sa fortune sur les agrocarburants, bien aidés par les pouvoirs publics, il assied désormais sa puissance dans le monde agricole par l’élevage. Rebondissant sur la crise du lait, il s’est positionné comme le leader de l’alimentation animale. Et favorise le développement des fermes-usines pour écouler ses stocks. Avec une nouvelle astuce pour faire accepter le tout : la méthanisation, nouvelle énergie propre à la mode.</div>
</div>
<hr />
<div style="text-align: justify;">
Sofiprotéol a donc construit son empire sur un agrocarburant, le diester, qu’il a <a href="http://www.reporterre.net/ENQUETE-3-L-incroyable-rente-des" target="_blank">abondamment financé grâce aux fonds publics</a>. Soit. Mais il reste un problème à régler : que faire des déchets issus de sa production<small> </small>?</div>
<div style="text-align: justify;">
Car la trituration, l’étape industrielle qui transforme le grain de colza ou de tournesol en huile végétale, laisse à sa suite un coproduit, qu’on appelle le tourteau. Pour 1 000 kg de ces graines qui donneront le diester, <a href="http://www.cetiom.fr/uploads/tx_cetiomlists/tourteaux_colza_vaches_laitieres_2013_01.pdf" rel="external" target="_blank">on obtient 560 kg de tourteaux</a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
Or la production de diester se faisant plus importante avec le boom des années 2000, le volume de tourteaux disponible est devenu chaque année plus conséquent.</div>
<div style="text-align: justify;">
Heureusement pour Sofiprotéol, ce tourteau constitue une nourriture très protéinée, parfaite pour remplacer dans l’alimentation animale le soja OGM tant décrié, venu d’Amérique. Cela tombe d’autant mieux que la filière des agrocarburants ne s’avère plus si rentable : <i>“Les tourteaux sont indispensables à l’équilibre économique de la filière huile alimentaire et carburant”</i>, <a href="http://www.cetiom.fr/fileadmin/cetiom/regions/Ouest/publications/RTR/2013/4-LO_Enjeux_strategie_filiere_RTR_Niort_janv13.pdf" rel="external" target="_blank">explique Luc Ozanne, à la direction des engagements Sofiprotéol</a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Valorisation indispensable en alimentation animale</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
Compte tenu des volumes à écouler, l’avenir du diester s’avère dépendre de la capacité des animaux à absorber ces tourteaux. C’est pourquoi, en 2007, Sofiprotéol prend le contrôle de Glon-Sanders, alors le n°1 en France de l’alimentation animale. La <i>"pieuvre Sofiprotéol“</i>, comme la qualifie Attac, participe également à l’offre publique d’achat d’Evialis, une autre entreprise spécialisée dans l’alimentation animale.</div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="aligncenter" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L460xH192/logo-17-edcef.jpg" height="192" width="460" /> </div>
<div style="text-align: center;">
<i>- Logo de la marque Sanders, appartenant désormais au groupe Avril -</i></div>
<div style="text-align: justify;">
Le colza est mis à la mode dans l’alimentation animale. Les coopératives s’y mettent, à l’image d’InVivo qui <i>“engage des études sur les coproduits </i> (du colza énergétique NDLR)<i> <a href="http://www.invivo-group.com/uploads/publication/2_publication.pdf" rel="external" target="_blank">et leur utilisation en alimentation animale”</a></i>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les chambres d’agriculture font de la réclame, comme celle de la Haute-Marne avec cette accroche : <a href="http://www.haute-marne.chambagri.fr/kit/fileadmin/documents/elevage/p1030001.htm" rel="external" target="_blank"><i>“Le tourteau de colza pur, ça marche aussi<small> </small>!!”</i></a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Dans le même temps, afin de rendre le colza digeste pour tous les animaux, l’entreprise met à contribution la recherche, celle de l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) notamment. On le teste même <a href="http://aviculture.reussir.fr/actualites/l-inra-teste-le-tourteau-de-colza-dans-l-aliment-de-canard-mulard:S5CIEL8G.html" rel="external" target="_blank">pour nourrir le canard</a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le tourteau se vend partout via des alliances, car <a href="http://www.prolea.com/?id=11128" rel="external" target="_blank"><i>"Sofiprotéol est associé à la plupart des acteurs économiques de l’agriculture, coopératives et négociants”</i></a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais le résultat tarde à venir : en 2009, les incorporations de tourteaux de colza dans l’alimentation animale <a href="http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf_primeur258.pdf" rel="external" target="_blank">sont de 31 000 tonnes</a> alors que la production de diester <a href="http://www.pleinchamp.com/grandes-cultures/actualites/oleoproteagineux-annee-difficile-pour-sofiproteol" rel="external" target="_blank">atteint 1,8 million de tonnes</a>. Le compte n’y est pas.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<h4 style="text-align: justify;">
<b>Le défaut de l’herbe : elle pousse toute seule</b></h4>
<div style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="aligncenter" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L460xH307/usine-4-0bf50.jpg" height="307" width="460" /> </div>
<div style="text-align: center;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: center;">
<i>- Usine Sanders en Bretagne -</i></div>
<div style="text-align: justify;">
Pour Sofiprotéol, il faut donc s’assurer de meilleurs débouchés. Les vaches laitières, très gourmandes en protéines, en représentent un très intéressant : la France, deuxième producteur laitier d’Europe, en compte alors pas loin de 4 millions. Problème, nos bovins consomment encore en majorité <i>“cette herbe suspecte de pousser toute seule”</i>, <a href="http://www.liberation.fr/economie/2001/01/31/fissures-dans-l-agricole_352920" rel="external" target="_blank">dixit un ancien dirigeant de la FNSEA</a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
C’est à ce moment-là qu’intervient la crise du lait, en 2008 et 2009. Elle marque le tournant. La FNPL (Fédération nationale des producteurs de lait), branche laitière de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) prône <a href="http://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/lait-contractualisation-manifestation-nationale-des-producteurs-a-angers_995698.html" rel="external" target="_blank">la contractualisation comme solution à la crise</a>.</div>
<div style="text-align: justify;">
De quoi s’agit-il<small> </small>? En échange de la collecte d’un volume de lait garanti, l’éleveur doit s’engager à acheter à sa coopérative tous les produits qu’elle peut lui vendre. En tête desquels… l’alimentation animale.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<img alt="-" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" height="11" width="8" /> <i>La contractualisation selon le rapport Racine :</i></div>
<dl>
<dt><a href="http://www.reporterre.net/IMG/pdf/doc_no2_rapport_racine_page_19_et_1.pdf" title="PDF - 1.9 Mo" type="application/pdf"><img alt="PDF - 1.9 Mo" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L52xH52/pdf-39070.png" height="52" width="52" /></a></dt>
</dl>
<div style="text-align: justify;">
<i>La Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL) avait commandé la rédaction d’un règlement intérieur de coopérative laitière au cabinet Racine de droit des affaires, en 2009, avant la contractualisation.</i></div>
<div style="text-align: justify;">
<i><br /></i></div>
<div style="text-align: justify;">
L’effet de levier d’un tel contrat serait une aubaine pour Sofiprotéol. Et qui est alors le vice-président de la FNSEA qui pousse dans le sens de cette contractualisation<small> </small>? Xavier Beulin, qui dirige en même temps Sofiprotéol…</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais la majorité des éleveurs refuse cette clause, tout comme de négocier un contrat en direct avec leur laiterie - souvent des géants comme Lactalis ou Sodiaal. Et devant la levée de boucliers provoquée par cette idée, le projet est plus ou moins abandonné.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<h4 style="text-align: justify;">
<strong>Un fonds laitier géré par Sofiprotéol</strong></h4>
<div style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div style="text-align: justify;">
Au même moment (2008), un fonds interprofessionnel laitier se crée, le Fedil, doté de 15 millions d’euros, pour soutenir la filière laitière. Et à qui est confiée la gestion du Fédil<small> </small>? A Sofiprotéol.</div>
<div style="text-align: justify;">
Joli tour de passe-passe : on ouvre la porte du marché laitier à l’activité industrielle de Sofiprotéol, mais on justifie ce choix par son activité financière. Le mélange des genres est total : <i>“Les élevages laitiers constituent le premier débouché des tourteaux de colza. Il était donc naturel que Sofiprotéol mît son savoir-faire d’établissement financier à la disposition du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) pour gérer son Fonds de développement des entreprises de transformation laitière (FeDil)”</i>, déclare Sofiprotéol dans son rapport d’activité 2011.</div>
<div style="text-align: justify;">
<img alt="-" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" height="11" width="8" /> <i>L’extrait du rapport d’activité :</i></div>
<dl>
<dt><a href="http://www.reporterre.net/IMG/pdf/doc_no_4._page16_rapport_activite_sofiproteol_2011.pdf" title="PDF - 116.6 ko" type="application/pdf"><img alt="PDF - 116.6 ko" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L52xH52/pdf-39070.png" height="52" width="52" /></a></dt>
</dl>
<div style="text-align: justify;">
Les fermes tombent les unes après les autres. Les éleveurs sont pris en tenaille entre un prix du lait qui baisse et des charges en hausse : le prix de l’alimentation animale s’est envolé avec celui des céréales (en partie à cause des agrocarburants, qui réduisent l’offre), tandis que le prix du pétrole - nécessaire aux tracteurs, aux machines agricoles, aux engrais, etc. - flambe. Ils demandent une régulation des volumes de lait et un prix qui tienne compte de ces hausses. Sans être entendus. La contractualisation est finalement rendue obligatoire par la Loi de modernisation agricole en 2010. Elle impose un bras de fer très inégal. L’industrialisation de l’élevage est en route, comme le chantent les éleveurs laitiers :</div>
<div style="text-align: justify;">
<img alt="-" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" height="11" width="8" /> <i><a href="https://www.youtube.com/watch?v=5guMYOFphto&list=HL1358516684&feature=mh_lolz" rel="external" target="_blank">Vidéo des laitiers</a></i></div>
<div style="text-align: justify;">
Le Haut conseil à la coopération agricole (HCCA), alors présidé par… Xavier Beulin, chiffre en 2010 les conséquences dans un rapport au titre explicite : <i>La filière laitière française : la compétitivité aura un prix, des choix inéluctables</i>.</div>
<div style="text-align: justify;">
<img alt="-" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" height="11" width="8" /> <i>Télécharger le rapport :</i></div>
<dl>
<dt><a href="http://www.reporterre.net/IMG/pdf/hcca_la_compe_titivite_aura_un_prix.pdf" title="PDF - 2.7 Mo" type="application/pdf"><img alt="PDF - 2.7 Mo" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L52xH52/pdf-39070.png" height="52" width="52" /></a></dt>
</dl>
<div style="text-align: justify;">
Le scenario prévoit la réduction par deux ou par trois du nombre de fermes laitières à l’horizon 2035. <a href="http://reporterre.net/ENQUETE-1-Le-maitre-cache-de-l" rel="external" target="_blank">Le résultat est connu</a> : il faut compenser par de grandes fermes.</div>
<div style="text-align: justify;">
<strong>Le colza, la solution à tous vos problèmes...</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
D’ailleurs, Xavier Beulin ne s’en cache pas : les troupeaux doivent s’agrandir nous dit-il. C’est le seul moyen de s’en sortir :</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<img alt="-" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" height="11" width="8" /> <i>Ecouter Xavier Beulin :<a href="http://www.reporterre.net/ENQUETE-4-Comment-les"> Aller à la page===></a>
</i></div>
<div style="text-align: justify;">
De son côté, un éleveur d’Ille-et-Vilaine, premier bassin laitier de France explique : <i>“On fait grandir les exploitations laitières pour que les éleveurs achètent de plus en plus de colza. Plus le troupeau grandit, moins les vaches vont dehors. C’est trop compliqué de les sortir entre deux traites, de trouver assez de prairies à proximité. Vous verrez : plus il y a de vaches dans une ferme, plus les silos de granulés sont gros<small> </small>!”</i> Pour lui, pas d’alternative : ses animaux consomment du colza de Glon-Sanders, première filiale dans l’alimentation animale de Sofiprotéol.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Sans surprise, <a href="http://www.reporterre.net/Le-Dossier-de-la-ferme-usine-des" target="_blank">la ferme-usine des Mille vaches</a> prévoit elle aussi un régime à base de colza. Un vrai avantage selon ce document extrait du dossier présenté par l’actionnaire unique, M. Ramery, pour l’obtention des autorisations.</div>
<div style="text-align: justify;">
<img alt="-" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L8xH11/puce-32883.gif" height="11" width="8" /> <i>Dossier de la SCEA de La Cote de la justice, promoteur de la ferme-usine des Mille vaches :</i></div>
<dl>
<dt><a href="http://www.reporterre.net/IMG/pdf/doc_no5_tourteaux_de_colza_1000_vaches.pdf" title="PDF - 76.6 ko" type="application/pdf"><img alt="PDF - 76.6 ko" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L52xH52/pdf-39070.png" height="52" width="52" /></a></dt>
</dl>
<div style="text-align: justify;">
La ferme-usine des Mille vaches se fournit-elle chez Sofiprotéol pour son colza<small> </small>? Rien ne permet de le dire.</div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="aligncenter" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L460xH345/traite-b24b2.jpg" height="345" width="460" />
</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En tout cas, pour toutes les autres fermes-usines, faites le calcul : une vache ingère en moyenne <a href="http://www.cetiom.fr/uploads/tx_cetiomlists/tourteaux_colza_vaches_laitieres_2013_01.pdf" rel="external" target="_blank">3,5 kg de tourteau de colza par jour</a>. Soit, pour 1 000 vaches, 3 500 kg de tourteau de colza par jour et 1277 tonnes par an. Une bénédiction pour le diester<small> </small>! Comment ne pas souhaiter leur multiplication sur le territoire, quand on produit des tourteaux de colza<small> </small>?</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais cela ne suffit pas. Car en élevage laitier, la taille ne fait pas la compétitivité. Les fermes les plus rentables sont celles qui transforment le lait et récupèrent la valeur ajoutée autrement captée par les laiteries. Le meilleur exemple est celui des AOC de montagne (Beaufort, Comté, Abondance…) qui sont restées à l’abri de la crise.</div>
<h4 style="text-align: justify;">
<br /><strong>La rente de la méthanisation</strong></h4>
<div style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="aligncenter" src="http://www.reporterre.net/local/cache-vignettes/L460xH325/interinf-129b7.jpg" height="325" width="460" />
</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Alors comment permettre à une ferme géante d’être compétitive<small> </small>? La solution prônée, notamment par le rapport sur l’élevage laitier et allaitant du député Germinal Peiro en 2013, est de <a href="http://www.assemblee-nationale.fr/14/rap-info/i1237.asp" rel="external" target="_blank">valoriser les effluents d’élevage</a>. C’est-à-dire la bouse. Ou le lisier pour les cochons. Bienvenue dans le monde enchanté <a href="http://www.reporterre.net/La-methanisation-une-bonne" target="_blank">de la méthanisation</a>.</div>
<a href="http://www.reporterre.net/ENQUETE-4-Comment-les" target="_blank"><em>Lire la fin====></em></a>Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-57581775901602256352015-02-10T16:24:00.004+00:002015-02-10T16:24:37.295+00:00Excédents records : le très vilain petit secret que cachait le commerce extérieur allemand.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.atlantico.fr/sites/atlantico.fr/themes/atlantico/ui/img/logo.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.atlantico.fr/sites/atlantico.fr/themes/atlantico/ui/img/logo.png" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: center;">
<b><a href="http://www.atlantico.fr/decryptage/excedents-records-tres-vilain-petit-secret-que-cachait-commerce-exterieur-allemand-nicolas-goetzmann-1997165.html" target="_blank">Excédents records : le très vilain petit secret que cachait le commerce extérieur allemand</a></b></div>
<div class="copy-paste-block">
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div class="copy-paste-block">
<div style="text-align: justify;">
L'office fédéral allemand des statistiques
a annoncé lundi 9 février que les excédents commerciaux Outre-Rhin
avaient dépassé les 200 milliards d'euros en 2014. Si les admirateurs
récurrents du modèle allemand s'en servent pour confirmer leurs
hypothèses, cette "performance" illustre surtout les résultats d'une
politique économique agressive envers ses partenaires européens.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
<div class="copy-paste-block">
<div class="copy-paste-block">
<div class="first size-10" style="text-align: justify;">
Bien que
ce montant -217 milliards d’euros- soit dépourvu de toute réalité
quotidienne, sa signification apporte une grande fierté à l’Allemagne et
à ses admirateurs. Il s’agit du montant de l’excédent commercial de
biens allemands, qui atteint, pour cette année 2014, un nouveau record.
