mardi 31 décembre 2013

L’heure du Bilan.

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L’heure du Bilan
2013 a vécu, vive 2014 !
Cette période de fin d'année est traditionnellement le moment de faire le bilan de l'année écoulée et de tracer les perspectives accompagnées de vœux pour celle qui s'ouvre.
Le président de l'APLI Nationale ne va pas déroger à cet exercice. Le Conseil d'Administration renouvelé, alors que je souhaitais sincèrement transmettre le flambeau de la présidence de notre jeune association, n'a pas voulu tenir compte de ce désir et m'a réélu à l'unanimité à ce poste. Je n'ai accepté de prolonger mon mandat que pour mieux préparer la succession et assurer une stabilité à notre mouvement.
Notre combat juste et loyal, pour un prix du lait qui couvre les frais et permette une rémunération des producteurs, continue. Pour cela nous poursuivons notre lutte aux côtés de l'EMB pour la mise en place d’une agence de régulation européenne et pour une reconnaissance des coûts de production.
Nous sommes aujourd'hui dans une phase de construction.
Sans doute est ce moins percutant médiatiquement qu’une grève ou un rassemblement de tracteurs dans nos régions. Et pourtant que de travail accompli en 2013, grâce à l'engagement permanent de tous ceux qui m'entourent et que je tiens tout particulièrement ici à remercier. L’APLI Nationale garde son éthique, elle est et restera une association de producteurs ouverte à tous mais asyndicale.
Les OP France MilkBoard ont été créées : la construction de ces organisations de producteurs est une réponse à la demande du ministère. Trois OP France MilkBoard ont été reconnues mais elles ne pourront être efficaces qu'à deux conditions :
- ces OP doivent rassembler un maximum de producteurs, et là chaque adhérent a un rôle mobilisateur à jouer,
- ces OP transversales doivent se regrouper en une AOP la plus large possible.
Le lancement du lait FAIREFRANCE a nécessité beaucoup d’énergie. Le lait équitable français a vu le jour, conforme à l’éthique du projet initial.
Le départ est fulgurant, conforme aux prévisions. Le projet répond à une attente réelle des consommateurs qui sont aujourd’hui prêts à investir pour le maintien des fermes familiales et des agriculteurs sur tout le territoire, pour le maintien également de la qualité des produits et de la vie.
C'est une révolution sur le partage des marges. Le poids des producteurs dans la commercialisation est redevenu ce qu'il aurait toujours dû être. Mais, là encore, comme pour les OP, pour aller encore plus vite et que le mouvement devienne irréversible et incontournable, il faut que davantage de producteurs nous rejoignent.
Les perspectives 2014 sont moroses…
- Le prix du lait, qui est aujourd'hui plus en phase avec les réalités économiques (mais pour combien de mois ?) ne donne aucune lisibilité suffisante pour pouvoir investir sereinement à longue échéance.
Attention ! Ce prix plus élevé ne répond pas à notre vision à long terme. Ne nous laissons pas attirer par le chant des sirènes des coopératives qui nous demandent de produire 10 à 20 % de lait en plus sans garantie de prix. N'oublions pas 2008 – 2009 !
- Les coûts de production, source de débat permanent ne sont toujours pas intégrés dans l’élaboration du prix du lait, de même que le temps de travail de l’éleveur générant ainsi une morosité persistante qui entraîne la désertification laitière de nombreuses régions.
- L’interprofession actuelle est inefficace : le prix du lait payé aux producteurs français est le plus bas d’Europe, et cependant reste le moins compétitif sur le marché mondial. Le CNIEL se contente de redistribuer une partie de l’argent collectée sur le dos des producteurs (CVO) à ceux qui occupent la place. Et demain, en donnant quelques miettes et strapontins aux syndicats minoritaires, rien ne changera. Le CNIEL sera alors plus que jamais un lieu de débat politico-syndical obsolète et inutile, réduisant à néant le rôle des OP.
- L'Etat, avec la prochaine « loi d'avenir », devrait affirmer une réelle volonté politique en imposant une interprofession digne de ce nom, jouant un rôle important pour le développement et l'avenir de la filière avec chaque maillon représenté : industriel, distribution, consommateur et producteurs à travers les organisations de producteurs.
- La régulation n’est toujours pas actée.
Le travail ne manque donc pas !
Nous comptons bien mettre tout en œuvre pour être entendus.
Notre travail lors des réunions au ministère, bien que nous soyons très écoutés, n’apporte pour l’instant guère de retour. Mais nous ne sommes pas en place pour faire de la cogestion. Et nous restons très vigilants quant à l'élaboration de la loi d'avenir agricole.
Nous participons activement au niveau européen, avec l’EMB (qui regroupe 14 pays), à un vrai travail de fourmi pour faire avancer nos idées auprès de la commission et du parlement européen.
Cette année 2014 s'annonce donc comme celle :
- du déploiement de toutes ces structures (Agence de régulation, OP, FaireFrance),
- de négociations tous azimuts, avec l'état pour l'APLI, avec les laiteries pour les OP, avec les centrales d'achat et les consommateurs pour FaireFrance.
Pour être au plus proche de chaque adhérent, notre site a été refondu et je vous engage à aller dès maintenant le visiter et vous inscrire à la newsletter.
Au risque de me répéter, je ne peux engager seul la lutte, j'ai besoin, ainsi que le Conseil d'Administration tout entier, de chacun et de chacune d'entre vous pour réussir.
En cette fin d'année un de mes vœux serait que chacun se pose la question : j’ai adhéré à l'APLI, qu'est ce que j'attends de l'APLI mais aussi et surtout qu'est ce que j'ai fait pour l'APLI ?
Je vous souhaite à toutes et à tous une bonne et heureuse année.
Que 2014 nous voie nombreux, unis et forts pour mener une action efficace, tremplin vers un avenir meilleur.
A très bientôt.
André Lefranc,
Président de l’APLI Nationale
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vendredi 27 décembre 2013