L’équivalent du PIB de la Grèce ou encore du Portugal.</div>
<div class="first size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Bien évidemment, ce type de publication
engendre toute une série de réactions admiratives et envieuses, face à
"l’insolente réussite allemande".</div>
<div class="size-10">
</div>
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</div>
</div>
<div class="size-10">
</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Le
modèle allemand, c’est "trop bien", c’est du solide. Par contre, le
fait objectif que ce surplus commercial soit à l’origine de
déséquilibres gigantesques au sein de la zone euro et qu’il soit une
cause majeure de la crise actuelle ne pèse pas bien lourd face à
l’émerveillement collectif.</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Pourtant, en mars 2014, même la Commission européenne <a href="http://ec.europa.eu/economy_finance/publications/occasional_paper/2014/pdf/ocp174_en.pdf">avouait</a> se préoccuper du problème posé par les excédents allemands :</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
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</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong><em>"L’Allemagne connaît des
déséquilibres macroéconomique qui exigent un suivi et une action
politique. En particulier, le compte courant a constamment enregistré un
excédent très élevé, ce qui reflète une forte compétitivité et une
grande quantité d'épargne investie à l’étranger. C’est aussi un signe
que la croissance domestique est restée faible et que les ressources
économiques n’ont pas été allouées de façon efficiente."</em></strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong><em><br /></em></strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong><em><br /></em></strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
De quoi s’agit-il ? Un excédent de compte
courant correspond à une différence favorable entre les exportations et
les importations. Le pays exporte plus qu’il n’importe, sa balance est
donc positive. Mais il ne s’agit pas là de l’explication la plus
satisfaisante. Car un tel excédent a également une autre
signification : <strong>La consommation allemande est tout simplement
insuffisante pour absorber sa production totale. Si le pays produit
beaucoup et consomme peu, un déséquilibre apparaît et il est alors
nécessaire d’exporter le surplus en question.</strong></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="copy-paste-block">
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Toute la
question repose alors sur la méthode employée pour parvenir à ce
résultat record de 217 milliards d’euros. Au cours des années 90,
l’Allemagne post-réunification souffre d’un chômage élevé et d’une
faible compétitivité. <strong>Afin de remédier à cette situation, et de
façon concomitante à l’arrivée de l’euro, le pays va mettre en place une
stratégie de contrainte salariale. Les salaires sont bloqués.</strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Dans une ambiance européenne de croissance
soutenue, l’Allemagne va alors bénéficier de la forte demande de ses
partenaires européens. A l’inverse, la demande intérieure allemande
pantoufle sagement en raison de la stagnation des salaires. Le
déséquilibre recherché commence à produire ses effets. Ainsi, les
exportations vont progresser d’autant plus que les salaires seront
stables, et ce, en surfant sur la croissance européenne, notamment des
pays périphériques.<strong> Pour être clair, l’Allemagne va "importer"
la demande des autres pays, ce qui revient à dire que le pays exporte
son chômage chez ses partenaires.</strong> Bien entendu, il ne s’agit
pas d’une stratégie coopérative mais bien d’une pure agression
économique. Mais à cette époque, au sein de la zone euro, c’est le sacre
du "vivre ensemble".</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Car si une telle stratégie peut être tolérée
dans une union afin de permettre à un pays de se redresser, certaines
limites doivent être respectées. Mais ces limites ont été explosées
depuis longtemps par l’Allemagne. Jusqu’à en arriver à cet excédent
commercial de 217 milliards d’euros.</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="copy-paste-block">
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong>Un
excédent qui ne se justifie aucunement par une quelconque "supériorité"
du travail allemand. En effet, si le pays avait réussi à se redresser
grâce à des efforts en termes d’investissement, de recherche et
développement, d’infrastructures modernes, d’éducation, bref, en une
amélioration de la productivité, cela se verrait dans les chiffres.</strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Au lieu de cela, les gains de productivité
allemands sont restés faibles (inférieurs à ceux de l’Espagne et
identiques à ceux de la Grèce entre 1998 et 2014). Les dépenses
d’investissement "productifs" (machines et équipement) n’ont progressé
que de 2.99% en termes nominaux au cours des 15 dernières années. Une
misère. La part globale de l’investissement est passée de 23% en l’an
2000 à moins de 20% en 2014. Les dépenses d’infrastructure ont suivi le
même chemin. Non. La conquête allemande ne s’est pas faite en améliorant
la productivité.</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="size-10">
</div>
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</div>
</div>
<div class="size-10">
</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<i><b>Seulement en baissant le part des salaires. Ce n’était pas la peine de faire compliqué.</b></i></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Mais cela a rendu les entreprises locales hyper compétitives.<strong>
Bêtement et naïvement, les entreprises des autres pays européens ont
continué de partager la valeur ajoutée avec leurs salariés, ce qui a
provoqué leur perte. Le partage des richesses est décidemment une notion
"has been".</strong></div>
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</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Entre 2000 et 2014, la part des profits des
entreprises allemandes dans la valeur ajoutée a ainsi progressé de 60%
alors que la part des salaires ne progressait que de 30%. Du simple au
double. Sans hausse de salaires, les consommateurs allemands se
retrouvent bridés dans leurs achats, ils subissent une situation de
sous-consommation par rapport à la production.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="copy-paste-block">
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Mécaniquement, cette faible consommation va générer une hausse de l’épargne. <strong>Non pas une hausse de l’épargne des ménages allemand, mais des entreprises qui se retrouvent gavées de cash</strong>.
Et l’ironie de ce mécanisme est que, comme cela est précisé plus haut,
les entreprises allemandes ne vont pas profiter de cette situation
favorable pour investir dans leur pays. A quoi bon investir dans un pays
qui ne consomme pas ? Pas de dépenses dans les salaires, pas de
dépenses dans l’investissement. Entre 2000 et 2008 les entreprises
allemandes vont alors choisir de financer les déficits des pays
périphériques de la zone euro. Avec un succès très relatif.</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Mais depuis 2008, les pays périphériques
n’ont plus le droit de recourir aux déficits pour se protéger des
excédents allemands et sont "invités" à redresser leurs comptes. <strong>Mais
aussi longtemps que les excédents allemands existent, la seule solution
pour absorber de tels excédents est d’accepter une forte hausse du
chômage. Afin de rétablir l’équilibre.</strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
Evidemment, ces "autres" pays européens
pourraient être tentés de continuer à faire la même chose pour rattraper
leur retard. Le problème, c’est que cela n’est pas possible aussi
longtemps que l’Allemagne continue dans la même voie. Car si tout le
monde compte sur le voisin pour acheter sa production, il arrive un
moment où il n’y a plus de voisin.</div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong>L’Allemagne agit encore
aujourd’hui comme si elle était le malade de l’Europe, alors qu’elle est
en situation de plein emploi. La zone euro n’est plus une zone de
coopération, elle est une zone de compétition dure ou le plus fort ne
cesse d’appuyer sur son avantage.</strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div class="size-10" style="text-align: justify;">
A l’inverse, les vrais malades ne peuvent
pas compter sur un juste retour des choses. Pour les entreprises
allemandes, en Europe, c’est chacun mon tour. Tant pis pour les salariés
allemands, et tant pis pour les autres. Ces 217 milliards d’excédents
ne sont rien d’autre qu’une preuve flagrante du dysfonctionnement
européen. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
</div>
</div>
<div class="size-10">
<br /></div>
<br /></div>
</div>
</div>
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-73664205412010546032015-02-10T16:04:00.003+00:002015-02-10T16:04:36.097+00:00HSBC, une banque au lourd passé et au présent sulfureux<div data-mce-style="text-align: center;" style="text-align: center;">
<a data-mce-href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg" href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg"><img alt="LOGO_mediapart" class="aligncenter size-medium wp-image-513" data-mce-src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" height="216" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" width="300" /></a></div>
<div data-mce-style="text-align: center;" style="text-align: center;">
<strong><a data-mce-href="http://blogs.mediapart.fr/blog/cadtm/100215/swiss-leaks-hsbc-une-banque-au-lourd-passe-et-au-present-sulfureux" href="http://blogs.mediapart.fr/blog/cadtm/100215/swiss-leaks-hsbc-une-banque-au-lourd-passe-et-au-present-sulfureux" target="_blank">Swiss leaks : HSBC, une banque au lourd passé et au présent sulfureux</a></strong></div>
<div data-mce-style="text-align: center;" style="text-align: center;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
La
banque HSBC est revenue sur le devant de la scène. Selon les
informations publiées par plusieurs organes de presse le 9 février 2015,
180,6 milliards d’euros seraient passés, à Genève, par les comptes
HSBC, entre le 9 novembre 2006 et le 31 mars 2007 (soit en moins de 5
mois !) |1|. Mohamed VI roi du Maroc, des vedettes du monde du
spectacle, de multiples sociétés privées, auraient confié à HSBC la
mission de dissimuler au fisc et à la justice de leur pays une partie de
leurs revenus. Dans l’article ci-dessous, nous revenons sur l’histoire
passée et récente d’HSBC, une des principales banques privées à
l’échelle mondiale.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le
sigle HSBC signifie “Hong Kong and Shanghai Banking Corporation”. Dès
ses origines, la banque est mêlée au commerce international de drogues
dures. En effet, elle a été fondée dans le sillage de la victoire
britannique contre la Chine dans les deux guerres de l’opium (1839-1842
et 1856-1860). Ces deux guerres ont joué un rôle décisif dans le
renforcement de l’empire britannique et dans la marginalisation de la
Chine qui a duré environ un siècle et demi. Au cours de ces deux
guerres, le Royaume-Uni a réussi à imposer à la Chine d’accepter les
exportations britanniques d’opium en provenance de l’Inde (qui faisait
partie de l’empire britannique).</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
La Chine a bien tenté de s’opposer au
commerce de l’opium mais les armes britanniques, avec le soutien de
Washington, ont eu le dessus. Londres a créé une colonie à Hong Kong et,
en 1865, est fondée la Hong Kong and Shanghai Banking Corporation par
un commerçant écossais spécialisé dans l’importation d’opium (à
l’époque, 70 % du fret maritime qui passait par Hong Kong concerne
l’opium venu des Indes).</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Depuis
ce moment, l’histoire de la banque a suivi étroitement la politique
extérieure du Royaume-Uni et les intérêts du grand patronat britannique
en Asie. Après 1949 et la victoire de la Chine de Mao, la banque se
replie sur Hong Kong, resté territoire britannique. Ensuite, entre 1980
et 1997, elle développe ses activités aux États-Unis et en Europe. </div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Elle
ne déplace son siège social de Hong Kong à Londres qu’en 1993, avant la
rétrocession du territoire à la République populaire de Chine réalisée
en 1997. HSBC reste incontournable à Hong Kong dont elle émet 70 % des
billets de banques (le dollar de Hong Kong). Hong Kong constitue un
élément clé dans la chaîne du blanchiment d’argent accumulé par la
nouvelle classe dirigeante chinoise. Rappelons que le groupe mondial
HSBC employait 260 000 personnes en 2014, est présent dans 75 pays et
déclare 54 millions de clients |2|.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b>HSBC impliquée dans d’autres crimes financiers</b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<cite>Blanchiment, manipulation, vente abusive et frauduleuse, évasion fiscale... HSBC a plus d’un tour dans sa manche !</cite></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
En
plus du blanchiment d’argent de la drogue et du terrorisme |3|, HSBC
est impliquée dans d’autres affaires : la manipulation du marché des
taux de change (l’affaire a éclaté en 2013 et porte sur un marché
quotidien de 5 300 milliards de dollars) |4|, la manipulation des taux
d’intérêt interbancaire (dont le Libor) |5|, </div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
la vente abusive et
frauduleuse de dérivés sur les taux d’intérêt, la vente abusive et
frauduleuse de produits d’assurances aux particuliers et aux PME au
Royaume-Uni (la FSA, l’autorité de contrôle britannique, a poursuivi
HSBC dans cette affaire qui a révélé que la banque a vendu des
assurances ne servant à rien ou si peu ! |6|), la vente abusive de
Mortgage Backed Securities aux Etats-Unis, la manipulation du cours de
l’or et du cours de l’argent (l’affaire a éclaté en janvier-février
2014 |7|) et l’organisation à une échelle massive de l’évasion fiscale
des grosses fortunes (voir ci-dessous).</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b>Hervé Falciani, le Edgar Snowden d’HSBC ? </b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Hervé
Falciani, un citoyen franco-italien, a travaillé aux services
informatiques de HSBC Suisse à Genève de 2006 à 2008. Avant de quitter
la banque, il a copié 127 000 fichiers qui relient HSBC à des opérations
massives de fraude et d’évasion fiscale dans laquelle elle joue un rôle
souvent actif. Il s’installe en France. La Suisse décide de l’arrêter
et lance un mandat d’arrêt international via Interpol pour « <i>soustraction de données</i> », « <i>violation du secret bancaire et du secret commercial</i> » et « <i>présomption de service de renseignements économiques</i> ». Il faut souligner que la Suisse n’a pas attaqué HSBC.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Début
2009, le domicile niçois de Falciani fait l’objet d’une perquisition
effectuée par la police locale. Les infos qu’il détient sont
explosives : parmi les 127 000 fichiers se trouvent des exilés fiscaux
français (8 231 selon Falciani), belges (plus de 800), espagnols (plus
de 600 noms), grecs (la fameuse liste dite Lagarde car la ministre
française l’a remise aux autorités grecques en 2010, elle contient
environ 2 000 noms), allemands, italiens, mexicains, états-uniens...
Hervé Falciani remet tout ou une partie des informations qu’il détient
aux autorités françaises et à celles d’autres pays.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Ensuite,
selon ses dires, il collabore avec les autorités de Washington
auxquelles il livre des informations qui font avancer l’affaire du
blanchiment par HSBC de l’argent des cartels de la drogue du Mexique et
de Colombie. Puis il se rend en Espagne en 2012 afin de collaborer avec
les autorités espagnoles. Il y est d’abord arrêté en application du
mandat d’arrêt lancé par la Suisse. La Suisse insiste pour que l’Espagne
lui livre Hervé Falciani, ce que l’Espagne refuse en mai 2013 car la
justice espagnole le considère comme un témoin privilégié dans plus
grandes affaires de fraude et d’évasion fiscale |8|. En effet, la
communication aux autorités espagnoles des données dérobées par H.
Falciani avait permis dès 2011 de découvrir une grande quantité d’argent
(environ 2 milliards €) déposée en Suisse par des membres de la famille
d’Emilio Botin, le président de Santander (la première banque
espagnole).</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Celui-ci,
acculé, a versé aux autorités espagnoles 200 millions € d’amende. Les
données livrées par H. Falciani ont également débouché sur le scandale
du financement frauduleux du Parti Populaire, le parti du premier
ministre Mariano Rajoy |9|. La justice espagnole fournit une protection
policière permanente à Hervé Falciani. Les autorités belges et
françaises rencontrent H. Falciani et utilisent les données fournies,
instruisent des dossiers. Il n’est pas du tout certain que cela
débouchera sur des condamnations pour fraude car il est plus que
probable que des arrangements financiers (en Belgique, cela s’appelle
des régularisations fiscales) permettront aux fraudeurs d’y échapper.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Il
faut souligner que, dans cette affaire, non seulement la Suisse cherche
à arrêter le lanceur d’alerte, c’est le cas également en Grèce où la
justice a arrêté l’éditeur de la revue « Hot Doc », Kostas Vaxevanis,
parce qu’il avait osé publier en octobre 2012 la liste
Lagarde-HSBC-Falciani que les autorités grecques avaient égarée depuis
trois ans |10|. Suite aux réactions citoyennes en Grèce et sur le plan
international, le journaliste a finalement été acquitté lors de son
procès. Il n’est pas facile de dénoncer une banque et les riches
fraudeurs qu’elle protège ou, ce qui revient à peu près au même, de
dénoncer les riches fraudeurs qui protègent les banques et leur
sacro-saint secret bancaire. Il y a bien une véritable symbiose entre
les grandes banques et la classe dominante, comme existent des
passerelles permanentes entre les gouvernants et les grandes
entreprises, en particulier celles de la finance.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b>HSBC a décidé de contourner une directive de l’Union européenne</b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
En
2013, l’Union européenne a annoncé qu’elle fixait une limite aux bonus
que pouvaient recevoir les dirigeants et les traders d’une banque. Le
bonus ne peut pas être supérieur au double de la rémunération salariale
fixe. Si un dirigeant a une rémunération fixe de 1,5 million d’euros par
an, les bonus ne pourront pas dépasser 3 millions d’euros (donc une
rémunération totale de 4,5 millions). Qu’à cela ne tienne, la direction
d’HSBC a annoncé en février 2014 qu’elle allait fortement augmenter la
rémunération fixe de ces dirigeants afin que leur bonus ne soit pas
réduit |11|.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b>Conclusion</b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
La
banque HSBC devrait être fermée, sa direction devrait être licenciée
sans indemnité et poursuivie en justice. Le mastodonte HSBC devrait être
divisé sous contrôle citoyen en une série de banques publiques de
taille moyenne dont les missions devraient être strictement définies et
exercées dans le cadre d’un statut de service public.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
-----------------------------------</div>
Notes<br />
<br />
|1| Voir notamment <a data-mce-href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/08/swissleaks-revelations-sur-un-systeme-international-de-fraude-fiscale_4572319_3234.html" href="http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/08/swissleaks-revelations-sur-un-systeme-international-de-fraude-fiscale_4572319_3234.html" target="_blank">http://www.lemonde.fr/economie/arti...</a><br />
|2| Voir son site official : <a data-mce-href="http://www.hsbc.com/about-hsbc" href="http://www.hsbc.com/about-hsbc" target="_blank">http://www.hsbc.com/about-hsbc</a><br />
|3| Voir Eric Toussaint, « Les barons de la banque et de la drogue », publié le 14 avril 2014, <a data-mce-href="http://cadtm.org/Les-barons-de-la-banque-et-de-la" href="http://cadtm.org/Les-barons-de-la-banque-et-de-la" target="_blank">http://cadtm.org/Les-barons-de-la-b...</a><br />
|4| Voir Eric Toussaint, <a data-mce-href="http://cadtm.org/Comment-les-grandes-banques" href="http://cadtm.org/Comment-les-grandes-banques" target="_blank">http://cadtm.org/Comment-les-grande...</a><br />
|5| Voir <a data-mce-href="http://cadtm.org/Les-grandes-banques-et-la" href="http://cadtm.org/Les-grandes-banques-et-la" target="_blank">http://cadtm.org/Les-grandes-banque...</a> publié le 30 avril 2014<br />
|6| Le Monde, “Cernée par les scandales, HSBC ternit un peu plus la réputation de la City”, 1er août 2012.<br />
|7|
Financial Times, “Fears over gold price rigging put investors on alert.