COMMUNIQUE DE PRESSE: SCANDALEUX !

 
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COMMUNIQUE DE PRESSE
SCANDALEUX !
La filière laitière se porte bien. Les déclarations positives fleurissent. La routine syndicale se met en place.
Les industriels (FNIL) soulignent que le prix du lait payé aux producteurs n’a jamais été aussi élevé en France (34 cts en moyenne pour 2013).
Le syndicat majoritaire acquiesce en entamant une esquisse de mobilisation contestataire conventionnelle d’un autre temps selon sa trilogie inefficace fumier-stickage-blocage.
Les syndicats minoritaires, aux portes de l’interprofession, boite vide par excellence, attendent sans broncher leurs strapontins pour enfin se donner une contenance et de nouvelles sources de financement.
La majorité ministérielle se réjouit de sa future loi d’avenir comme leurs prédécesseurs se réjouirent d’avoir occupé le temps.
Mais la réalité est toute autre. Partout en Europe le prix du lait dépasse les 40 cts. Les pays du nord, aux coopératives efficaces, frôleront les 40 cts de moyenne pour 2013. Le lait spot se négocie à 485 €.
Pourtant seul pays d’Europe à s’enorgueillir d’une interprofession(CNIEL) et d’une contractualisation, les éleveurs français restent les dindons de l’embellie générale.
La loi d’avenir ne résoudra rien tellement la production laitière y est absente avec pour seule avancée le pouvoir du médiateur, non dans le sens de l’équité mais comme futur bouc-émissaire, chargée d’absorber l’échec du manque de courage politique.
Les Organisations de Producteurs verticales sont un échec criant et attendu.
Pour preuve, la position du géant Lactalis sur le non respect des accords à minima, pour un prix au producteur dérisoire, et qui va rapidement faire tâche d’huile, entraînant d’autres industriels dans son sillage.
En 2014, une nouvelle embellie du prix est promise. Elle soulagera les trésoreries des exploitations et c’est un bien.
Mais notre rôle d’élus responsables est de ne pas verser dans l’euphorie et d’anticiper, en tant que représentants de chefs d’entreprises, l’avenir.
2014, peut être à la fois année d’espoir et année noire.
Année noire si, comme tous nos représentants actuels, nous nions les réalités et ne tirons pas les leçons des échecs récents.
Année d’espoir, si dans le laps de temps qui nous reste mais qui s’amenuise chaque jour avant 2015, nous arrivons à nous structurer pour faire face aux requins qui nous exploitent.
L’Office du lait National appelle toutes les organisations responsables et soucieuses de l’avenir des éleveurs, au mieux à rejoindre les France MilkBoard reconnus, au moins à se regrouper en AOP de bassins pluri-représentatives, indépendantes et horizontales pour la mise en place d’un contrat cadre élaboré par les producteurs, pour l’ensemble de la filière.
L’Office du lait National appelle également tous les producteurs, quelle que soit leur appartenance, à faire pression sur leurs représentants pour s’orienter vers cette seule alternative porteuse, évitant ainsi l’absurdité irréversible du modèle Suisse vers lequel nous sommes propulsés.
Il est déjà tard. Evitons qu’il ne soit trop tard.
Paul de Montvalon
Président de l’Office du Lait National
06.83.34.79.25