German and UK regulators investigate”, 24 février 2014.<br />
|8| Le Soir, « Vol de fichiers bancaires chez HSBC : le récapitulatif », 8 mai 2013, <a data-mce-href="http://www.lesoir.be/239380/article/economie/2013-05-08/vol-fichiers-bancaires-chez-hsbc-recapitulatif" href="http://www.lesoir.be/239380/article/economie/2013-05-08/vol-fichiers-bancaires-chez-hsbc-recapitulatif" target="_blank">http://www.lesoir.be/239380/article...</a><br />
|9| Le Monde, "Evasion fiscale : le parquet espagnol s’oppose à l’extradition de Falciani, ex-employé de HSBC", 16 avril 2013 <a data-mce-href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/04/16/evasion-fiscale-le-parquet-espagnol-s-oppose-a-l-extradition-de-falciani-ex-employe-de-hsbc_3160636_3214.html" href="http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/04/16/evasion-fiscale-le-parquet-espagnol-s-oppose-a-l-extradition-de-falciani-ex-employe-de-hsbc_3160636_3214.html" target="_blank">http://www.lemonde.fr/europe/articl...</a> The New York Times, "A Banker’s Secret Wealth", 20 septembre 2011, <a data-mce-href="http://www.nytimes.com/2011/09/21/business/global/spain-examines-emilio-botins-hidden-swiss-account.html?pagewanted=all" href="http://www.nytimes.com/2011/09/21/business/global/spain-examines-emilio-botins-hidden-swiss-account.html?pagewanted=all" target="_blank">http://www.nytimes.com/2011/09/21/b...</a>
"The French government passed on to Spain data that it had obtained
from Hervé Falciani, a former employee in HSBC’s Swiss subsidiary,
naming almost 600 Spanish holders of secret bank accounts. Among those
was one belonging to the estate of Mr. Botín’s father." <a data-mce-href="http://www.nytimes.com/2011/09/21/business/global/spain-examines-emilio-botins-hidden-swiss-account.html?pagewanted=all" href="http://www.nytimes.com/2011/09/21/business/global/spain-examines-emilio-botins-hidden-swiss-account.html?pagewanted=all" target="_blank">http://www.nytimes.com/2011/09/21/b...</a><br />
|10| Kostas Vaxevanis, "Pourquoi j’ai publié la liste Lagarde", The Guardian, 31 octobre 2012<br /> "<a data-mce-href="http://www.presseurop.eu/fr/content/article/2977791-pourquoi-j-ai-publie-la-liste-lagarde" href="http://www.presseurop.eu/fr/content/article/2977791-pourquoi-j-ai-publie-la-liste-lagarde" target="_blank">http://www.presseurop.eu/fr/content...</a><br />
|11| Financial Times, “HSBC plans to sidestep EU Bonus cap revealed”, 25 février 2014.<br />
Eric Toussaint, auteur de <a data-mce-href="http://www.cadtm.org/Bancocratie" href="http://www.cadtm.org/Bancocratie" target="_blank">Bancocratie</a>
(Editions Aden, Bruxelles, 2014), maître de conférence à l’université
de Liège, est porte-parole du CADTM international et membre du conseil
scientifique d’ATTAC France.Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-16193468037747781632015-02-06T09:40:00.001+00:002015-02-06T09:40:13.846+00:00Questions sur la dette grecque....<br />
<div>
<div style="text-align: justify;">
La dette a servi de prétexte dans
tous les pays européens pour mener des politiques d’austérité drastiques
qui ont amené l’Europe au bord de la déflation et qui ont eu des
conséquences sociales dramatiques. La dette grecque est aujourd’hui au
cœur de l’affrontement entre le nouveau gouvernement du pays et les
institutions européennes.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>1) D’ou vient-elle ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Quadruplant
pendant la dictature des colonels entre 1967 et 1974, elle a continué à
croître par la suite à cause de l’importance des dépenses militaires
(4% du PIB, contre 2,4% en France) dont les entreprises européennes
d’armement ont été les grandes bénéficiaires, des dépenses somptuaires,
pour la plupart inutiles, des jeux olympiques de 2004, de la corruption
généralisée des classes dirigeantes et de l’impossibilité de faire payer
l’impôt aux plus riches, parmi lesquels l’Église orthodoxe et les
armateurs.</div>
<div style="text-align: justify;">
La croissance de la
dette depuis la crise est le produit de l’effet combiné des cures
d’austérité, qui ont plongé le pays dans la dépression, et de la
spéculation financière qui fait exploser les taux d’intérêt. En 2009,
avant même l’éclatement de la crise de la dette grecque, les banques se
refinançaient auprès de la Banque centrale européenne (BCE) au taux de 1
% et prêtaient à la Grèce à 6 %, ce taux passant même à 12 % début
2010. Salué par la plupart des commentateurs, le retour de la Grèce sur
les marchés financiers en avril 2014 s’est traduit par un emprunt à un
taux de 4,75 % alors que le taux de refinancement des banques était de
0,25 %. Conséquence : la dette est passée de 113 % du PIB en 2009 à 174 %
aujourd’hui et se monte à 319 milliards d’euros et ce, malgré une
timide restructuration en mars 2012.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>2) Que penser de la première restructuration de la dette grecque ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Une
restructuration d’une dette consiste à en réduire le montant et/ou à en
étaler le remboursement. A partir d’avril 2010, la Grèce est soumise à
des attaques spéculatives de la part des marchés financiers. Les taux
d’intérêt explosent et le pays est au bord de la faillite ne pouvant
plus emprunter pour refinancer sa dette. L’Union européenne impose des
plans d’austérité massifs et met le pays sous la tutelle de la Troïka
composée de représentants du Fonds monétaire international (FMI), de la
Banque centrale européenne (BCE) et de la Commission européenne. De
nouveaux crédits sont accordés à la Grèce pour qu’elle rembourse ses
créanciers. Mais l’activité économique s’effondre et la dette continue
de croître pour atteindre 160 % du PIB en 2012.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Devant
cette situation, la Troïka accepte en mars 2012 une restructuration de
la dette grecque qui prend la forme d’un échange des anciennes
obligations contre des nouvelles obligations de valeur plus faible et de
durée plus longue. Elle concerne les créanciers privés (banques,
compagnies d’assurances, fonds d’investissement). Le montant de la dette
grecque concerné par cet échange atteint 206 milliards d'euros (sur une
dette publique globale de plus de 360 milliards). Les anciennes
obligations grecques sont échangées contre des obligations émises par le
Fonds européen de stabilité financière<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftn1" target="_blank" title="">[1]</a>
(FESF) et contre de nouvelles obligations grecques de maturité plus
longue. Au total, les créanciers privés vont perdre jusqu'à 107 des 206
milliards d'euros de dette grecque qu'ils détenaient.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En
fait, cette perte est toute théorique car en mars 2012, la valeur des
obligations grecques sur le marché secondaire était quasi nulle car la
Grèce était dans l’incapacité de les rembourser. Les banques et autres
compagnies d’assurance et fonds d’investissement ont donc échangé des
titres qui ne valaient plus rien contre des titres dont une partie est
garantie par le FESF et dont l’autre aurait beaucoup plus de chances
d’être remboursée par l’État grec. Une plutôt bonne affaire donc.</div>
<div style="text-align: justify;">
L'objectif
de cette restructuration était de réduire le poids de la dette, de plus
de 160% du PIB à 120 % en 2020. Elle s’est accompagnée de nouvelles
exigences de la Troïka qui a imposé au pays de nouveaux plans
d’austérité. Le résultat est connu : après une légère baisse au cours de
l’année 2012, le pays a subi une purge sociale sans précédent et le
poids de la dette a continué à augmenter.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>2) Qui la possède aujourd’hui ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Avant
la restructuration de mars 2012, la dette grecque était détenue à 57 %
par des investisseurs privés. Aujourd’hui, la situation est tout à fait
différente. L’essentiel de la dette grecque est détenu par des
créanciers publics : prêts bilatéraux des États européens 53 milliards
d’euros ; FESF : 141,8 milliards ; FMI : 32 milliards ; BCE :
27,7 milliards ; créanciers privés : 44 milliards d’euros. La question
de la dette grecque, avant d’être économique, est donc surtout
politique.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>4) Que dire des exigences de la Troïka ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
La
Troïka a fixé l’objectif que la dette grecque représente 120 % du PIB
en 2020. Elle en représente aujourd’hui 174 %. Il faudrait donc que le
niveau d’endettement diminue de 54 points en six ans, soit 9 points par
an en moyenne. Selon une étude de Natixis (<i>Flash Economie</i> n° 61, 29 janvier 2015), cela « supposerait de réaliser un excédent budgétaire primaire<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftn2" target="_blank" title="">[2]</a>
de l’ordre de 6 à 9 points par an en fonction des hypothèses de
croissance du PIB et de taux d’intérêt retenues. La Grèce, ni aucun
autre pays de la zone euro n’a réussi à atteindre durablement un tel
excédent primaire au cours de 25 dernières années ». Il s’agit donc d’un
objectif totalement irréaliste et inatteignable.</div>
<div style="text-align: justify;">
La
Grèce a réussi, au prix d’une dévastation sociale sans précédent, à
dégager un léger excédent primaire en 2014. Mais cela est totalement
insuffisant pour lui permettre de payer les intérêts de la dette - ils
représentent entre 20 et 25 % des dépenses de l’État contre 8,8 % en
France - , et de rembourser les titres arrivés à maturité. Or, en 2015,
le pays doit théoriquement rembourser 9 milliards au FMI, dont
2,3 milliards en février/mars, puis 6,7 milliards à la BCE au mois de
juin, et 15 milliards aux banques grecques. Il lui faudrait donc
continuer à emprunter pour rembourser cette dette. Malgré des efforts
inouïs, le peuple grec est toujours pris dans une spirale mortifère dont
il ne peut sortir.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>5) Que demande le nouveau gouvernement grec ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Il
a décidé d’en finir avec l’austérité et veut investir 12 milliards
d’euros pour répondre à l’urgence humanitaire et faire repartir
l’économie. Somme modeste en comparaison des 1000 milliards d’euros que
la BCE, dans le cadre du programme LTRO<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftn3" target="_blank" title="">[3]</a>
avait prêté aux banques, à un taux d’intérêt dérisoire, sans la moindre
contrepartie. Mais il est impossible au nouveau gouvernement grec de
tenir à la fois les échéances de remboursement et ses engagements
électoraux. Le piège risque donc de se refermer sur lui. C’est pourquoi
il demande un moratoire sur le paiement des intérêts de la dette, une
négociation sur sa restructuration qui permettrait d’en annuler une
partie et de conditionner le remboursement de la partie restante à
l’activité économique. Considérant que la question de la dette
empoisonne la vie de tous les peuples d’Europe, il demande la tenue
d’une conférence européenne sur le sujet. De nombreux économistes
considèrent qu’il faut aujourd’hui annuler toute ou partie de la dette
grecque. Ainsi l’ancien directeur Europe du FMI Reza Moghadam, passé à
la banque Morgan Stanley, qui supervisait donc les travaux de la Troïka,
estime qu’il faudrait aujourd’hui un allègement de 50 % de la dette
grecque.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>6) Y a-t-il eu des annulations de dette publique en Europe ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Le
cas le plus connu est celui de l’Allemagne. Lors de la Conférence de
Londres en 1953, sa dette avait été réduite de 62 % avec un délai de 30
ans pour le remboursement des créances restantes. Un moratoire de cinq
ans a été instauré, les taux d’intérêt ont été réduits et le service de
la dette ne pouvait pas dépasser 5 % des revenus d’exportation. Les
réparations dues par l’Allemagne ont été remises à plus tard au moment
de la réunification. La Grèce était directement concernée par ce point
puisque la banque centrale grecque avait été pillée par les nazis lors
de l’occupation du pays. Ce dommage est estimé aujourd’hui à 50
milliards d’euros, somme que le gouvernement allemand n’a jamais
remboursée. Le Royaume-Uni a aussi bénéficié d’un traitement de faveur
de la part des États-Unis au sortir de la seconde guerre mondiale<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftn4" target="_blank" title="">[4]</a>.
Plus récemment en 2013, la BCE a été obligée d’accepter en catimini une
restructuration de la dette irlandaise en échangeant des titres de
l’IBRC, une structure bancaire irlandaise issue de la fusion des deux
plus grosses banques en faillite du pays, contre des titres émis par
l’État irlandais, violant ainsi les traités européens<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftn5" target="_blank" title="">[5]</a>.
Ce cas illustre parfaitement que le respect des traités est à géométrie
variable et que loin d’être une question juridique, le traitement de la
dette est avant tout politique.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>7) Quelles seraient les conséquences d’un effacement de la dette grecque ?</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div style="text-align: justify;">
Les aides à la Grèce n’ont servi essentiellement qu’à payer les intérêts de la dette<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftn6" target="_blank" title="">[6]</a>.
Elles ont été conditionnées par l’application de plans d’austérité et
de réformes structurelles qui ont plongé le pays dans la dépression. Le
PIB a ainsi diminué de 25 % en cinq ans, ce qui a contribué à augmenter
le ratio dette/PIB. La Grèce a été ainsi prise dans une spirale
mortifère. Obligée de faire appel de nouveau à l’aide européenne, elle a
dû subir de nouveaux plans d’austérité qui n’ont fait qu’aggraver la
situation. Ces aides ont d’ailleurs permis aux prêteurs de s’enrichir
sur son dos<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftn7" target="_blank" title="">[7]</a> :
ils ont emprunté sur les marchés financiers à un taux relativement bas
pour prêter à la Grèce à un taux nettement plus élevé. C’est notamment
le cas de la France qui a prêté 40 milliards d’euros à la Grèce dans le
cadre de prêts bilatéraux ou par l'intermédiaire du FESF. Bref, l’aide à
la Grèce a surtout aidé ses créanciers.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Patrick Artus (<i>Flash Natixis</i>,
n° 12, 5 janvier 2015), que l’on ne peut soupçonner de complaisance
vis-à-vis de Syriza, note qu’un effacement total de la dette
grecque « ne changerait pas significativement la solvabilité budgétaire
des pays de la zone euro ». Les États pourraient par exemple effacer les
prêts bilatéraux (53 milliards) qu’ils ont accordés à la Grèce sans que
cela pèse sur leur dette puisque l’effet de ces prêts sur cette
dernière a été déjà comptabilisé.</div>
<div style="text-align: justify;">
Mais
c’est surtout la BCE qui peut résoudre facilement le problème de la
dette. Elle possède 27,7 milliards d’euros de la dette grecque et refuse
obstinément (pour le moment) toute annulation. Elle pourrait rayer d’un
trait de plume ces 27,7 milliards et pourrait aussi racheter aux
institutions publiques (États, FESF) les titres grecs que ces dernières
possèdent, et ce sans aucun risque économique. En effet, une banque
centrale ne court aucun risque financier puisqu’elle peut se refinancer
elle-même en cas de problème par création monétaire.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
La BCE a d’ailleurs acheté déjà des titres publics sur le marché secondaire : le SMP (<i>Securities Markets Programme</i>)
lui avait permis d’acheter 217 milliards d’euros d’obligations d’État
de mai 2010 au début 2012. Elle vient d’annoncer qu’elle allait acheter
sur le marché secondaire 60 milliards d’euros de titres par mois (dont
les deux tiers seront des obligations d’État) de mars 2015 à septembre
2016, soit en tout 1140 milliards. Elle pourrait donc, dans ce cadre,
tout à fait acheter de la dette grecque. Mais elle a décidé qu’elle
n’achèterait que les emprunts publics les mieux notés, sauf si le pays
accepte un programme d’aide du FMI, c’est-à-dire se soumet à la purge
sociale que sont les réformes structurelles. La BCE ne laisse le choix
qu’entre la ruine financière et la dévastation sociale. C’est évidemment
la Grèce qui est visée ici. Soit, elle accepte de continuer à se
soumettre au diktat de la Troïka, soit la BCE n’achète pas ses titres,
ce qui reviendrait à livrer la Grèce à la spéculation financière. On le
voit, la question n’est donc pas technique mais avant tout politique et
renvoie à l’avenir de l’Europe.</div>
<br />
<br />
<div align="center" class="aolmail_MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm; text-align: center;">
<hr align="center" size="1" width="100%" />
</div>
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftnref" target="_blank" title="">[1]</a>
Le FESF, Fonds européen de solidarité financière, créé en 2010, vise à
préserver la stabilité financière en Europe en fournissant une
assistance financière aux États de la zone euro. Cette aide est
conditionnée à l’acceptation de plans d’ajustement structurel.<br />
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftnref" target="_blank" title="">[2]</a>
Le solde primaire d’un Etat désigne sa situation budgétaire avant le
paiement du service de la dette. Ce dernier comprend les intérêts
annuels et le montant annuel de la dette à rembourser.<br />
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftnref" target="_blank" title="">[3]</a> Dans le cadre du programme <i>Long Term Refinancing Operation</i>
(LTRO), la BCE avait en deux fois, décembre 2011 et février 2012, prêté
1000 milliards d’euros aux banques dans l’espoir, resté vain, que
celles-ci prêteraient aux entreprises afin de relancer l’économie.<br />
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftnref" target="_blank" title="">[4]</a> Voir Christian Chavagneux, <a href="http://www.alterecoplus.fr/%25c3%2589conomie/christian-chavagneux/dette-la-grece-demande-ce-que-langleterre-et-lallemagne-ont-obtenu-201501301214-00000715.html" target="_blank">http://www.alterecoplus.fr/%25c3%2589conomie/christian-chavagneux/dette-la-grece-demande-ce-que-langleterre-et-lallemagne-ont-obtenu-201501301214-00000715.html</a><br />
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftnref" target="_blank" title="">[5]</a> Pour plus de détails sur cette affaire, voir Romaric Godin, <a href="http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20150128trib8834744bb/quand-la-bce-acceptait-une-restructuration-de-la-dette-irlandaise.html" target="_blank">http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20150128trib8834744bb/quand-la-bce-acceptait-une-restructuration-de-la-dette-irlandaise.html</a><br />
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftnref" target="_blank" title="">[6]</a>
Le montant total des aides à la Grèce s’élève à 240 milliards d’euros
(110 milliards décidés en mai 2010, et 130 milliards en mars 2012).<br />
<a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque/node/499393#_ftnref" target="_blank" title="">[7]</a>
La Grèce a cependant obtenu depuis mars 2012 que les profits réalisés
par la BCE sur les obligations d’Etat lui soient reversés.</div>
<div>
<div class="aolmail_MsoNormal" style="margin-bottom: .0001pt; margin: 0cm;">
<strong>URL source:</strong> <a href="http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque" target="_blank">http://blogs.mediapart.fr/blog/pierre-khalfa/040215/questions-sur-la-dette-grecque</a></div>
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-47284549343800734642014-12-22T11:43:00.001+00:002014-12-22T11:43:09.248+00:00Leçon de stratégie politique à l’usage de ceux qui veulent changer le monde...<br />
<br /><br />
<div style="text-align: justify;">
Je sais pertinemment que la clé pour comprendre l’histoire des cinq
siècles passés est l’émergence de catégories sociales spécifiques,
appelées “classes”. Laissez-moi vous raconter une anecdote. Quand le
mouvement des Indignés a commencé, sur la place de la Puerta del Sol,
des étudiants de mon département, le département de sciences politiques
de l’Université Complutense de Madrid, des étudiants très politisés (ils
avaient lu Karl Marx et Lénine) se confrontaient pour la première fois
de leur vie à des gens normaux.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ils étaient désespérés : “Ils ne comprennent rien ! On leur dit
qu’ils font partie de la classe ouvrière, même s’ils ne le savent pas !”
Les gens les regardaient comme s’ils venaient d’une autre planète. Et
les étudiants rentraient à la maison, dépités, se lamentant : “ils ne
comprennent rien”.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
[A eux je dis], <b>“Ne voyez-vous pas que le problème, c’est vous? Que la politique n’a rien à voir avec le fait d’avoir raison ?”</b>
Vous pouvez avoir la meilleure analyse du monde, comprendre les
processus politiques qui se sont déroulés depuis le seizième siècle,
savoir que le matérialisme historique est la clé de la compréhension des
mécanismes sociaux, et vous allez en faire quoi, le hurler aux gens ?
“Vous faites partie de la classe ouvrière, et vous n’êtes même pas au
courant !”</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
L’ennemi ne cherche rien d’autre qu’à se moquer de vous. Vous pouvez
porter un tee-shirt avec la faucille et le marteau. Vous pouvez même
porter un grand drapeau, puis rentrer chez vous avec le drapeau, tout ça
pendant que l’ennemi se rit de vous. Parce que les gens, les
travailleurs, ils préfèrent l’ennemi plutôt que vous. Ils croient à ce
qu’il dit. Ils le comprennent quand il parle. Ils ne vous comprennent
pas, vous. Et peut-être que c’est vous qui avez raison ! Vous pourrez
demander à vos enfants d’écrire ça sur votre tombe : “il a toujours eu
raison – mais personne ne le sut jamais”.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
En étudiant les mouvements de transformation qui ont réussi par le
passé, on se rend compte que la clé du succès est l’établissement d’une
certaine identification entre votre analyse et ce que pense la majorité.
Et c’est très dur. Cela implique de dépasser ses contradictions.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Croyez-vous que j’aie un problème idéologique avec l’organisation
d’une grève spontanée de 48 ou même de 72 heures ? Pas le moins du
monde ! Le problème est que l’organisation d’une grève n’a rien à voir
avec combien vous ou moi la voulons. Cela a à voir avec la force de
l’union, et vous comme moi y sommes insignifiants.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Vous et moi, on peut souhaiter que la terre soit un paradis pour
l’humanité. On peut souhaiter tout ce qu’on veut, et l’écrire sur des
tee-shirts. Mais la politique a à voir avec la force, pas avec nos
souhaits ni avec ce qu’on dit en assemblées générales. Dans ce pays il
n’y a que deux syndicats qui ont la possibilité d’organiser une grève
générale : le CCOO et l’UGT. Est-ce que cette idée me plaît ? Non. Mais
c’est la réalité, et organiser une grève générale, c’est dur.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
J’ai tenu des piquets de grève devant des stations d’autobus à
Madrid. Les gens qui passaient là-bas, à l’aube, vous savez où ils
allaient ? Au boulot. C’étaient pas des jaunes. Mais ils se seraient
faits virer de leur travail, parce qu’à leur travail il n’y avait pas de
syndicat pour les défendre.Parce que les travailleurs qui peuvent se
défendre ont des syndicats puissants. Mais les jeunes qui travaillent
dans des centres d’appel, ou comme livreurs de pizzas, ou dans la vente,
eux ne peuvent pas se défendre.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ils vont se faire virer le jour qui suivra la fin de la grève, et ni
vous ni moi ne serons là, et aucun syndicat ne pourra garantir qu’ils
pourront parler en tête-à-tête avec le patron et dire : “vous feriez
mieux de ne pas virer cet employé pour avoir exercé son droit de grève,
parce que vous allez le payer”. Ce genre de choses n’existe pas, peu
importe notre enthousiasme.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>La politique, ça n’est pas ce que vous ou moi voudrions qu’elle soit. Elle est ce qu’elle est, terrible.</b>
Terrible. Et c’est pourquoi nous devons parler d’unité populaire, et
faire preuve d’humilité. Parfois il faut parler à des gens qui n’aiment
pas notre façon de parler, chez qui les concepts qu’on utilise
d’habitude ne résonnent pas. Qu’est-ce que cela nous apprend ? Que nous
nous faisons avoir depuis des années. Le fait qu’on perde, à chaque
fois, implique une seule chose : que le “sens commun” des gens est
différent de ce que nous pensons être juste. Mais ça n’est pas nouveau.
Les révolutionnaires l’ont toujours su. La clé est de réussir à faire
aller le “sens commun” vers le changement.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<a class="external" href="http://es.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_Rendueles" target="_blank">César Rendueles</a>,
un mec très intelligent, dit que la plupart des gens sont contre le
capitalisme, mais ne le savent pas. La plupart des gens sont féministes
et n’ont pas lu Judith Butler ni Simone de Beauvoir. <b>Il y a plus de
potentiel de transformation sociale chez un papa qui fait la vaisselle
ou qui joue avec sa fille, ou chez un grand-père qui explique à son
petit-fils qu’il faut partager les jouets, que dans tous les drapeaux
rouges que vous pouvez apporter à une manif.</b> Et si nous ne parvenons
pas à comprendre que toutes ces choses peuvent servir de trait d’union,
l’ennemi continuera à se moquer de nous.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<b>C’est comme ça que l’ennemi nous veut : petits, parlant une langue
que personne ne comprend, minoritaires, cachés derrière nos symboles
habituels. Ca lui fait plaisir, à l’ennemi, car il sait qu’aussi
longtemps que nous ressemblerons à cela, nous ne représenterons aucun
danger.</b></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Nous pouvons avoir un discours très radical, dire que nous voulons
faire une grève générale spontanée, parler de prendre les armes, brandir
des symboles, tenir haut des portraits de grands révolutionnaires à nos
manifestations – ça fait plaisir à l’ennemi ! Il se moque de nous !
Mais quand on commence à rassembler des centaines, des milliers de
personnes, quand on commence à convaincre la majorité, même ceux qui ont
voté pour l’ennemi avant, c’est là qu’ils commencent à avoir peur. Et
c’est ça qu’on appelle la politique. C’est ce que nous devons apprendre.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il y avait un gars qui parlait de Soviets en 1905. Il y avait ce
chauve, là. Un génie. Il comprit l’analyse concrète de la situation. En
temps de guerre, en 1917, en Russie, quand le régime s’effondra, il dit
une chose très simple aux Russes, qu’ils soient soldats, paysans ou
travailleurs. Il leur dit “pain et paix”.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Et quand il dit ces mots, “pain et paix”, qui était ce que tout le
monde voulait (la fin de la guerre et de quoi manger), de nombreux
Russes qui ne savaient plus s’ils étaient “de gauche” ou “de droite”,
mais qui savaient qu’ils avaient faim, dirent : “le chauve a raison”. Et
le chauve fit très bien. Il ne parla pas au peuple de “matérialisme
dialectique”, il leur parla de “pain et de paix”. Voilà l’une des
principales leçons du XX<sup>e</sup> siècle.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il est ridicule de vouloir transformer la société en imitant
l’histoire, en imitant des symboles. Les expériences d’autres pays, les
événements qui appartiennent à l’histoire ne se répètent pas. La clé
c’est d’analyser les processus, de tirer les leçons de l’histoire. Et de
comprendre qu’à chaque moment de l’histoire, si le “pain et paix” que
l’on prononce n’est pas connecté avec les sentiments et les pensées des
gens, on ne fera que répéter, comme une farce, une tragique victoire du
passé.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<i>L’intervention (traduite ci-dessus) est disponible en version originale ici : <a class="external" href="https://www.youtube.com/watch?v=6-T5ye_z5i0&feature=youtu.be" target="_blank">https://www.youtube.com/watch?v=6-T5ye_z5i0&feature=youtu.be</a></i></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-48356253024651021002014-11-06T15:34:00.005+00:002014-11-27T11:28:34.098+00:00En Bretagne, le non-sens paysan.<div data-mce-style="text-align: center;" style="text-align: center;">
...</div>
<div data-mce-style="text-align: center;" style="text-align: center;">
<a data-mce-href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg" href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg"><img alt="LOGO_mediapart" class="aligncenter size-medium wp-image-513" data-mce-src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" height="216" width="300" /></a></div>
<div data-mce-style="text-align: center;" style="text-align: center;">
<a data-mce-href="http://www.mediapart.fr/journal/france/051114/en-bretagne-le-non-sens-paysan" href="http://www.mediapart.fr/journal/france/051114/en-bretagne-le-non-sens-paysan" target="_blank"><strong>En Bretagne, le non-sens paysan</strong></a></div>
<div data-mce-style="text-align: center;" style="text-align: center;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong>Crise
avicole, porcine, légumière, environnementale, crise du lait. Le modèle
agricole breton perd les bras et la tête. L’occasion de changer de
direction ? Surtout pas ! répondent les principaux acteurs. Enquête sur
un modèle agricole épuisé.</strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b>Finistère, de notre envoyé spécial.</b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b><br /></b></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<b>-</b><i>
« On est dans le mur et on accélère. Là, c’est le bloc moteur qui est
touché, mais quand ce sera l’habitacle, eh bien…, ce sera la
révolution. »</i> Gildas Leost, producteur de lait à Plabennec, près de
Brest, n’a rien d’un excessif. À 52 ans, il fait partie des bons élèves
de la production agricole bretonne. 85 vaches sur 75 hectares, une
production de lait multipliée par trois depuis son installation. Et
pourtant, il gagne moins. La Bretagne agricole va mal, ce n’est un
secret pour personne. Les dossiers emblématiques de Gad, Doux,
Tilly-Sabco (ces entreprises phares de l’agroalimentaire régional qui
ont fait parler d’elles pour leurs plans sociaux), les coups de colère
sporadiques, comme à Morlaix fin septembre, ne sont cependant que la
partie émergée de l’iceberg.<br />
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Pour reprendre les mots de Jean-Paul Vermot, conseiller municipal PS (opposition) de Morlaix, <i>«<i> </i>la Bretagne n’a plus le moral, on vit la fin d’un modèle<i> </i>»</i>, ou ceux d’Agnès Le Brun, maire UMP de la même ville, <i>«<i> </i>c’est désormais une bombe à fragmentation<i> </i>»</i>. <i>«<i> </i>Il
y a toujours eu des crises mais là, beaucoup de secteurs sont touchés
en même temps. Sur le terrain, c’est clair que le climat n’est pas
favorable<i> </i>»</i>, abonde Marie-Louise Hellequin, présidente de MSA-Armorique, la Sécu des agriculteurs. <i>«<i> </i>Il faudra pas s’étonner si ça part en sucette<i> </i>»</i>, dit un membre de Jeunes agriculteurs.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Ce
n’est pas une crise mais un ensemble de crises, qui touchent tous les
secteurs : le porc comme la volaille, le lait comme les légumes. Les
causes sont nombreuses, parfois récentes mais souvent anciennes, liées
très directement au modèle choisi par la Bretagne dans les années 1960.
La crise est particulièrement dure au niveau régional, mais se retrouve
aussi au niveau national. En témoigne la journée d'action nationale de
la FNSEA, ce mercredi 5 novembre. Elle a notamment pour mot d'ordre
«produire français pour manger français», mais elle vise avant tout à
dénoncer les normes environnementales en vigueur ou envisagées.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
À
Morlaix, dans le Finistère, la ville porte encore les stigmates du
dernier coup de colère des paysans. C’était le 19 septembre au soir <i>(voir la vidéo ci-dessous)</i>.
Une centaine de tracteurs (200 selon d’autres sources) ont déboulé dans
la ville depuis trois routes différentes. Le centre MSA ainsi que
l’hôtel des impôts ont été incendiés. Les plaques d’immatriculation des
véhicules agricoles étaient camouflées, les agriculteurs au volant
cagoulés. La police n’a trouvé qu’un péquin à arrêter, même pas un
paysan. Ce bonnet rouge de 40 ans, chômeur, a été mis en examen pour «<i> </i>destruction et dégradation par moyen dangereux<i> </i>». Ses défenseurs crient au lampiste.<br />
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="270" src="//www.dailymotion.com/embed/video/x269nvc" width="480"></iframe><br />
<a href="http://www.dailymotion.com/video/x269nvc_coup-de-force-des-agriculteurs-aux-finances-publiques_news" target="_blank">Coup de force des agriculteurs aux finances...</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/OuestFranceFR" target="_blank">OuestFranceFR</a></i>div>
<br />
<em><br /></em></div>
Cette nuit du 19 septembre a marqué les esprits. Le socialiste Jean-Paul Vermot n’en revient toujours pas<i> </i>: <i>«<i> </i>C’était une ambiance de guérilla urbaine, les gens ont vraiment eu peur.<i> </i>»</i>
Sans excuser les exactions, l’élu, qui a échoué à prendre la mairie en
2014 – la ville est restée à droite –, fournit cette explication<i> </i>: <i>«<i> </i>Visiblement, le fait déclencheur est le suicide d’un jeune agriculteur qui venait de recevoir un appel de cotisations MSA.<i> </i>»</i>
Souvent présenté comme le grand manitou des producteurs de légumes de
la région, Jean-François Jacob, président de la Sica Saint-Pol-de-Léon
(premier groupement de producteurs de légumes et de fleurs en Bretagne,
plus de 1 000 exploitants), confirme à demi-mots<i> </i>: <i>«<i> </i>La
fiscalité n’est pas adaptée, alors que notre activité a de gros besoins
de main-d’œuvre. La MSA prend 42 % du revenu d’un exploitant, à quoi
s’ajoute la fiscalité traditionnelle. D’où le coup de colère.<i> </i>»</i><br />
<em><br /></em><br />
Les événements de Morlaix sont le signe le plus évident de la crise, mais pas les seuls. Quelques chiffres parlent d’eux-mêmes.<br />
<br />
<br />
Prenons le porc breton. 6<i> </i>000 éleveurs en Bretagne en 2013 – ils étaient 9<i> </i>000 en 2000 –, près de 60<i> </i>% des 25 millions de porcs produits chaque année en France et 31<i> </i>000 emplois pour la filière <i>(<a data-mce-href="http://www.ugpvb.fr/uploads/ugpvb/files/espace_public/publications/Le%20Porc%20en%20Bretagne%202013_VF.pdf" href="http://www.ugpvb.fr/uploads/ugpvb/files/espace_public/publications/Le%20Porc%20en%20Bretagne%202013_VF.pdf" target="_blank">tous les chiffres ici</a>)</i>.
En un an, le prix du kilo de barbaque sur le marché au porc de Plérin
(Côtes-d'Armor), la référence nationale, a perdu 30 centimes.
Aujourd’hui, ce même kilo coûte 1,50 euro à produire et se vend 1,45
euro, en comptant les 15 centimes de prime s’il correspond exactement,
en termes de poids et de taille, aux standards des abattoirs (nous y
reviendrons dans un prochain article).<br />
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Même
chose dans le lait. 51 millions d’hectolitres de lait produits en 2014,
près de 14 000 livreurs (producteurs, en baisse de 9<i> </i>% en dix ans), 727<i> </i>000
vaches. Gildas Leost, que nous rencontrons dans un café à côté de
Brest, avec deux autres producteurs de lait, ne prend pas même la peine
de commander à boire. Il est venu avec un dossier, en extirpe quatre
documents<i> </i>: les deux premiers sont des factures de livraison de
fuel, l’une de 1997, l’autre de 2014, les deux autres sont des factures
fournies par la laiterie pour son lait, aux mêmes dates ou presque.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
En 1997, le litre de fuel est moins cher que le litre de lait, en 2014, le <br />
<br />
<br />
premier coûte deux fois plus que le second. <i>«<i> </i>Le problème, il est là, devant vous, et il est très clair<i> </i>»</i>,
dit-il en serrant ses papiers. Ses deux collègues, producteurs de lait
comme lui, abondent. Et surtout, ils soulignent que la fin des quotas
laitiers européens, prévue au 1<sup>er</sup> avril 2015, va finir d’achever une profession déjà mise à mal en 2009, dans ce qu’on appelait (déjà<i> </i>!) la crise du lait.<br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le marché des légumes ne se porte pas mieux… De presque 6<i> </i>000 producteurs en 2000, on est passé à 4<i> </i>200 en 2010. Et la crise empire à présent. Jean-François Jacob, de la Sica, dresse la chronologie<i> </i>: <i>« À
partir de mi-août 2013, on voyait que la crise économique commençait à
peser sur la dynamique de consommation en France notamment. À l’automne
2013, la grande distribution se fait la guerre, à coups de comparateurs
de prix. Et quand la grande distribution se fait la guerre, les morts
sont dans les campagnes. L’hiver 2013-2014 a été doux pour tout le monde
</i>(comprendre en Europe – ndlr)<i>, du coup, notre avantage est
rogné. Et là, l’embargo russe (sur les produits alimentaires européens),
qui fut le détonateur. On a évalué la casse russe, c’est des milliards<i> d'euros</i>!<i> </i>»</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
L’embargo
russe ! La mère de toutes les batailles actuelles. Si le consommateur
ne comprend pas bien comment les affrontements de Donetsk et l’annexion
de la Crimée ont pu provoquer l’incendie de la MSA ou du centre des
impôts à Morlaix, le patron de la Sica se charge de le lui expliquer. <i>«<i> </i>On est sur le marché mondial ici<i> </i>! On exporte 40<i> </i>% de notre production.<i> </i>»</i> <i>«<i> </i>Depuis
les années 1990, il y a une distorsion manifeste de concurrence sur la
main-d’œuvre, avec notamment l’entrée de l’Espagne et du Portugal dans
l’Europe. Un fait encore renforcé dans les années 2000 avec les pays de
l’Est. L’Allemagne a multiplié par 5 en 7 ans sa production légumière<i> </i>»</i>, poursuit Jacob.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Rejoint, sur le même sujet, par Jean-François Joly, le directeur du Marché du porc breton, à Plérin<i> </i>: <i>«<i> </i>On est sur un marché mondial, européen et français.<i> </i>»</i> Dans cet ordre<i> </i>? Oui, dans cet ordre. L’embargo russe, vu par le même Joly<i> </i>? <i>«<i> </i>Les fonctionnaires européens sont en guerre contre la Russie, oui, mais la guerre, ils la font avec nos producteurs.<i> </i>»</i></div>
<div>
<h2 data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong>Un pacte sans avenir ?</strong></h2>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
C’est le cœur du –<i> </i>de l’un des<i> </i>– problème(s).
Dans les années 1960, quand de Gaulle et son ministre Pisani ont décidé
de faire de la Bretagne le centre de production national de denrées
alimentaires, ils pensaient d’abord à nourrir les Français, traumatisés
par la guerre et l’après-guerre et leur litanie de tickets de
rationnement. Il s’est trouvé justement, à cette époque, en Bretagne,
des oreilles fort réceptives, à commencer par celles d’Alexis Gourvennec
(un <a data-mce-href="http://www.liberation.fr/economie/1998/04/16/alexis-gourvennec-la-grosse-legume-depuis-40-ans-il-est-le-patron-des-maraichers-finisteriens_233097" href="http://www.liberation.fr/economie/1998/04/16/alexis-gourvennec-la-grosse-legume-depuis-40-ans-il-est-le-patron-des-maraichers-finisteriens_233097" target="_blank">portrait piquant ici</a>, un <a data-mce-href="http://issuu.com/expression-bretagne/docs/alexisgourvennec/34" href="http://issuu.com/expression-bretagne/docs/alexisgourvennec/34" target="_blank">éloge par là</a>).<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: center;">
<img alt="Alexis Gourvennec dans les années 1970." data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/500_pixels/media_71254/Capture_decran_2014-11-04_a_22.56.18.png" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/500_pixels/media_71254/Capture_decran_2014-11-04_a_22.56.18.png" height="369" title="Alexis Gourvennec dans les années 1970." width="500" /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Alexis Gourvennec dans les années 1970. © DR</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
En
Bretagne, il fait encore aujourd’hui figure de messie. C’est lui, avec
quelques autres de la Jeunesse agricole chrétienne (JAC), qui va
rebondir sur le schéma gaulliste. Sortant la Bretagne de son archaïsme,
de son enclavement, en devenant, à elle toute seule ou presque, le fer
de lance de la France rassasiée. Aux Bretons la bidoche, les veaux,
vaches, cochons, aux Bretons les légumes, aux Bretons les engrais, les
tracteurs et les innovations <i>made in Inra</i> (Institut national de recherche agronomique, public) !<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Aux
Bretons les progrès fulgurants, à tel point que l’exportation vers les
autres pays d’Europe, à commencer par la Grande-Bretagne, proximité
oblige, s’est imposée d’elle-même. D’autant plus facilement que l’Europe
elle-même, d’abord la CEE puis l’UE, était très demandeuse. Le « modèle
agricole breton » doit d’ailleurs autant à Bruxelles qu’à de Gaulle, à
bien y regarder. Et de l’Europe au monde, il n’y a qu’un pas.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Et
c’est ainsi qu’on trouve, en 2014, un Thierry Merret, président de la
FDSEA Finistère et producteur de légumes à Taulé, déclarer: <i>« La Bretagne est et doit rester une terre d’expédition, sinon on va disparaître. »</i> Avant d’ajouter, crânement : <i>« On
a un avenir pour la production légumière, tout comme porcine ou
aviaire. Si les Chinois sont venus chez nous ce n’est pas pour rien ! »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Cet
ultralibéralisme débridé a son revers, que les producteurs font
aujourd’hui mine de découvrir. David Louzaouen, secrétaire général des
Jeunes agriculteurs (JA) du Finistère et porcher lui-même, s’insurge : <i>« En Allemagne, ils ont la main-d’œuvre à bas coût des pays de l’Est, en France on a les 35 heures… »</i> Même l’UMP Agnès Le Brun en convient, l’un des problèmes du modèle breton, c’est qu’il est <i>« dogmatisé, idéologisé »</i>.