vendredi 29 novembre 2013

Le néolibéralisme est une anthropologie de la guerre, par Nadir (Nadj Popi)


Walther Rathenau (1867 – 1922) joue un rôle essentiel parce qu’il influence à la fois Friedrich Hayek (1899 – 1992) et Carl Schmitt (1888 – 1985).
Ainsi Hayek mobilise Schmitt parce qu’il a aussi pour figure tutélaire Rathenau.
Rathenau appliqua les méthodes de l’économie en temps de guerre aux périodes de paix : il s’agit de transformer la société en mobilisant l’opinion et en forgeant cette dernière.
Je propose de qualifier le néolibéralisme comme un socialisme utopique visant à forger une anthropologie de la guerre (en temps de paix) : voila pourquoi le néolibéralisme planifie et organise la crise en contribuant à la formation d’une anthropologie de guerre et donc d’une citoyenneté sacrificielle en période d’austérité qui exige une situation d’état d’urgence permanent (coup d’État permanent) et des mesures d’exception qui contreviennent au fonctionnement de la démocratie.
La politique néolibérale d’austérité, en sus de transférer la richesse vers la classe des rentiers forge une citoyenneté sacrificielle (mobilisation de l’opinion, dramatisation des enjeux) et donc une anthropologie de la guerre.
Hayek a recours à Schmitt parce qu’Hayek comme Schmitt sont à l’école de Rathenau.
Rathenau est donc aux sources du néolibéralisme qui est indissociable de l’autoritarisme et de la culture de la guerre.
L’idée que le néolibéralisme façonne une véritable anthropologie de la guerre peut nous permettre d’appréhender l’idée de Karl Polanyi (1886 – 1964) selon laquelle le néolibéralisme parce qu’il génère une anthropologie agonistique nous amène au fascisme, au nazisme, et à la guerre. Retour Blog de Paul Jorion...

mardi 26 novembre 2013

Aux « benêts » rouges…

 

 
L’APLI Nationale communique :
Aux « benêts » rouges…

 
Le 27 novembre 2013
« L’injustice sociale est une évidence si familière, elle est d’une constitution si robuste, qu’elle paraît facilement naturelle à ceux qui en sont victimes ». (Marcel Aymé).

Certes cette citation, reprise par l’APLI Nationale, convient parfaitement aux éleveurs bretons et français. La révolte est donc justifiée, mais de là, à manifester avec ceux qui nous ont mené dans le mur depuis des décennies, il y a un pas que l’APLI Nationale se refuse catégoriquement à franchir.

Les mouvements protestataires actuels révèlent, certes, un malaise profond, une angoisse grandissante, ils apparaissent cependant tardifs et inappropriés et seront donc, après l’explosion salutaire de la colère, inefficaces.

En effet, les causes de la situation restent inavouées, les cibles critiquées erronées, les responsables oubliés.