Du coup, le dialogue est compliqué avec les pouvoirs publics. D’autant
qu’un autre paramètre est entré (ou revenu) en jeu ces dernières années,
le sentiment breton (appelons-le comme ça), qui prend souvent des
allures de ressentiment breton.<br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Jean-François Jacob, de la Sica : <i>« Le
désenclavement de la Bretagne, c’est notre gros sujet. Il faut garder
les gens au pays et redonner de la fierté aux paysans. À Paris ils
peuvent nous considérer comme des râleurs mais on n’est pas des
menteurs, on est des bâtisseurs. »</i> « Décider, vivre et travailler en
Bretagne » en somme. Le slogan des Bonnets rouges. Tous n’en font pas
partie parmi les producteurs rencontrés, mais tous, à tout le moins, s’y
reconnaissent. Car, comme le dit Sébastien Louzaouen, producteur de
lait et président des Jeunes agriculteurs 29 (le cousin de David,
secrétaire général du même syndicat, cité plus haut),<i> « en Bretagne, on est excentrés et moins écoutés. On est loin de tout »</i>.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le
président de la FDSEA 29, Thierry Merret, n’a pas ces scrupules
puisqu’il est aussi porte-parole des Bonnets rouges et l’une de ses deux
figures tutélaires. Quand on lui fait remarquer que le maintien de la
gratuité des routes est assuré et que le projet d’écotaxe est abandonné,
les deux revendications des BR, il répond : <i>« Les Bonnets rouges, ça continue ! »</i> Alors quoi ?<i>
« Il y a encore quatre points historiques à notre combat :
relocalisation des décisions (comprendre la fin du jacobinisme - ndlr),
fin du dumping social (comprendre les travailleurs de l’Est en Allemagne
- ndlr), simplification administrative. »</i> Trois sur quatre, on n'aura jamais le quatrième durant l’entretien.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<img alt="Le centre des impôts incendié à Morlaix" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/centre_impots.jpg" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/centre_impots.jpg" height="300" title="Le centre des impôts incendié à Morlaix" width="400" /></div>
<div style="text-align: center;">
Le centre des impôts incendié à Morlaix © CG</div>
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Ayant défilé au côté des Bonnets rouges, la maire de Morlaix Agnès Le Brun est bien placée pour en parler. <i>« Il
y a un paradoxe breton : à la fois ouvert sur l’extérieur et en même
temps attaché à ses origines, sa culture. Les Bonnets rouges, c’est
quoi ? Au mieux une conjonction, au pire une agglomération hétérogène.
Thierry Merret et Christian Troadec (maire divers gauche de Carhaix,
second porte-parole des Bonnets rouges - ndlr) sont tous les deux contre
le jacobinisme. Troadec pour des raisons populistes et démagogiques.
Merret, c’est autre chose, il est d’accord pour se développer mais il a
cette poche d’amertume des Bretons. Il s’insurge contre la double peine,
ce double jacobinisme de l’État et de la région. Or Rennes, ce n’est
pas le Finistère. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
De
ce point de vue, il n’est pas étonnant que le pacte d’avenir pour la
Bretagne, signé en fanfare à Rennes fin 2013 pour répondre au mouvement
contre l’écotaxe, ait fait long feu. Le pacte, ou plutôt Emglev Evit
Dazont Breizh (<a data-mce-href="http://www.bretagne.gouv.fr/content/download/17461/105196/file/pacte_bretagne_signe_13-12-13.pdf" href="http://www.bretagne.gouv.fr/content/download/17461/105196/file/pacte_bretagne_signe_13-12-13.pdf" target="_blank">le pacte complet ici</a>), vu par Gwenegan Bui, député PS du Finistère, donne ceci : <i>« Avec
2 milliards d’euros dont 1 milliard destiné au renouveau de
l’agriculture et de l’agroalimentaire, le pacte d’avenir est la première
pierre qui doit nous aider à reconstruire les piliers de la Bretagne
que sont la valorisation de notre terre et notre capacité à innover »</i> (<a data-mce-href="http://www.gweneganbui.fr/?s=blue+valley#sthash.REHaTq4I.dpuf." href="http://www.gweneganbui.fr/?s=blue+valley#sthash.REHaTq4I.dpuf." target="_blank">lire ici</a>).</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
À quoi répond Agnès Le Brun : <i>« Le pacte d’avenir, c’était du pipeau, un recyclage d’argent déjà annoncé, voire déjà engagé. »</i> Thierry Merret disait la même chose en janvier dernier dans un communiqué, ajoutant que les mesures étaient <i>« uniquement destinées à sacrifier le soi-disant modèle breton sur l’autel des dogmes écologistes »</i> (<a data-mce-href="http://www.fdsea29.fr/sites/d29/actualites/dep/2014/01/140117_edito_tm_terra.aspx" href="http://www.fdsea29.fr/sites/d29/actualites/dep/2014/01/140117_edito_tm_terra.aspx" target="_blank">lire ici</a>).</div>
<div>
<h2 data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
«Produire le plus possible pour le moins cher possible»</h2>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le
volet environnemental du pacte est-il si terrible ? La lecture du
document et de son annexe, le plan agricole et agroalimentaire pour
l’avenir de la Bretagne, ne le laisse pas deviner. On y parle plus
volontiers de <i>« grand rattrapage »</i>, d’<i>« accompagnement des mutations agricoles »</i>, de <i>« scénario ambitieux de rebond »</i>. Certes, le point 1.3 du plan agricole et agroalimentaire pour l’avenir de la Bretagne est bien estampillé « Environnement ».<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<img alt="Jean-Marc Ayrault, premier ministre, signe le pacte d&#039;avenir pour la Bretagne" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/Signature.png" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/Signature.png" height="223" title="Jean-Marc Ayrault, premier ministre, signe le pacte d&#039;avenir pour la Bretagne" width="400" /></div>
<br /><br />
Jean-Marc Ayrault, premier ministre, signe le pacte d'avenir pour la Bretagne © DR<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
En termes généraux, on y appelle à <i>« continuer les efforts déjà consentis par un dialogue apaisé et un accompagnement indispensable »</i> concernant la qualité de l’eau ; et on y parle de <i>« valorisation du biogaz et de la chaleur issus de la méthanisation »</i>.
La méthanisation, c’est le nouveau mantra en Bretagne. Même si les
agriculteurs, eux, sont plus sceptiques. À l’image de Sébastien
Louzaouen des JA : <i>« La méthanisation, c’est de l’enfumage. Déjà, ça
coûte un million et en plus le tarif de rachat de l’électricité est trop
faible. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le
pacte crée par ailleurs un nouveau régime, d’enregistrement, pour les
installations classées pour la protection de l’environnement, à
mi-chemin entre la simple déclaration et la demande d’autorisation (<a data-mce-href="http://www.installationsclassees.developpement-durable.gouv.fr/Introduction-du-regime-de-l.html" href="http://www.installationsclassees.developpement-durable.gouv.fr/Introduction-du-regime-de-l.html" target="_blank">toutes les explications ici</a>). En clair, sur ce seul dossier de l’élevage intensif, le pacte a plutôt simplifié la vie des producteurs.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Pas
de quoi rassurer les associations environnementales. François de
Beaulieu nous reçoit chez lui à Morlaix. Militant depuis plus de trente
ans à Bretagne vivante, l’une des plus importantes associations
environnementales de la région – <i>« 3 000 adhérents, 65 salariés, 117 sites protégés »</i> –, il en a été administrateur avant de redevenir simple adhérent. Ça démarre plutôt bien : <i>« Les
agriculteurs ont l’impression de faire et d’avoir fait des efforts,
c’est sûr. Faire des bandes enherbées entre leurs champs et les
rivières, diminuer les intrants à l’hectare, ce sont des efforts. »</i> Puis ça se complique : <i>« Le
problème, c’est qu’on est toujours dans le même modèle, imposé par
l’Europe, celui du productivisme : produire le plus possible pour le
moins cher possible. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Bretagne
vivante est considérée comme une association modérée. Au contraire de
Sauvegarde du Trégor, un agrégat d’associations en fait, dont Yves-Marie
Le Lay est membre. Il vit à Locquirec, juste en face de
Saint-Michel-en-Grève où un cheval est mort à cause des algues vertes en
juillet 2009. Dans sa maison « bioclimatique » (on appelait ça comme ça
en 1984), il raconte une rude bataille. <i>« La propagande des
agriculteurs, c’est de dire : on fait des efforts. Il y a deux groupes
d’agriculteurs : une grosse majorité de productivistes, prisonniers,
enfermés dans leur modèle, et une petite minorité qui réfléchit. Je ne
dis pas que dans le bloc majoritaire, il n’y a pas des agriculteurs qui
font preuve de bonne volonté. Mais pas tous. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Passé le pacte, le ministère de l’agriculture vante à présent son plan « agro-écologique », pour un modèle de production <i>« plus économe en intrants et en énergie, tout en assurant durablement leur compétitivité »</i>. À l’analyse des mesures envisagées, le scepticisme gagne. Car le ministère parie surtout sur la bonne volonté des paysans. <i>« Les
politiques ne veulent pas engager le bras de fer. Il y a une allégeance
des politiques mais plus encore des administrations »</i>, note, amer, Yves-Marie Le Lay. Yvon Cras, producteur laitier bio, membre de la Confédération paysanne, est moins virulent : <i>« Quand
c’est appliqué, l’agroécologie, ça répond à tout : climat,
environnement, économie, social. Mais le problème, c’est que ce sont des
mots. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Yvon Cras pourrait être qualifié d’agriculteur modèle. À partir de 2008, il est <i>« parti dans le bio »</i>.
En 2009, il a installé des panneaux photovoltaïques. Quand nous le
rencontrons, dans sa ferme de Plougar, il est fier de montrer sa future
installation : une éolienne. Il précise cependant, dans un soupir, que
le fabricant a depuis mis la clé sous la porte, tout comme l'entreprise
qui lui a fourni ses panneaux photovoltaïques. Signe des temps.<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<img alt="Yvon Cras devant le chantier de sa future éolienne" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/Yvon_Cras.jpg" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/Yvon_Cras.jpg" height="300" title="Yvon Cras devant le chantier de sa future éolienne" width="400" /></div>
<div style="text-align: center;">
Yvon Cras devant le chantier de sa future éolienne © CG</div>
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Jean-François
Jacob, patron des légumiers de la Sica, a une tout autre lecture de la
problématique environnementale (ce qui n’a rien d’étonnant, il est
vrai). <i>« On fait l’objet de beaucoup de polémiques »</i>, nous assure-t-il dans une des salles de réunion du vaste complexe de la Sica, Kerisnel, situé à Saint-Pol-de-Léon. <i>« Depuis
vingt ans, on a beaucoup changé les pratiques. Dès 1992-1994, nous
avons fait un focus gestion des nitrates dans le sol. En parallèle, nous
avons concentré notre recherche sur la résistance des plantes aux
maladies, de façon à sélectionner celles qui résistent pour diminuer les
intrants. »</i> Thierry Merret est plus direct : <i>« Les paysans ont
évolué, ce qui les choque le plus, c’est qu’on vienne leur dire comment
ils doivent produire. Alors qu’on arrête les conneries. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Au vu de l’état écologique de la région bretonne, les <i>« conneries »</i> ne sont cependant pas près de s’arrêter.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Il
y a d’abord le problème des algues vertes, phénomène lié à la présence
de nitrates dans les eaux des rivières et des nappes phréatiques, qui
finissent dans la mer. Ce nitrate provient pour l’essentiel des
activités agricoles, notamment de l’épandage d’engrais azoté d’origine
minérale ou organique sur les champs. Depuis 1994, un milliard d’euros
d’aides publiques a été versé pour la réduction du taux de nitrate dans
les eaux (en Bretagne), ce qui a seulement permis de stabiliser ce taux.
C’est le ministère de l’écologie qui le dit.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
La
France vient d’ailleurs de se faire à nouveau taper sur les doigts par
l’Europe sur le sujet. Le 4 septembre, la Cour de justice de l’Union
européenne a jugé que la France n’avait pas adopté certaines mesures
nécessaires pour assurer la mise en œuvre complète et correcte de
l'ensemble des exigences de la <a data-mce-href="http://www.actu-environnement.com/ae/reglementation/directive-europeenne-du-12-12-1991-directive-91-676-cee-du-conseil--du-12-decembre-1991--concernant-la-protection-des-eaux-contre-la-pollution-par-les-nitrates-a-partir-de-sources-agricoles.php" href="http://www.actu-environnement.com/ae/reglementation/directive-europeenne-du-12-12-1991-directive-91-676-cee-du-conseil--du-12-decembre-1991--concernant-la-protection-des-eaux-contre-la-pollution-par-les-nitrates-a-partir-de-sources-agricoles.php" target="_blank">directive 91/676/CEE</a> de
1991, concernant la protection des eaux contre la pollution par les
nitrates à partir de sources agricoles. Les ministres de l’écologie et
de l’agriculture ont pris acte, arguant du fait que de nouveaux plans
étaient déjà à l’œuvre. À voir.</div>
<div>
<h2 data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le foncier « déraille »</h2>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: center;">
<img alt="Les huit bassins versants algues vertes" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/500_pixels/media_71254/Capture_decran_2014-11-04_a_22.15.49.png" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/500_pixels/media_71254/Capture_decran_2014-11-04_a_22.15.49.png" height="328" title="Les huit bassins versants algues vertes" width="400" /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong>Les huit bassins versants algues vertes</strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
En Bretagne, les principaux partisans de cet épandage affirment que le niveau de nitrates a déjà baissé. <i>« Dans
les rivières, les taux de nitrates baissent, on est en avance sur les
autres, qui découvrent seulement maintenant le problème
environnemental »</i>, soutient par exemple David Louzaouen des JA.
Globalement, ils ne sont pas loin d’avoir raison. Dans le détail, c’est
un peu plus compliqué. Il y a huit bassins versants en Bretagne touchés
par les algues vertes. Tous ont fait l’objet d’un plan bien spécifique
engagé depuis 2010. Tous se basent sur le volontariat des producteurs.
Or, <i>« le volontariat, ça n’a pas de sens, </i>affirme Yves-Marie Le Lay,<i> tous les plans précédents basés sur le volontariat ont échoué »</i>.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Dans une intéressante étude sur le volontariat en termes de pollution (<a data-mce-href="http://inra.dam.front.pad.brainsonic.com/ressources/afile/223288-d71f4-resource-expertise-flux-d-azote-chapitre-10.html" href="http://inra.dam.front.pad.brainsonic.com/ressources/afile/223288-d71f4-resource-expertise-flux-d-azote-chapitre-10.html" target="_blank">ici en intégralité</a>), Philippe Le Goffe, économiste à l’agro-campus de Rennes, lui donne raison : <i>« Les
engagements non exécutoires et l’absence de contrôle expliquent que les
approches volontaires aient une efficacité environnementale faible,
bien que positive. Pour éviter ces écueils, les parties contractantes
doivent rendre l’accord contraignant. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
C’est
exactement ce qui n’a pas été fait pour les huit bassins versants
algues vertes bretons. Toutes les chartes de territoire sont basées sur
le volontariat des agriculteurs. Tout semble fonctionner, les taux
d'adhésion des agriculteurs affichent des résultats honorables, mais la
transformation de ces adhésions en baisse concrète des taux de nitrates
est loin d'être acquise.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
D’une
manière générale, l’objectif final, arriver à une concentration de 10
mg/l de nitrates dans les eaux en 2027, semble à la fois lointain et peu
réaliste. Yves-Marie Le Lay prend l’exemple de la charte de
l’Horn-Guillec, <i>« le pire des plans »</i> selon lui. <i>« On est à 82
mg/l, on demande aux agriculteurs de passer à 64 mg/l en 2015. 64 !
C’est 14 au-dessus de la limite de potabilité de l’eau, 39 au-dessus de
ce qui est recommandé pour la consommation humaine, 54 au-dessus du
seuil de déclenchement des algues vertes ! »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le membre de l’association Sauvegarde du Trégor poursuit : <i>« Vous
voulez un exemple de la perversité du système ? Dans l’un des huit
bassins versants, on demande, dans le cadre du plan algues vertes, à des
agriculteurs de baisser leur production de maïs. Ils acceptent
globalement. Et puis, un producteur laitier, qui avait 70 hectares
d’herbe, prend sa retraite. Que croyez-vous qu’il arrive ? Un éleveur
rachète pour y mettre du maïs. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Sans
compter que les plans algues vertes ont un effet pervers : ils font
grimper en flèche le prix du foncier. Pour Patrice Madec, producteur de
légumes bio à Taulé et membre de la Confédération paysanne, c’est bien
simple, les prix <i>« déraillent »</i>. Les producteurs, de porc
notamment, ont besoin de surfaces d’épandage. Même avec un prix à
l’hectare élevé, c’est toujours moins cher que de devoir se débarrasser
autrement de son lisier. Les aides de la PAC, basées sur la taille de
l’exploitation, et donc sur le nombre d’hectares cultivés, font aussi
monter les prix – d’où la demande régulière de la Confédération paysanne
d’un plafonnement des aides PAC. Il y a, enfin, une forme de rétention
du côté <a data-mce-href="http://www.safer.fr" href="http://www.safer.fr/" target="_blank">des Safer</a> <i>« qui sont dirigés par les mêmes paysans qui, du coup, favorisent les modèles qu’ils connaissent »</i>.<br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Les jeunes qui s’installent, quand ils peuvent s’installer, partent donc avec un lourd fardeau de dette sur le dos. <i>« Dans le Finistère, toutes filières confondues, le prix moyen d’une installation c’est 500 000 euros »</i>, dit David Louzaouen des JA. Et encore, il s’agit là d’une moyenne. Ce qui explique, selon Patrice Madec, que <i>« les jeunes ne soient pas plus ouverts que leurs aînés »</i> : <i>« Ils
ont énormément investi et sont pris dans l’engrenage : leurs
exploitations, plus grandes, coûtent plus cher, nécessitent des
salariés. Ils sont obligés de continuer à fond. »</i><br />
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<img alt="David Louzaouen" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/Sebastien_Louzaouen.jpg" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/Sebastien_Louzaouen.jpg" height="240" title="David Louzaouen" width="320" /></div>
<div style="text-align: center;">
David Louzaouen © CG</div>
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
La
situation ne risque pas de s’améliorer. La loi d’avenir pour
l’agriculture, adoptée en septembre 2014, a en effet entériné une
vieille demande du syndicat ultra-majoritaire FNSEA : créer un statut
d’agriculteur pour séparer le bon grain de l’ivraie. En clair, seront
considérés comme agriculteurs, et donc éligibles aux aides de la PAC (9
milliards d’euros distribués chaque année par Bruxelles tout de même),
ceux qui possèdent un minimum d’hectares ou d’animaux. Comme le dit
Xavier Beulin, le patron de la FNSEA, cité par <i>Le Canard enchaîné</i>, <i>« celui qui a deux hectares, trois chèvres et deux moutons n’est pas un agriculteur »</i>.
Hors l’inflation des hectares, des élevages, de la productivité en
somme, point de salut. Corollaire de cette productivité, l’utilisation
des intrants reste plus que jamais nécessaire.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Côté
bonne nouvelle, l’utilisation des produits phytosanitaires a tendance à
baisser en Bretagne. Selon un document de la Draaf Bretagne de 2011,
entre 2008 et 2009, la vente des substances actives a connu une
diminution de 8 % (en tonne), puis une diminution de 17 % entre 2009 et
2010 (<a data-mce-href="http://draaf.bretagne.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/14062013_ecophyto_note_suivi_bretagne_V_finale_cle468dd1.pdf" href="http://draaf.bretagne.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/14062013_ecophyto_note_suivi_bretagne_V_finale_cle468dd1.pdf" target="_blank">ici</a>). La tendance semble cependant au moins se stabiliser, voire légèrement augmenter sur les dernières années (<a data-mce-href="http://draaf.bretagne.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Pages_70-71_cle44176d.pdf" href="http://draaf.bretagne.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/Pages_70-71_cle44176d.pdf" target="_blank">lire ici</a> les chiffres pour les engrais).<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Mais
si l’on prend les chiffres de la chambre de l’agriculture du Finistère,
la lecture est tout autre. Les dépenses par hectare de produits
phytosanitaires ne montrent plus du tout la baisse indiquée plus haut.
La chambre d’agriculture apporte deux explications éclairantes : <i>« L’évolution
des types de produits utilisés et de leur prix : ces dernières années,
beaucoup d’anciens produits ont été retirés du marché et les molécules
de substitution sont souvent plus chères (par exemple sur les haricots
et pois). L’évolution des doses : les produits récents sont souvent
utilisés à des doses plus faibles et le dispositif d’alerte est
amélioré »</i> (<a data-mce-href="http://www.bretagne.synagri.com/ca1/PJ.nsf/TECHPJPARCLEF/22878?OpenDocument&EtatCourant=003" href="http://www.bretagne.synagri.com/ca1/PJ.nsf/TECHPJPARCLEF/22878?OpenDocument&EtatCourant=003" target="_blank">ici page 22</a>).</div>
<h2 data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong>« Il y en a ras-le-bol d’aller à l’enterrement des copains »</strong></h2>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le bon bilan affiché s’en trouve relativisé. <i>« Ce qu’il faut bien comprendre</i>, selon la présidente de la MSA-Armorique, <i>c’est
que c’est la question économique qui les fera bouger. Or, les produits
phytosanitaires coûtent cher. Donc ça pousse déjà l’agriculteur à en
mettre moins. »</i> François de Beaulieu, de Bretagne vivante, n’en est pas si sûr. Pour lui, <i>« le prix des phytosanitaires n’est pas dissuasif »</i>.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Michel Creff, apiculteur professionnel – 300 ruches actives à Trémaouézan –, en sait quelque chose. <i>« Nous
avons des pertes de plus en plus importantes, qui représentent environ
30 % de nos ruches chaque année, contre 2 à 5 % autrefois. La seule
explication : les neurologiques et les graines enrobées »</i>. Alors certes, poursuit-il, <i>« on
réduit les volumes des produits utilisés, mais comme on augmente la
toxicité… L’abeille est la sentinelle de l’environnement. Derrière, il y
a l’agriculteur, premier touché finalement. »</i> François de Beaulieu est du même avis : <i>« Nous sommes face à un déni total des agriculteurs sur les effets de l’agriculture sur la nature et sur eux-mêmes. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Une
étude au long cours de l’Inserm, la Cohorte Pélagie, menée depuis 2002
sur 3 500 mères et enfants en Bretagne, a été mise en place pour
répondre aux préoccupations de santé, en particulier celle des enfants,
dues à la présence de composés toxiques dans nos environnements
quotidiens. Deux classes de pesticides potentiellement toxiques pour la
reproduction et le développement neuropsychologique ont fait l’objet de
recherches dans les urines des 600 femmes enceintes : les herbicides de
la famille des triazines (atrazine et simazine) et les insecticides
organophosphorés. Pour la majorité des femmes, des traces d’insecticides
organophosphorés, et notamment de certaines formes dégradées, ont été
retrouvées dans leurs urines. Bien que certains d’entre eux soient
aujourd’hui interdits.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Devant
cet amoncellement de catastrophes, en cours ou à venir, on comprend que
l’agriculteur n’ait pas le moral. En 2011, une autre étude avant fait
grand bruit. Près de 500 suicides avaient été enregistrés en France par
l'Institut de veille sanitaire (InVS) entre 2007 et 2009. Une hécatombe
si l'on compare au nombre d'agriculteurs. La MSA-Armorique a pris depuis
plusieurs années des mesures, bien avant que le numéro Agri’écoutes
soit lancé en grande pompe par la MSA au niveau national au mois
d’octobre. Le personnel a été formé pour détecter les personnes en
difficulté, et la MSA a même des "sentinelles" sur le terrain. Des
anonymes qui, un peu partout sur le territoire, peuvent signaler ce
qu’ils voient, ce qu’il se passe. Il y en a 32 sur les deux départements
du Finistère et des Côtes-d’Armor.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Le
suicide reste cependant tabou. Parfois pour des raisons bassement
matérielles d’assurance et de succession, le plus souvent pour des
raisons plus diffuses de honte face à l’échec, ou de peur que ce qui est
arrivé au voisin vous arrive aussi. Des agriculteurs ont tous une
histoire qu’ils racontent à voix basse. Par exemple, cet agriculteur,
qui n’a pu partir en vacances d’hiver avec sa femme et s’est suicidé au
lendemain du réveillon. Ou bien cet autre, qui a mis fin à ses jours
après avoir reçu un appel de cotisations MSA. <strong><i>« Il y en a ras-le-bol d’aller à l’enterrement des copains »</i>,
lance Christian Hascouet, producteur de lait à Guengat et représentant
de l’Association des producteurs de lait indépendante (Apli).</strong><br />
<strong><br /></strong><br />
<strong><br /></strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
N’est-il pas temps de changer de modèle ? Jean-François Jacob, de la Sica, prend deux secondes pour répondre, puis : <i>« Il y a nécessité de se remettre en question</i> (le journaliste tend l’oreille). <i>Donc
on diversifie. On a diversifié d’abord sur les produits, maintenant on
fait de la segmentation. On a 70 000 produits en catalogue aujourd’hui.
On va encore accélérer, on va encore monter en puissance. »</i> Raté pour celui-ci.<br />
<br />
<br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
François de Beaulieu a son explication : <i>« C’est
aussi un problème culturel : certains ici passent aux prairies sans
labour, d’autres n’arrivent pas à basculer. Il faut un sacré caractère
pour changer. »</i> Jean-Paul Vermot, conseiller municipal PS à Morlaix : <i>« La
terreur prend le dessus mais on a besoin de raisonner. Ne nous trompons
pas, les agriculteurs sont nécessaires. Il en faut de tous les
modèles : productiviste car on a besoin de production de masse, bio pour
des raisons d’environnement, et des producteurs de niche. Mais il nous
faut un débat de fond sur la question agricole. Il faut avoir le courage
de débattre à long terme, et pour ça il faut un porteur de débat côté
agriculteurs. »</i></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Thierry
Merret, l’indispensable patron de la FDSEA 29 et porte-parole des
Bonnets rouges, peut-il être cet interlocuteur ? Un élu PS du
département en doute fortement : <i>« Merret est là pour être à la tête du Service Action des agriculteurs, il n’est pas là pour réfléchir. »</i>
Jacob peut-être ? La Sica est bien trop engagée dans le modèle
productif pour faire bouger les lignes. Le salut par la base ? Balancer
des jeunes dans le métier avec autour du cou un boulet de dettes donne
peu d’espoir.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong>Les plus sereins sont pourtant ceux qui ont délibérément tourné le dos au système.</strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
Yvon
Cras, ce producteur de lait bio avec panneaux photovoltaïques et
éolienne, dresse une sorte de bilan, au milieu de son champ : <i>« Quand
on a commencé avec mon frère, on était dans l’intensif sur les 40
hectares de l’exploitation, avec des pommes de terre, des légumes, du
chou-fleur… Puis en 1995, on s’est dit "ça ne va pas aller", on ne
maîtrisait plus les charges. On s’est donc concentrés sur le lait.
Aujourd’hui, on a 45 vaches sur 40 hectares. Je suis au salaire médian :
20 000 euros par an pour 20 vaches et 20 hectares. C’est sûr, on est
des petits. C’est sûr aussi qu’autour de nous, il faut faire plus de 10
kilomètres, d’un côté ou de l’autre, pour trouver un confrère bio. »</i> À ce rythme, la Bretagne aura plus vite sombré qu’elle n’aura changé.<br />
<br /><br />
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<div style="text-align: center;">
<img alt="Vaches bretonnes © CG" data-mce-src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/vaches_bretonnes.jpg" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/770_pixels/media_71254/vaches_bretonnes.jpg" height="300" title="Vaches bretonnes © CG" width="400" /></div>
<div style="text-align: center;">
Vaches bretonnes © CG</div>
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<i><b>Prochain article : La nouvelle crise du lait</b></i></div>
</div>
</div>
</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-90526976986460950732014-10-30T06:52:00.002+00:002014-11-09T22:31:59.373+00:00L'Ere du peuple de Jean-Luc Mélenchon : une politique nouvelle pour un monde bouleversé .***<br />
J'ai écrit cette recension du livre de Jean-Luc Mélenchon, <i>L’Ere du Peuple </i>(Fayard,
2014 ) dans le but d’engager le dialogue nécessaire entre les hommes
politiques, les intellectuels (ceux qui publient, ceux qui enseignent),
et les citoyens soucieux de connaître dans le détail l'état du monde.
J’espère qu’il appellera des commentaires et des discussions argumentées
ici même ou ailleurs : une version courte sera demain sur le site de
la revue Regards (regards.fr).<br />
<br />
<br />
<b>I. Cinq aspects remarquables du livre de Jean-Luc Mélenchon : </b><br />
<strong><br /></strong><br />
<br />
<br />
<b>1.</b> <b>La profondeur et la radicalité de l’analyse</b>,
qui part du constat courageux d’une défaite intellectuelle et
politique : « Il n’existe plus aucune force politique mondialisée face
au parti invisible de la finance globalisée » (EP 17). Cette nécessité
de tout repenser et de tout reconstruire a été formulé récemment
quasiment dans les mêmes termes par Alain Badiou dans l’émission d’Aude
Lancelin (<a href="http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/151014/contre-courant-le-debat-badiou-piketty">http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/151014/contre-courant-le-debat-badiou-piketty</a>) :
la nécessité de reconstruire une « alternative idéologique »,
c’est-à-dire une perspective de dépassement du capitalisme capable de
fédérer largement la « vraie » gauche. <br />
<br /><br />
<br />
<br />
<b>2. Le caractère « reliant » de la démarche, </b>comme dirait
Morin : ce livre cherche à penser ensemble le micro et le macro, le
global et l’individuel, du devenir écologique de la planète à la misère
psychique et morale des individus réduits à leur capacité de consommer,
en passant par la domination mondiale d’un capitalisme de la rente et de
la spéculation, et les nouveaux déséquilibres géopolitiques qui en
résultent. Il est notable qu’un homme politique « généraliste » comme
l’est Jean-Luc Mélenchon, ne s’enferme pas dans le cadre national et
intègre à ses préoccupations la survie de la biosphère. Cette analyse
factuelle conduit à observer, à tous les niveaux de la vie humaine, une
spirale négative dévolutive de destruction des équilibres écologiques,
de décomposition du lien social et civilisationnel sous le coup d’une
logique productiviste qui profite à une infime minorité (les
oligarchies), générant des risques nouveaux de guerres, voire même d’une
guerre mondiale.<br />
<br /><br />
<br />
<br />
<b>3. Mais au pessimisme de la description répond l’optimisme de l’action</b>,
le souci de sortir de la « dénonciation démoralisante ». Les
propositions politiques de Jean-Luc Mélenchon s’appuient sur une
« théorie de la révolution citoyenne » (EP 14), et sur le Manifeste de
l’éco-socialisme élaboré en décembre 2012 et cité en fin d’ouvrage. Les
deux axes en sont 1. La réaffirmation du principe démocratique de la
« souveraineté populaire » formulée par les révolutionnaires français ;
2. L’idée que le « peuple » n’a pas à subir la dictature d’une classe
particulière : ni oligarchies financières, ni « prolétariat » investi
d’une « mission historique ». Exit l’idée « libérale » d’une gouvernance
« éclairée » des élites (c’est-à-dire des puissants par accumulation de
capital symbolique et matériel) ; exit également la « dictature du
prolétariat » : rupture avec la nostalgie de la vieille « doctrine »
léninisto-stalinienne. <br />
<br /><br />
<br />
<br />
<b>4. La « révolution citoyenne » démocratique est un républicanisme radical</b>.
Le peuple doit reprendre l’initiative politique en ré-constituant sa
souveraineté confisquée par les oligarchies : c’est la proposition
politique centrale de convocation d’une « assemblée constituante »,
elle-même préparée par des « assemblées citoyennes » délibérantes et
s’auto-organisant démocratiquement (en utilisant le net, mais pas
seulement), comme cela se passe actuellement en Espagne. Les
propositions avancées par J.-L. Mélenchon concernant les modalités
futures de la représentation et des contours d’une VIème République
(révocation des élus, règles verte etc.) ne sont ni normatives, ni
directives, ni excluantes d’autres propositions, mais à discuter et
c’est un point important. <br />
<br /><br />
<br />
<br />
<b>5. L’écosocialisme est un néo-communisme écologiste et démocratique </b>:
il intègre les descriptions économistes du « matérialisme historique »
mais récuse le millénarisme et l’autoritarisme centraliste de la
« dictature du prolétariat» (mais ça mériterait d’être davantage précisé
et souligné). J.-L. Mélenchon continue à se référer au matérialisme
historique (EP 15) pour décrire les rapports de force sociaux : le
« peuple » est constitué majoritairement de salariés en butte à la
voracité des actionnaires, lesquels empochent 80% des profits des
entreprises (EP 63), et organisent une pression sociale accrue pour
étendre leur puissance et rogner les droits du travail. Une politique au
service du peuple, c’est-à-dire de l’intérêt général, détrônerait
nécessairement « la petite oligarchie des riches, la caste dorée des
politiciens qui servent ses intérêts et des médiacrates qui envoûtent
les esprits » (EP 14). Mais de cette description des rapports de
production, ne découlent pas automatiquement les moyens de l’action
politique. Le peuple est constitué aussi de chômeurs, femmes au foyer,
artisans, médecins, avocats, et l’accès à la souveraineté politique
demeure à tout moment un choix collectif et individuel, soumis à la
délibération démocratique. La théorie de la révolution citoyenne,
contrairement au communisme millénariste ou aux néo-libéraux des années
90 (Fukuyama), ne visent aucune « fin de l’histoire ». L’action
politique est un choix de tous les instants et un combat sans fin. <br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<b>II. L’écosocialisme est une « politique de civilisation » (Edgar Morin)</b><br />
<br />
<br />
Avant d’en venir aux points plus problématiques du livre de
J.-L. Mélenchon, je voudrais souligner combien l’écosocialisme proposé
par le leader du Front de Gauche et du Mouvement pour la VIème
République me paraît s’inscrire dans la « politique de civilisation »
formulée par Edgar Morin dans son livre <i>La Voie</i> (2011). Notons au
passage qu’Edgar Morin est un des rares penseurs de notre temps à avoir
tenté la théorisation anthropologique et politique,
« anthropolitique », d’une méthode de pensée et d’action (les deux
mêlés) pour sortir de « l’âge de fer planétaire » qui nous conduit à la
catastrophe. <br />
<br />
<br />
<ol>
<li>Il s’agit d’abord de prendre conscience que nous sommes des
citoyens de la « Terre-patrie », et que celle-ci est engagée dans une
« bifurcation fondamentale » (EP 47) capable de provoquer l’extinction
de la vie. « L’illusion d’un progrès conçu comme une loi de l’Histoire
s’est dissipée à la fois dans les désastres de l’Est, les crises de
l’Ouest, les échecs du Sud, la découverte des menaces nucléaires et
écologiques », écrit Edgar Morin (LV 29). J.-L. Mélenchon en prend acte
à la fin de son livre : « On doit se demander s’il n’est pas déjà trop
tard » (EP 148).</li>
<li> Les activités humaines entraînent des
dégâts déjà irréversibles sur le climat et la biodiversité, notamment
dus à l’augmentation exponentielle du nombre d’humains. J.-L. Mélenchon
donne des chiffres saisissants (EP 33) : en 5 ans, de 2009 à 2014, la
population mondiale a augmenté d’un milliard d’individus, alors qu’il
lui a fallu 200 000 ans pour atteindre, vers 1800, le premier milliard.
C’est l’ « ère de l’anthropocène » et de l’« homo urbanus » pour
reprendre les titres de deux chapitres de son livre : 80% de la
population vit en ville en Europe et sur le continent américain (EP 110)
54% des humains sont des urbains. La population urbaine du monde
augmente d’un million par semaine » (LV 317).</li>
<li> Cette
prise de conscience en entraine automatiquement une autre : le modèle
occidental productiviste du développement sans fin est à l’origine de
cette situation tragique : « Le chaos qui s’avance est la conséquence
directe du productivisme » (EP 59) ; « Il faudrait plusieurs planètes
pour répondre aux besoins si tout le monde vivait comme nous. » (EP, 36)
écrit J.-L. Mélenchon. Et de proposer un écosocialisme qui rompt
radicalement avec un certain socialisme productiviste stalinien ou
maoïste. Morin insiste davantage sur la nécessaire critique de
l’impérialisme occidentalo-centriste de ce modèle de développement issu
de la Révolution industrielle, qui s’impose à la planète entière et la
fait entrer dans une crise complexe, écologique, démographique,
civilisationnelle. C’est la « globalisation, stade actuel de la
mondialisation », écrit Morin (LV 26), « unification techno-économique
de la planète » produisant en réaction des « contre-processus de
résistance », certains régressifs (les tentations théocratiques),
d’autres positifs : « refloraisons de cultures autochtones »,
« processus de métissages culturels » (LV 26).</li>
<li>L’écosocialisme
de Jean-Luc Mélenchon s’inscrit dans la « politique de l’humanité »
définie par Morin comme « un dépassement de l’idée de développement,
même supportable (dit « durable ») » (LV 73). L’individu humain n’est
pas une monade autosuffisante en relation avec d’autres monades, il
dépend de son environnement. Il est donc nécessaire d’affirmer
l’existence d’un « intérêt général humain » (EP 58) qui sanctuarise les
conditions de survie de l’humanité, et donc celles de la biosphère.