La politique productiviste, dévastatrice pour les filières des volailles et du porc, suicidaire pour le peuple (travailleurs et consommateurs) poursuit sournoisement sa mise en place dans les autres filières d’élevage.
La concentration de la production laitière en particulier, avance à grands pas, occultant les évidences que le présent dévoile au grand jour.

Le cas des éleveurs Bretons est plus sensible parce qu’on leur a promis la lune, fait croire qu’ils étaient les meilleurs, servi toutes les filières d’élevage (dernièrement le lait), sans tenir compte de leur travail et de leur salaire, enchaînés de parts sociales et de contrats bidon.

Les éleveurs des autres régions connaissent les mêmes difficultés, mais éprouvent moins cette sensation d’avoir été manipulés et trompés.

La machine infernale d’exploitation de l’éleveur poursuit son travail de sape.
Éleveurs Bretons et Français, il nous faut rester mobilisés et motivés.
Mais ne nous trompons pas d'adversaire.

Regardons du côté de nos coopératives qui tirent toujours les prix vers le bas.
Demandons des comptes à nos responsables et élus professionnels qui profitent de l’ire générale pour se fondre dans la masse, fuyant toutes responsabilités.

Ne tombons pas dans le piège de la concurrence entre régions.

Défendons des prix et non des volumes.

Soutenons les initiatives tels que la mise en place de l’écotaxe, premier pas vers une répartition homogène des productions sur tout le territoire, limitant les inconvénients du libéralisme à outrance.

L’APLI Nationale ne participera pas au mouvement tentant, mais malsain des « benêts » rouges.

Manifester au sein d’un comité de convergence des intérêts Bretons, sous les ordres Mr Glon (Sanders, filiale de Sofiprotéol (X. Beulin)) ou de Jacques Jaouen (FNSEA), co-gestionnaires et responsables de la situation actuelle, autant demander à un éleveur Charentais, Basque, Normand ou Breton d’aller à Paris soutenir les revendications des céréaliers, nantis, du Bassin Parisien.

Impossible !

Pour l’APLI Nationale.
André Lefranc, Président
06.08.28.25.76

lundi 25 novembre 2013

Les leçons des jacqueries fiscales des agriculteurs d’Ile de France

 
 
Les leçons des jacqueries fiscales des agriculteurs d’Ile de France

A leur tour, les agriculteurs d’Ile de France se sont joints jeudi au concert des « jacqueries » fiscales.

Le revenu moyen de ces agriculteurs a été en 2012 de 97 800€. Comme le signale le Figaro lui-même, le revenu moyen a été de 73 000€ en Picardie et 67 100€ en Champagne-Ardennes.

Ces régions sont des régions de grandes cultures, céréales et oléagineux. Les hausses de 20% du prix des céréales ( 58% des agriculteurs d’Ile de France sont des céréaliers) et de 15-20% des prix des oléagineux, expliquent ces revenus. D’ailleurs, dans la France entière les revenus des céréaliers ont été de 72 000€.

A l’inverse les revenus des éleveurs et des viticulteurs ont diminué. Les premiers en raison :

  • de la hausse du prix des céréales et oléagineux pour l’alimentation animale,
  • des prix d’achat trop bas des grandes surfaces, pour les filières bovines,
  • d’une concurrence allemande salariale insupportable pour la filière porcine,
  • des intempéries pour les viticulteurs.
Dans ces conditions, la participation des agriculteurs d’Ile de France à la fronde fiscale plurielle, a, comme d’autres, un relent politicien évident.

Le tropisme droitier des agriculteurs et surtout de leurs dirigeants


La défense de la propriété, qu’ils soient propriétaires ou fermiers, le souci de l’ordre, en regard du désordre citadin, a toujours poussés les agriculteurs à droite.

« Midi Rouge » des années 1900-1980 exclu, qui penche cependant maintenant vers le front national.

A l’élection présidentielle de 2012, 40% des voix agricoles ont été à Nicolas Sarkozy, 20% à Marine Le Pen et Bayrou, et seulement 8% pour François Hollande.

La FNSEA a donc toujours été tout naturellement du côté droit de l’échiquier politique plutôt que du gauche.