J.-L. Mélenchon propose d’inscrire dans la Constitution l’extension des
droits de l’homme et du citoyen « à de nouveaux droits écologiques » (EP
58).</li>
<li> Morin comme Mélenchon appellent à une
« gouvernance globale » capable de prévenir les guerres, d’imposer des
droits sociaux, « l’application de normes écologiques vitales et de
normes économiques d’intérêt planétaire » (LV 72), et d’« en finir avec
le libre-échange » (Mélenchon, EP 85) : « Le but est d’organiser les
rapports économiques entre pays sur une base civilisée et négociée. Un
ordre où l’autosuffisance devrait être l’objectif, le transbordement
l’exception. […] Penser une réforme de l’ONU et lui donner les moyens de
fonctionner est la priorité » (EP 85). Morin propose de parler de
« démondialisation » pour assurer la protection des cultures vivrières
et des modes de vie traditionnels, pour relocaliser la production et
donner la priorité partout à l’autosuffisance alimentaire (la
«souveraineté alimentaire »)</li>
<li>Un de ces nouveaux droits
écologiques à conquérir nationalement et internationalement serait la
« règle verte » (« ne pas prélever davantage à la nature que ce qu’elle
peut reconstituer », EP 55) : elle permettrait selon Jean-Luc Mélenchon
de réguler la production proliférante d’objets obsolescents épuisant les
ressources naturelles, creusant une « dette écologique » (EP 54)
autrement plus inquiétante que la « dette publique » de l’Etat dont on
nous rebat les oreilles : nous détruisons les ressources naturelles plus
vite qu’elles ne peuvent se renouveler. E. Morin insiste de plus sur la
nécessité de penser ces nouveaux droits au niveau de la
« société-monde » en cours de constitution (une opinion publique
planétaire consciente de l’urgence écologique). </li>
<li>Edgar
Morin écrit que ce capitalisme financier qui « a provoqué la crise de
2008 » et « se repaît comme un vampire de nos substances vives » « s’est
mis au ban de l’humanité et nous devrions le mettre au ban de
l’humanité » (LV 43). Comme lui, Jean-Luc Mélenchon propose de combattre
la financiarisation de l’économie, notamment en n’accordant le droit de
veto aux actionnaires qu’en fonction du temps de possession de leur
part de capital. Il propose comme E. Morin de sanctuariser certaines
ressources naturelles comme l’eau, et d’étendre autant que possible le
domaine du « commun » en favorisant la production coopérative (les SCOP)
et solidaire, en taxant les flux de capitaux. Mais on voit bien que ce
combat est nécessairement, lui aussi, planétaire.</li>
<li>Comme
Edgar Morin, J.-L. Mélenchon note que le « système formate l’intimité de
chacun» (EP 131), que le productivisme est « comme le patriarcat une
structure implicite » (EP, 132), qu’il y a donc aussi une « bataille
culturelle » (EP 134) à mener pour nous émanciper de « l’ordre
globalitaire (global et totalitaire) » (EP 131), dont l’un des aspects
est l’envoûtement consumériste (Morin parle d’ « intoxication
consumériste », LV 36). Comme l’écrit Morin, « pas de réforme de vie ni
de réforme éthique sans réforme des conditions économiques et sociales
du vivre », et « pas de réforme politique sans réforme de la pensée
politique, laquelle suppose une réforme de la pensée elle-même » (LV
61), réforme inspirée de sa « méthode » coconstructiviste
d’analyse/reliance transdisciplinaire. Comme Morin, Jean-Luc Mélenchon
insiste sur l’éducation (notamment à la sensibilisation aux limites des
ressources écologiques) et la nécessité, mise en œuvre dans son livre,
de penser ensemble l’expérience quotidienne et les priorités politiques.</li>
<li>La
dépendance des habitants du monde entier envers le système de
production des biens, notamment due à la généralisation du mode de vie
urbain, n’a jamais été aussi totale. Cette situation conduit à ce
paradoxe, diversement mais également souligné par l’homme politique et
par le penseur : elle favorise l’émergence de l’individualisme. Plus
l’individu est dépendant d’un système lointain quant à ses capacités de
survie, de déplacement, de nourriture symbolique et culturel, plus il a
le sentiment de posséder une intériorité autonome et un intérêt
personnel. La dépendance envers le système techno-économique l’émancipe
de son environnement humain immédiat.</li>
<li>Cet individualisme a
deux faces, l’une positive, l’augmentation d’une conscience autonome
possiblement réflexive (EP 111) due aussi à l’élévation mondiale du
niveau d’éducation, l’autre négative, voire nihiliste. La mise en
compétition généralisée et la marchandisation des êtres obligés de se
vendre sur le « marché du travail » produit une « dissociation » des
liens traditionnels (environnement humain, familial) et un mouvement
brownien nihiliste d’individualisme égoïste (« le chacun pour soi, la
guerre de tous contre chacun » EP 112) que Jacques Généreux nomme la
« dissociété » (EP 112 et 134). Ce constat conduit Edgar Morin à penser
une nécessaire « réforme de vie » morale fondée sur la convivialité, la
solidarité, l’auto-examen. Jean-Luc Mélenchon insiste dans un chapitre
original sur l’enjeu psychique et politique que représente la
réappropriation du temps contre la tyrannie de l’accélération affolante
et la multiplication chronophage de la dépendance envers la technique.</li>
<li>Les
réflexions les plus originales de Jean-Luc Mélenchon concernent les
possibles modalités nouvelles de la conscience politique et des actions
possibles dans un tel contexte d’individualisme « globalitaire ». Le
caractère lointain des centres de décision techno-économique et
politique tend à produire une indifférence sociale et une perte du
sentiment démocratique, que les oligarchies favorisent consciemment :
apparemment « la ségrégation spatiale » rend la foule des grandes villes
« inapte à être un acteur collectif de l’histoire » (EP 115) et la
relègue dans une passivation consentante. Cependant cette inertie et
cette dissociation peuvent se retourner en « conscience collective »
selon un processus qui n’est pas sans rappeler fortement la description
sartrienne de la constitution du « groupe » dans La <i>Critique de la raison dialectique</i> :
des individus attendent le bus, et se sentent noyés dans une
indifférenciation « sans signification » (les petits pois dans une
boite, pour reprendre l’image sartrienne). Mais un incident survient,
retard anormal du bus ou tout autre micro-évènement rendant visible le
caractère collectif de la dépendance à l’égard du système de transport :
le sentiment du « groupe » est né. La protestation commune qui en
résulte est le modèle des actions collectives spontanées qui ont pu
déclencher des révolutions citoyennes ces dernières années : prix du
ticket de bus au Vénézuela, augmentation du prix de l’eau et du gaz en
Bolivie, réclamation de transports dignes et efficaces au Brésil,
défense d’un jardin public à Istanbul (EP 117). La « révolution
citoyenne » est imprévisible comme ces mouvements, elle est dépendante
davantage de tels phénomènes de conscientisation que du militantisme
traditionnel, dont il faut constater la crise.</li>
</ol>
<br />
<br />
<br />
<b>III. Les points qui me paraissent problématiques dans le livre de Jean-Luc Mélenchon</b><br />
<br />
<br />
<ol>
<li>L’expression reste parfois brutale, et il arrive qu’elle me
heurte. Par exemple, l’attaque parait gratuite contre l’écologie
politique constituée en parti : « la firme qui truste le label » (EP
14). Elle est désormais classique contre les « solfériniens » et
François Hollande, mais paraît davantage justifiée par une politique qui
ménage les oligarchies sur le fond aussi bien que sur la forme. La
bonne voie serait cependant de marquer fermement la volonté de fédérer
dans le respect mutuel des militants de base écologistes et socialistes,
ou d’autres sensibilités du mouvement ouvrier (anarchistes) ou plus
nouvelles (féministes, LGBT), vers une recomposition-union
« écosocialiste » à la gauche du Parti socialiste en déclin.</li>
<li>Cependant
cette brutalité a le mérite d’inclure et de reconduire vers la
politique ceux qui la rejettent violemment : « la gauche et la droite,
c’est pareil », disent-ils (EP 9). Question de priorité politique (de
dosage) : fédérer les sensibilités diverses de la gauche est plus
urgente ou s’adresser aux abstentionnistes. J’ai tendance à penser que
l’urgence est de fédérer ce qui reste du camp de la « vraie » gauche,
n’en déplaise à J.-L. Mélenchon récusant les « savantes explications
pour discerner la vraie gauche de la fausse » (EP 31) : en effet, « la
gauche peut mourir », fédérons d’abord ce qui reste de ses forces vives
agissantes. Et arrêtons tout à fait de penser que tout le « peuple » est
attiré par le FN : les chiffres montrent que le succès du FN résulte
mécaniquement de la droitisation de l’électorat de droite (lequel a
toujours été pour une bonne part un électorat ouvrier ou plus
généralement encore, salarié). Soyons clair : il ne s’agit pas, en tout
cas pas d’abord, de s’adresser à l’extrême-droite ou à ceux qui sont
attirés par les thèses de l’extrême-droite, mais de reconstruire un
discours fort à la gauche du PS : redéfinir la « vraie » gauche.</li>
<li>Jean-Luc
Mélenchon, comme il l’explique lui-même, est passé d’une phase où il
s’agissait de trancher à une phase plus fédératrice. Encore un petit
effort, camarade : il n’est pas sûr que la relégation du mot « gauche »
soit à l’ordre du jour en France, contrairement à ce qui s’est passé en
Amérique du Sud ou en Espagne. Substituer à la polarité parlementaire
gauche-droite une opposition « citoyenne » entre « le peuple » et les
oligarchies (EP 31) réactive des soupçons de « bonapartisme de gauche »,
auxquels il faut répondre. Certes, J.-L. Mélenchon s’appuie sur la
phrase fameuse de Robespierre (p. 31 « Je suis du peuple etc. ») et la
polarité d’origine parlementaire gauche-droite se rattache à la
tradition révolutionnaire française dont il se réclame par ailleurs.
Revendiquer le mot « gauche » aurait le mérite d’inscrire clairement la
« révolution citoyenne » et la convocation de l’assemblée constituante
dans la continuité politiques et historique de la tradition républicaine
française, dont certes la mémoire se perd (cette perte de mémoire qui
m’a fait écrire <i>Les Rouges</i>), mais qui demeure vivace en France,
je le crois. D’autre part, on sent chez Jean-Luc Mélenchon une
hésitation à quitter tout à fait les sentiers balisés de l’électoralisme
social-démocrate (avec les écueils afférents de personnalisation) :
mais sa pensée à cet égard est en avance sur son sentiment (peut-être
même sur ses intentions politiques).</li>
<li>Certaines nuances
demeurent entre les « voies » de pensée et d’action dégagées par E.
Morin et celles proposées par le livre de Jean-Luc Mélenchon. Disons
trop brièvement que l’universalisme dont se revendique l’homme politique
paraît encore un peu trop abstrait. Les notions d’ « enveloppement » ou
de « démondialisation » proposées par E. Morin demeurent à exploiter,
ainsi que son insistance sur la nécessaire diversité humaine et la
valorisation des cultures primitives ou anciennes, modulant
l’occidentalo-centrisme de l’universalisme abstrait « républicain »
compromis dans la colonisation, ou ses réflexions sur la nécessaire
révolution cognitive pour penser l’articulation nouvelle du politique,
du culturel (intellectuel) et du psychique : « Le développement, écrit
Morin (LV 39-40) a secrété un sous-développement intellectuel, parce que
la formation disciplinaire que nous, Occidentaux, recevons, nous
apprenant à dissocier toute chose nous a fait perdre l’aptitude à
relier et, du coup, celle à penser les problèmes fondamentaux et
globaux ».</li>
<li>L’un et l’autre cependant pêchent à mon sens
également par un optimisme trop grand concernant la rationalité
universalisante. Optimisme sur les capacités heuristiques de
l’autoexamen et la portée thérapeutique ou politique de la réflexivité
pour Morin : j’avoue cependant que je partage cet optimisme, même si je
me le reproche. Cela conduit le philosophe notamment à négliger la
question des modalités pratiques de l’action politique et l’influence
des institutions politiques.</li>
<li>Chez Jean-Luc Mélenchon au
contraire, l’optimisme heuristique débouche sur une surévaluation des
méthodes de « l’éducation populaire » ; a contrario, son analyse des
nouvelles modalités d’action politique révèle un manque de confiance
dans le militantisme politique traditionnel (certes en crise), dans la
structuration politique à la base. Et l’on retombe du coup, faute de
« mouvements » spontanés urbains, à cause de ce chaînon manquant de
l’enracinement politique, sur le risque d’un bonapartisme de gauche,
dont J.-L. Mélenchon serait l’homme providentiel. Mais on sent que sa
pensée est en évolution sur cette question, et une fois encore, en
avance, peut-être sur ses intentions politiques (qui le portent à ne
faire confiance qu’à lui-même) ; donnons-lui crédit d’ouvrir d’autres
pistes d’action, notamment grâce au mouvement horizontal Pour la VIème
République qu’il vient de lancer, et que j’appelle à rejoindre. </li>
<li>Cependant
un mot encore sur ce risque de « bonapartisme de gauche » (ou de
chavisme, si on préfère) : l’emploi du mot « planification » (EP 91) à
propos de l’écologie politique (mot qui « fait peur » EP 91 en effet,
puisqu’il est celui de la politique étatiste centraliste stalinienne ou
gaullienne) laisse planer un doute, quant au rapport à l’Etat, et au
type d’Etat (institution du commun) qu’il s’agit de défendre. Tout ceci
reste à éclaircir par la délibération libre dans le Mouvement pour une
VIème République.</li>
<li>Je suis également sceptique sur une
certaine tonalité « nationale » dans certains passages du livre,
notamment celui-ci : la France « nation universaliste » ayant vocation à
« s’étendre sans fin » « du point de vue des principes qui l’organisent
et la régissent » (EP 80). Certes, la France, deuxième puissance du
monde, du point de vue de l’étendue, compte-tenu de ses territoires
maritimes, aurait intérêt à exploiter écologiquement les ressources de
la mer (cela est intéressant). Mais cette arrogance un brin
impérialiste, même purement intellectuelle (les principes politiques),
me gêne – même si elle est formulée pour contrer la mélancolie
décliniste ambiante.</li>
<li>J’aurais tendance, quant à moi, à
tempérer cet optimisme rationaliste du philosophe et du politique par un
intérêt marqué pour le pessimisme freudien d’un Georges Bataille (je
mettrai en ligne dès parution ces jours-ci dans un ouvrage collectif de
mon texte : « La Politique de Georges Bataille ») : la nécessaire mise
en cause de l’opposition rationaliste foi/raison (politique et religion)
est à mon sens bien plus radicale chez ce poète de la pensée que chez
E. Morin, même si la clairvoyance du philosophe à cet égard est ce qui
s’est formulé de plus intéressant sur cette question (notamment dans son
livre <i>Autocritique</i>, sur lequel je reviendrai dans un autre
texte). Jean-Luc Mélenchon, sur cette question, en reste souvent à de
rassurantes et classiques ritournelles « laïques », mais son intérêt
pour la théologie de la libération, sa « religion de l’humain », et sa
réflexion personnelle sur les racines religieuses de son propre
engagement (la foi de sa mère : voir une interview récente) laissent
entrevoir des clairvoyances intéressantes à cet égard.</li>
<li>Mais
j’en viens à mes réticences les plus marquées : elles concernent le
chapitre « Le retournement du monde ». Première nuance. J.-L. Mélenchon
écrit : « L’histoire en cours est celle de la lutte de l’oligarchie
pour le pouvoir absolu. Parce qu’elle n’a pas le choix » (EP 67). Je ne
conteste pas le fait, mais il est très nécessaire à mon sens d’écrire le
mot oligarchie au pluriel. Ce singulier fait à mon sens commettre à
Jean-Luc Mélenchon une erreur d’appréciation, sûrement due à sa lecture
très latino-américaine des actuels changements de rapports de force
mondiaux. L’analyse de l’émergence des BRICS est passionnante, et
l’évènement que fut en août dernier leur décision de « commercer dans
leurs monnaies nationales » (EP 72) parait en effet déterminante : elle
signifie la fin de l’hégémonie économique du dollar, et donc la fin
d’une globalisation « américaine », telle qu’elle s’est imposée après la
Chute du Mur. Certes « l’empire américain » reste militairement
dominant (quoique les avis paraissent à cet égard partagés), et on peut
craindre que son déclin hégémonique (voire sa chute brutale, en effet
envisageable) ne le conduise à provoquer une guerre généralisée, ou du
moins un dangereux et instable jeu d’alliances dont on a déjà vu les
effets dévastateurs. Certes le GMT, signe patent de sa volonté
impérialiste intacte est un effet de sa réaction à son déclin et montre
les risques engendrés par celui-ci.<br />
Mais faut-il pour autant
soutenir les initiatives des BRICS, notamment la proposition « faite par
la Chine de créer une monnaie commune mondiale » (EP 71) ? Certes
« nous sommes en opposition frontale avec les USA sur des points
essentiels » (EP 77) touchant notamment aux droits de l’homme, à la
démocratie, aux droits sociaux, à l’écologie. Mais partageons-nous
davantage de valeurs avec les chinois, avec Poutine, avec l’Afrique du
Sud ? Les visées impérialistes des chinois sont-elles moins dangereuses
que les américaines ? N’y a-t-il pas des oligarques russes, chinois,
sud-africains etc. qui dominent la politique de leurs pays en imposant
les mêmes modèles financiers et politiques que les banksters US et avec
lesquels nous ne partageons rien.<br />
Plusieurs faits me semblent (à vue de nez de citoyen moyennement informé) aller dans un autre sens que ceux cités précédemment.<br />
La
politique d’Obama n’a-t-elle pas deux axes : moindre implication
militaire directe dans les conflits, et détente avec l’Iran ? Certes,
le désengagement américain tend à mettre en avant ses alliés, notamment
l’Europe et la France : mais est-ce une politique « atlantiste » de la
part des Français ou le signe d’une faiblesse américaine et l’émergence
d’une multipolarité de fait, que personne ne pense ni ne domine ?
D’autre part, d’après ce qu’il m’a semblé comprendre, l’Etat Islamique
est financé par l’Arabie Saoudite, notamment pour récupérer un moyen de
pression sur les Américains, précisément parce qu’Obama a pris ses
distances avec cet Etat. Obama ne sera pas toujours président, et
l’analyse de Jean-Luc Mélenchon sur la dangerosité du déclin américain
est complètement valable. Mais force est de constater que la politique
d’Obama (on pourrait ajouter : moindre soutien à la politique belliciste
d’Israël, même si c’est une affaire de nuances) n’est pas militairement
ouvertement et directement offensive. D’autre part enfin, la puissance
américaine n’a pas dit son dernier mot, peut-être (une découverte
nouvelle en matière de maîtrise d’énergie, thermonucléaire par exemple,
serait peut-être en mesure de changer au moins provisoirement la donne :
ils y croient en tout cas).<br />
Bref, je ne suis pas sûr que le
« non-alignement » des BRICS, même s’il offre des marges d’action sur le
plan international (en offre-t-il sur ces questions essentielles que
sont les questions écologiques ou sociales ?) et ouvre des
contradictions entre oligarchies peut-être exploitables, soit, en
définitive, par défaut d’émergence d’organismes internationaux
véritablement régulateurs dans le sens d’une « politique de
civilisation », plus défendable que l’ex-Bloc soviétique. Dialectique
subtile à doser : jouer des contradictions d’accord, refuser le chantage
à la guerre (à propos de l’Ukraine par exemple), mais il n’est pas
question, il me semble, de choisir un bloc contre un autre. On ne va
quand même pas se refaire le coup du « grand frère soviétique » : la
justification politique de ce choix politique géostratégique serait
encore plus faible, c’est peu dire, et certaines affirmations de
Jean-Luc Mélenchon me paraissent ambigües à ce sujet.</li>
</ol>
Je finirai par une remarque à l’égard de mes amis
« intellectuels » (qui font profession d’enseigner, de lire et
d’écrire). Retrouvons le goût du dialogue avec les politiques :
prenons-les au sérieux, et résistons à la spécialisation des savoirs
dénoncée par Michel Foucault dans <i>L’Ordre du discours</i>.