En 1986, quand Jacques Chirac devient le premier ministre de François Mitterrand, il appelle immédiatement François Guillaume, alors président de la FNSEA , au Ministère de l’Agriculture,

Ses successeurs , Lacombe et Guyau avaient aussi de fortes attaches à droite, Luc Guyau est membre de l’UMP, Jean-Michel Le Metayer fut aussi un compagnon de route récompesnée par la droire.

Xavier Beulin, aujourd’hui aux commandes, est céréaliers et protéiculteurs dans le Loiret, et président de Sofiprotéol, ce qui ne le pousse pas naturellement vers la gauche.

Les gros poussent les petits à droite


Ces présidents ont toujours su, avec habileté, manœuvrer la base agricole, y compris les éleveurs ou les « petits » polyculteurs-éleveurs, dont la « situation de classe , comme disait le vieux Lukacs, les rapprochait plutôt du prolétariat, vers une “ position de classe ” et un comportement électoral de droite.

Aujourd’hui, nombre de petits éleveurs, dont le revenu est fréquemment inférieur au SMIC, pour des journées de travail de 12 heures et plus, rejoignent le Front national, à l’instar de nombreux autres “ prolétaires ”.

Comment-ont procédé les dirigeants agricoles, et les politiques de droite pour rameuter en permanence cet électorat ?

Depuis 50 ans, avec le Crédit agricole dont les dirigeants avaient le même tropisme politique, ils se sont arrangés pour que le déclin de l’agriculture, et, pour le dire plus net, la disparition des exploitations marginales, garde un rythme “ socialement ” tolérable, les SAFER organisant en en même temps la concentration des terres.

En 20 ans la moitié des exploitations a disparu.

Une politique agricole commune favorable aux gros exploitants


Ils se sont appuyés pour ce faire sur la Politique agricole commune (PAC).

Celle-ci a été défendue bec et ongles par tous les gouvernements de droite, ceux de gauche étant obligés de suivre, terrorisés par la FNSEA. De Gaulle n’a accepté, en 1958, de mettre en œuvre le Marché commun qu’à cette condition.

Dans les années 62-80, la France bloquait les négociations à Bruxelles -on “ arrêtait la pendule ” pour respecter symboliquement les délais- tant que la France n’avait pas obtenu le maximum espéré.

Son intransigeance lui a d’ailleurs fait négliger d’autres domaines dans lesquels il eût peut-être été plus judicieux de s’investir pour nos jeunes d’aujourd’hui. Mais les agriculteurs allemands, danois, belges, hollandais, et même anglais , dont les dirigeants nationaux reprochaient, par ailleurs, à la France, le coût excessif de son agriculture, profitaient bien en silence des mêmes subventions.

Ce n’est qu’en 1980, avec l’arrivée de Margaret Thatcher, qu’un frein fut mis à la PAC ; la dirigeante anglaise réclamait en effet son chèque en remboursement des versements anglais (“ I want my money back ”).

La PAC était alors exclusivement fondée sur l’aide aux prix. Quand ils exportaient aux prix inférieurs du marché mondial, les agriculteurs recevaient une restitution. Tout naturellement, les plus gros producteurs s’enrichissaient et, comme ils se multipliaient avec la concentration des terres, la FNSEA, qu’ils dirigeaient de fait, maintenait cette pression éminemment “productive” sur les gouvernements français.

A partir de 1992, trente ans après le début de la PAC, fut enfin amorcée, une réduction des prix garantis, avec des aides directes pour compenser.

En 2003, ces “aides à l’exploitation” remplacèrent les aides par les prix. Mais comme ces aides sont attribuées à l’hectare, les mêmes en profitent toujours, malgré les quelques contraintes écologiques imposées, que d’ailleurs ils contestent.

En fait on a créé, à côté de la rente foncière liées à la construction, une rente foncière agricole européenne. Pour la répartition de ces subventions, le nouveau ministre de l’agriculture, dans l’idée de favoriser les exploitations moyennes, a décidé de favoriser les 52 premiers hectares de chaque exploitation ; les exploitations de moins de 52 hectares, constituent 62% des exploitations, mais les grandes exploitations profitent aussi de cet avantage sur leurs 52 premiers hectares, y compris nos frondeurs d’l’Ile de France, et nos céréaliculteurs de 100 ou 200 hectares.


Exploitations agricoles selon la superficie agricole utilisée en 2010 (SSP, Agreste via Insee)

Plus encore, la perte de subvention ne saura excéder 30% à horizon de 2020. Les manifestants franciliens, dont certains se plaignent sans vergogne que leur subvention va baisser de 55 000 à 45 000€ (Le Monde 21 novembre) n’ont guère de souci réel à se faire.

Leurs recettes de subvention sont, de plus, assez bien gardées confidentielles puisque seules sont publiées les aides accordées aux structures collectives, mais pas les recettes des exploitations individuelles.

Une autre agriculture économiquement saine est possible


La pauvreté va donc continuer à régner dans une bonne moitié des exploitations notamment animales.

Pourtant une vraie réforme serait possible. D’une part laisser les plus gros céréaliculteurs et protéiculteurs, comme nos viticulteurs – ceux du Languedoc montrent le chemin- se battre sur le marché mondial.

D’autre part, pour l’élevage, se fixer deux voies :

  • 1) celle de l’hyperproductivité, à la hollandaise ou la danoise, avec des exploitations géantes dont la production est destinée à l’exportation, mais avec, aussi, des contraintes de réutilisation énergétique des déchets ;
  • 2) d’autre part, pour l’élevage encore, mais aussi pour les fruits et légumes, autour de toutes les villes de 20 000 à 50 000 habitants (à étudier) l’installation d’exploitations destinées à l’alimentation des agglomérations, de plus en plus en “ bio ”, ce qu’on dénomme le “ kilomètre zéro ”.
Faute de quoi certains pourraient rêver de la voie anglaise qui, avec les enclosures des XV-XVIII èeme siyècle a réduit de 80% son petit paysannat, en important une nourriture moins chère pour ses ouvrers, et se trouve maintenant avec quelques exploitations rentables… aidées par la PAC. Comme sa reine avec 470 000€ et le Prince Charles avec ses 181 000€ ! Suite...

mardi 12 novembre 2013

LES PRÊTRES D’UNE RELIGION FÉROCE par paul Jorion

 
Choisissez le sous titrage en français
 
Jusqu’ici, les membres de la Troïka (Commission européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international), constituaient pour moi une entité abstraite : il s’agissait de gens existant quelque part, manifestement dans l’erreur, et une erreur coupable et dangereuse, mais j’étais bien incapable de leur mettre un visage, si ce n’est pour leurs principaux dirigeants, lesquels sont engagés désormais dans un bras de fer réjouissant, révélateur du désarroi qui les gagne.
 
 
Mais hier, j’ai vu et entendu au Parlement européen, deux membres de la Troïka, et pas des moindres puisqu’ils dirigent l’équipe qui « s’occupe » de la Grèce : Servaas Deroose pour la Commission européenne et Klaus Masuch pour la Banque centrale européenne, et là, mon opinion sur la Troïka a tout à fait changé.
 
Il ne m’est plus possible désormais d’imaginer qu’il pourrait s’agir avec eux de gens se trompant de bonne foi : je n’ai en effet entendu que des camelots de foire débitant des boniments, appelant « victoires », des déroutes sanglantes, qualifiant de « chiffres encourageants » la mesure quantitative de l’effondrement de la zone euro, prenant appui sur les preuves rétrospectives de leurs errements passés pour appeler à un effort supplémentaire dans la même direction et, à bout d’arguments devant les démentis que leur offre la réalité, blâmant les Grecs qui « refusent de faire ce qu’on leur demande » !
 
Mais qu’attendre d’autre de la part d’économistes car c’est bien ce qu’ils sont, qui nous expliquent depuis cent quarante ans que si leurs prévisions sont systématiquement fausses, ce n’est pas parce que leurs théories sont sans fondement mais parce que les hommes hélas ne sont pas suffisamment rationnels au sens psychopathique qu’ils ont attribué de leur côté au mot « raison ».
 