L’intellectuel, pour « spécifique » que son humilité lui commande
d’être, doit sortir de la tour d’ivoire de l’ « expertise », certes pas
pour reconduire les erreurs passées de l’universalisme abstrait, mais
pour enrichir de nos nuances argumentées la vision du monde généraliste
que ne doit pas manquer de chercher à préciser tout citoyen qui se
respecte. Il est donc très nécessaire de discuter avec les hommes
politiques, lorsqu’ils font l’effort, comme c’est le cas ici, de penser<br />
...Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-13720249393372303922014-10-26T08:43:00.002+00:002014-10-26T08:46:20.692+00:00Santé et produits chimiques : « l’inaction confondante des pouvoirs publics »<div style="text-align: center;">
****</div>
<div style="text-align: center;">
....</div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart.jpg"><img alt="LOGO_mediapart" class="aligncenter size-medium wp-image-513" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/01/LOGO_mediapart-300x216.jpg" height="216" width="300" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.mediapart.fr/journal/france/231014/sante-et-produits-chimiques-l-inaction-confondante-des-pouvoirs-publics" target="_blank"><strong>Santé et produits chimiques : « l’inaction confondante des pouvoirs publics »</strong></a></div>
<div style="text-align: center;">
..</div>
<div style="text-align: justify;">
Le journaliste Fabrice Nicolino publie une enquête remarquable sur la place prise par la chimie dans nos vies. Plongée effarante depuis la découverte de la chimie industrielle, au milieu du XIX<sup>e</sup> siècle, jusqu'au drame sanitaire en cours, en passant par les gaz moutarde et autres gaz de combat, les pesticides, les PVC…</div>
<div style="text-align: justify;">
Depuis plusieurs années maintenant, le journaliste Fabrice Nicolino tire des fils : comment et pourquoi ce que l'on mange est-il gavé de milliers de produits chimiques ? Qui est responsable ? Pourquoi les pouvoirs publics ne font-ils rien, ou presque ? Mais avec son dernier livre, <i>Un empoisonnement universel</i>, c'est l'ensemble du tableau qui se dessine sous les yeux du lecteur.</div>
<div style="text-align: justify;">
Pourquoi, entre 1980 et 2012, assiste-t-on à une augmentation de 110 % du nombre de cancers en France ? L'industrie chimique figure une excellente piste, explorée sous tous les angles dans le livre : l'impunité totale des industries de la chimie, l'action des lobbies industriels, l'<i>« ignorance crasse »</i>, pour reprendre Nicolino, des pouvoirs publics.</div>
<div style="text-align: justify;">
Un exemple ? La dose journalière admissible, censée être la dose maximale qu’un homme normal peut ingérer chaque jour pendant toute sa vie. D'où vient-elle ? Mais des lobbies industriels évidemment. <i>« </i><i>Une mystification destinée à rassurer mais qui ne repose sur rien de scientifique, bricolée sur un coin de table »</i>, assène l'auteur. Le reste est à l'avenant.</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="background-color: white; color: white;">...</span></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<img alt="" class="aligncenter" src="http://static.mediapart.fr/files/imagecache/300_pixels/media_71254/Capture_decran_2014-10-21_a_11.34.08.png" height="455" title="" width="300" />
</div>
<div style="text-align: center;">
<b><i>Un empoisonnement universel – Comment les produits chimiques ont envahi la planète</i></b>
<b>Fabrice Nicolino. </b>Éditions Les liens qui libèrent. Septembre 2014, 448 pages, 23 €.
</div>
<div style="text-align: center;">
<span style="color: white;">...</span><br />
<br /><br />
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="//www.dailymotion.com/embed/video/x28cfyg" width="560"></iframe><br /></div>
<div style="text-align: center;">
<a href="http://www.dailymotion.com/video/x28cfyg_sante-et-produits-chimiques-l-inaction-confondante-des-pouvoirs-publics_news" target="_blank">Santé et produits chimiques : « l’inaction...</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/Mediapart" target="_blank">Mediapart</a></i>
</div>
<div style="text-align: center;">
...</div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-71701461252562197142014-10-25T15:12:00.002+01:002014-10-25T15:16:42.050+01:00Il faut violer les traités européens!<div style="text-align: center;">
***</div>
<div style="text-align: center;">
«Il faut violer les traités européens!»<br />
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="//www.dailymotion.com/embed/video/x28h4z8" width="560"></iframe><br />
<a href="http://www.dailymotion.com/video/x28h4z8_jacques-genereux-parti-de-gauche-il-faut-violer-les-traites-europeens_news" target="_blank">Jacques Généreux (Parti de gauche) : « Il faut...</a> <i>par <a href="http://www.dailymotion.com/Mediapart" target="_blank">Mediapart</a></i><br />
<em>...</em></div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-24664309726705141092014-09-28T11:10:00.002+01:002014-09-28T11:12:05.340+01:00Révolution monétaire : débat entre Etienne Chouard, Stéphane Laborde et Jean-Baptiste Bersac<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<h3 class="yt" id="watch-headline-title" style="text-align: center;">
....</h3>
<h3 class="yt" style="text-align: center;">
<span style="color: #cc0000;">Révolution monétaire : débat entre Etienne Chouard, Stéphane Laborde et Jean-Baptiste Bersac</span>
</h3>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="//www.youtube.com/embed/kvjstlFaxUw?rel=0" width="560"></iframe><br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<div style="text-align: center;">
......</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-54367237643316206502014-09-27T11:08:00.000+01:002014-09-27T11:08:02.745+01:00Reproduction artificielle et marchandisation du vivant.<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="http://www.franceculture.fr/sites/all/themes/fc_player_theme/img/logos/logo.png" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" src="http://www.franceculture.fr/sites/all/themes/fc_player_theme/img/logos/logo.png" /></a></div>
<div style="text-align: center;">
<iframe frameborder="0" height="139" scrolling="no" src="http://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=4911502" width="481"></iframe></div>
<div style="text-align: center;">
<br /></div>
<h3 style="text-align: center;">
<span style="color: blue;"><b>Reproduction artificielle et marchandisation du vivant</b></span><span class="roll_end"><span style="color: blue;"><b> </b></span></span></h3>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-76623177180190172022014-09-26T20:32:00.002+01:002014-09-26T20:32:33.237+01:00La finance est-elle en train de tuer l'industrie ?<div data-mce-style="text-align: justify;" itemprop="Headline" style="text-align: justify;">
<br data-mce-bogus="1" /></div>
<div data-mce-style="text-align: center;" itemprop="Headline" style="text-align: center;">
<a data-mce-href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/04/logo_home.gif" href="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/04/logo_home.gif"><img alt="logo_home" class="aligncenter size-full wp-image-4426" data-mce-src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/04/logo_home.gif" height="97" src="http://www.apli-nationale.org/wp/wp-content/uploads/2014/04/logo_home.gif" width="277" /></a></div>
<div data-mce-style="text-align: center;" itemprop="Headline" style="text-align: center;">
<a data-mce-href="http://www.alternatives-economiques.fr/la-finance-est-elle-en-train-de-tuer-l-industrie_fr_art_1308_58957.html" href="http://www.alternatives-economiques.fr/la-finance-est-elle-en-train-de-tuer-l-industrie_fr_art_1308_58957.html" target="_blank"><strong>La finance est-elle en train de tuer l'industrie ?</strong></a></div>
<div data-mce-style="text-align: center;" itemprop="Headline" style="text-align: center;">
<br data-mce-bogus="1" /></div>
<div itemprop="Headline" style="text-align: justify;">
Gabriel
Colletis, Professeur à l'université de Toulouse I Capitole et chercheur
au Lereps, ancien conseiller scientifique au Commissariat général du
Plan. Auteur de <i>L'urgence industrielle{insecable}!</i>, Le bord de l'eau, 2012<br /> <em>Alternatives Economique</em></div>
<div itemprop="Headline" style="text-align: justify;">
<em><br /></em></div>
<div itemprop="Headline" style="text-align: justify;">
<em></em><br data-mce-bogus="1" /></div>
<div style="text-align: justify;">
L'arrivée
d'actionnaires aux visées essentiellement financières a infléchi le
management et la stratégie des firmes, au profit d'une recherche de
rentabilité maximale et immédiate, et au détriment de la logique
industrielle. <br />
<br /><br />
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les causes
de la désindustrialisation sont multiples et imbriquées les unes dans
les autres. Souvent mise en cause depuis le début de la crise, la
finance ne peut donc être considérée comme l'unique responsable des
difficultés de l'industrie. Elle peut d'ailleurs jouer un rôle positif,
comme dans le cas du capital-risque (*), indispensable à la croissance
de certaines activités industrielles fortement innovantes. Plutôt que la
finance dans son ensemble, c'est la financiarisation des stratégies des
entreprises qui doit être remise en cause.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Celle-ci
a en effet pour résultat d'inverser le sens de la relation
traditionnelle entre investissement et finance. Plutôt que de chercher
prioritairement à assurer leur croissance ou leur compétitivité, à
conquérir des parts de marché, les firmes ont pour premier objectif leur
rentabilité ou, plus précisément, la création de valeur actionnariale.
Au lieu de sélectionner les financements possibles en fonction d'un
investissement qu'elle veut réaliser, l'entreprise sélectionne ses
investissements en fonction d'une norme de rentabilité et d'un revenu
promis aux actionnaires (surtout lorsque ceux-ci sont des fonds
d'investissement). Des activités peuvent ainsi être délocalisées, des
investissements abandonnés, des sites fermés, non parce qu'ils ne sont
pas rentables, mais parce qu'ils ne le sont pas assez.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong>La stérilisation des richesses créées</strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div style="text-align: justify;">
Les
deux puissants moteurs de ce phénomène sont l'adoption de stratégies de
croissance externe (*) et l'alignement des intérêts des managers sur
ceux des actionnaires. La financiarisation n'est en effet pas, comme il
est souvent suggéré, un processus qui se serait imposé de l'extérieur
aux firmes. Elle est le tribut d'un capitalisme sans capital. En
particulier en France, où les grandes entreprises lorsqu'elles se sont
lancées dans la course à l'internationalisation à partir de la fin des
années 1980, disposaient de capitaux propres très insuffisants. Pour
financer ces opérations de croissance externe, elles ont alors fait
appel aux marchés financiers et aux investisseurs. Or, ce type
d'actionnaires considère les firmes comme de simples actifs liquides
(des titres que l'on peut acheter et vendre à tout moment), support de
création de valeur actionnariale (dividendes et plus-values réalisées
lors des cessions).</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Les managers de
grands groupes se sont d'autant mieux adaptés à ce nouvel environnement
actionnarial donnant la primauté à la rentabilité que les stock-options
(*) ont constitué une part de plus en plus importante de leur
rémunération. Il en va donc de leur intérêt personnel de mettre en
oeuvre tous les moyens à leur disposition pour faire croître la valeur
du titre de leur entreprise.</div>
<div style="text-align: justify;">
Les
conséquences de cette financiarisation sont de différents ordres. Il y a
d'abord l'adoption d'un horizon temporel court, qui s'oppose, comme on
le souligne souvent à juste titre, au temps long nécessaire à la
formation des stratégies. Il y a aussi le report du risque sur les
salariés et les fournisseurs, voire (quand cela est possible) sur les
clients : l'entreprise est conduite à se séparer des activités jugées
les moins rentables et à réduire ses coûts de production en coupant dans
sa masse salariale.</div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Ensuite, la
financiarisation agit comme un mécanisme de stérilisation des richesses
créées par les entreprises. En premier lieu, par le biais des rachats
d'actions : plutôt que de consacrer leurs profits à l'investissement, un
grand nombre de groupes, en France comme à l'étranger, les utilisent
pour racheter leurs propres actions afin de les annuler, la réduction du
nombre de titres en circulation augmentant en effet mécaniquement le <a data-mce-href="http://fr.mimi.hu/economie/benefice_par_action.html" href="http://fr.mimi.hu/economie/benefice_par_action.html" target="_blank">bénéfice par action</a>.
Deuxième aspect : l'augmentation de la part des profits versés aux
actionnaires sous forme de dividendes. En France, les dividendes
représentent désormais 8 % de la valeur ajoutée et plus du tiers des
profits des entreprises. En trente ans, le résultat brut d'exploitation
des entreprises (en euros de 2009) a ainsi été multiplié par un peu
moins de trois, tandis que les dividendes l'ont été par plus de dix <a class="mceItemAnchor" href="https://www.blogger.com/null" name="appel1"></a><a data-mce-href="http://www.alternatives-economiques.fr/la-finance-est-elle-en-train-de-tuer-l-industrie_fr_art_1308_58957.html#note1" href="http://www.alternatives-economiques.fr/la-finance-est-elle-en-train-de-tuer-l-industrie_fr_art_1308_58957.html#note1">[1]</a>.</div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
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<strong>La domination du groupe</strong></div>
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<strong><br /></strong></div>
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La
situation varie cependant selon la taille de l'entreprise et son
appartenance ou non à un groupe. Ainsi, seule une PME sur six distribue
des dividendes. Ce sont les très grandes entreprises qui en versent le
plus, et ce même lorsque leurs marges sont faibles ou diminuent. Pour
autant, elles ne sont pas les seules concernées par la financiarisation.
Sur les 40 000 entreprises françaises de taille intermédiaire (*)
recensées en France, seules 5 000, soit un peu plus d'un dixième, sont
véritablement indépendantes. En une quinzaine d'années, la
financiarisation croissante a fait disparaître la majeure partie des
entreprises grandes et moyennes véritablement indépendantes.</div>
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<br /></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Le
groupe est devenu la structure dominante. Cette domination prend
diverses formes : croissance externe et filialisation d'entreprises
jusque-là indépendantes, rachat systématique de PME, sous-traitance,
franchises, etc. <a class="mceItemAnchor" href="https://www.blogger.com/null" name="appel2"></a><a data-mce-href="http://www.alternatives-economiques.fr/la-finance-est-elle-en-train-de-tuer-l-industrie_fr_art_1308_58957.html#note2" href="http://www.alternatives-economiques.fr/la-finance-est-elle-en-train-de-tuer-l-industrie_fr_art_1308_58957.html#note2">[2]</a>
Si l'établissement a une vocation industrielle ou commerciale et
l'entreprise une vocation économique, le groupe n'est rien d'autre, le
plus souvent, qu'une structure orientée par les considérations
actionnariales, financières et fiscales. En effet, la création de
filiales a souvent pour véritable motif l'optimisation fiscale. On
gagnerait donc à procéder à une évaluation en profondeur des différentes
aides dont bénéficient les entreprises et, de facto, les têtes de
groupe.</div>
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<br /></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
D'autant que leur
contribution à l'activité économique de la nation est désormais loin
d'être évidente : alors que l'industrie française pèse environ la moitié
de l'industrie allemande (en termes de valeur ajoutée), elle investit
en moyenne plus de deux fois plus à l'étranger. En d'autres termes,
l'industrie allemande continue d'investir et de produire en Allemagne et
d'exporter, alors que l'industrie française, marquée par le poids de
grands groupes financiarisés et extravertis, produit et fait produire de
plus en plus à l'étranger. C'est sans doute là aussi que réside l'une
des raisons de l'asymétrie des balances commerciales des deux pays, plus
que dans le coût du travail.</div>
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<br /></div>
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<br /></div>
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<strong>Sortir des logiques financières</strong></div>
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<strong><br /></strong></div>
<div data-mce-style="text-align: justify;" style="text-align: justify;">
<strong><br /></strong></div>
<div style="text-align: justify;">
Remettre
la finance à sa place réclame donc de nouvelles régulations
financières, dont le principe général doit être de favoriser le long
terme. Annoncée par François Hollande, la création d'une banque
publique, destinée à soutenir les investissements des PME et à densifier
les relations interentreprises au niveau territorial, peut aller dans
le bon sens. Elle complèterait les activités d'Oséo, la banque publique
des PME, et en partie celles du Fonds stratégique d'investissement
(FSI). De même, la possibilité donnée aux régions de participer au
capital d'entreprises structurantes, comme les firmes-pivots capables de
concevoir et de produire des systèmes (*) et se situant entre les
grands donneurs d'ordre et les sous-traitants.</div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Mais
il convient également de rendre liquide le capital financier, qui se
comporte aujourd'hui à la manière d'un gaz volatil. Pour cela, il faut
ralentir sa vitesse de circulation. Parmi les outils possibles, les
taxes sur les mouvements financiers spéculatifs - visant en particulier
le <em>trading</em> de haute fréquence (*) <em></em>-, le cloisonnement
des activités bancaires, l'utilisation de la fiscalité pour discriminer
les bénéfices réinvestis et ceux qui sont distribués, ou encore
l'attribution de droits de vote lors des assemblées générales
d'actionnaires en fonction de la durée de conservation des titres, etc.</div>
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<br /></div>
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<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
Il
est aujourd'hui nécessaire de remettre la finance au service de
l'industrie et du développement des activités productives. Cela ne se
fera pas par l'adjonction de quelques régulations financières de façade.
La période écoulée depuis 2008 le démontre amplement. </div>
<div style="text-align: justify;">
<br /></div>
<div style="text-align: justify;">
*
Capital-risque : capital avancé par des investisseurs institutionnels
aux start-up. Une activité à hauts risques, car beaucoup d'entre elles
font faillite. Les capital-risqueurs se rémunèrent en revendant leurs
participations, soit lors d'une introduction en Bourse, soit quand la
start-up est rachetée par une autre entreprise.</div>
<div style="text-align: justify;">
*
Croissance externe : stratégie de développement de l'entreprise
privilégiant le rachat d'autres sociétés, par opposition à la croissance
interne, qui consiste à développer de nouveaux produits ou à s'attaquer
à de nouveaux marchés avec ses propres moyens.</div>
<div style="text-align: justify;">
*
Stock-options : droit accordé à un dirigeant d'entreprise d'acquérir
dans le futur les actions d'une entreprise à un prix convenu à l'avance.</div>
<div style="text-align: justify;">
*
Système : assurant une fonction complète (par exemple, un train
d'atterrissage), il se différencie d'un équipement, qui est une
composante du système (par exemple, les freins, les pneumatiques...).</div>
<div style="text-align: justify;">
*
Trading de haute fréquence : achat et revente quasi-instantanée de
titres n'ayant pas exactement la même valorisation d'une place
financière à l'autre.</div>
Unknownnoreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-4925623893371456073.post-34831501041258943042014-09-12T07:49:00.001+01:002014-09-12T07:49:20.007+01:00<br />
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Étienne Chouard aux journées d'été Nouvelle Donne 24/08/2014 <br />
<br /></div>
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<br /></div>
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<iframe allowfullscreen="" frameborder="0" height="315" src="//www.youtube.com/embed/RT79JwkQqs0?rel=0" width="560"></iframe><br /></div>
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