Que pouvons-nous faire pour les ramener précisément à la raison ? Rien hélas : ce sont les prêtres d’une religion féroce qui se co-optent entre eux, loin, bien loin, de toute élection démocratique. Nous en sommes réduits, à l’instar des parlementaires européens hier, à les couvrir de nos quolibets, à les poursuivre de nos lazzi, à chercher à les faire taire sous nos sifflets, mais si cela calme nos nerfs, cela ne suffit pas malheureusement à les empêcher de nuire de plus belle.
 

mercredi 30 octobre 2013

LA FNSEA CONSEILLE AU GOUVERNEMENT DES USA DE "PUNIR" LES ANTI OGM !

 

 TRANSPARENCE SYNDICALE...


 
 
 
 
 
 
Excusez-nous pour la mauvaise qualité visuelle du document. Par contre le contenu est édifiant! Bonjour les coups bas...

mercredi 16 octobre 2013

vendredi 11 octobre 2013



SUICIDES DANS L'AGRICULTURE
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Des contrats, des contrats... Mais quels contrats? Verticaux, bien sûr, sous la houlette FNLPL!
Quand on entend que le prix plancher est de 25€, et que cela est énoncé sans aucun commentaire, comme allant de soi, on cauchemarde.
Quand donc disparaîtront des discours soit disant syndicaux ces chiffres ubuesques, sans lien aucun avec une quelconque réalité économique.
Après de tels propos sans substance, sans avenir, évasifs, en dénégation des réalités les plus élémentaires, quelle énergie ne faut-il déployer pour seulement garder courage...
Comment s'étonner, dès lors, que certains, écrasés par l’adversité, ne succombes à de funestes tentation?


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Le Monde, Le Figaro, France Info, MSA, Effetsdeterre.fr, Bulletin Electronique
Dessin de Cabu Le suicide des agriculteurs ne faisait pas beaucoup de bruit, même si depuis des années quelques chercheurs tiraient la sonnette d’alarme, à l’instar de Michèle Salmona, enseignante en psychologie du travail, qui dénonçait en 2003 déjà, dans une interview à la Mission Agrobiosciences, le déni qui enveloppait ce fléau montant de la détresse et du suicide des agriculteurs. En France, il semble enfin que la question soit prise au sérieux. Et en Inde, quoi de neuf, alors que plus de 166 000 paysans, cultivant du coton OGM, se sont suicidés depuis 10 ans ?
 
Le suicide des agriculteurs français ? Ce serait "Comme un bruit de fond recouvert d’une chape de plomb" [1], peut on lire dans Le Monde. Mais l’omerta semble enfin se lever.
Dans son édition du 25 janvier 2011, le Figaro [2] rappelle que le dernier chiffre concernant le suicide des agriculteurs disponible est issu de la « Cosmop (Cohorte pour la surveillance de la mortalité par profession) réalisée par l’Institut de veille sanitaire (InVs) (…). Le nombre des suicides chez les agriculteurs se situe par extrapolation autour de 400 par an, soit un peu plus d’un par jour (…) Les agriculteurs exploitants sont les plus touchés par les décès par suicide, avec un risque relatif 3,1 fois supérieur à celui des cadres pour les hommes, et 2,2 fois plus élevé pour les femmes ». Dans le même article, Eric De La Chesnais souligne, tout de même, que l’Apli, l’Association des producteurs de lait indépendants, qui avait organisé deux marches funèbres en 2010 pour dénoncer cette catastrophe, avançait, elle, le chiffre de 800 suicides par an.
400, 800… Quoi qu’il en soit, c’est beaucoup trop.

Dans une interview à France Info [3], le 27 janvier 2011, Christiane Lambert affirme que cette situation n’est pas récente. Pire, elle s’amplifie. Selon la vice-présidente de la FNSEA, les raisons sont multiples : avec la crise de la vache folle, où ils ont été traités d’empoisonneurs, avec les crises sanitaires en cascade où ils sont accusés de pollueurs, les exploitants agricoles se sentent mal-aimés de la société. Ajoutez à cela la crise économique, la volatilité des prix, les difficultés financières (53% de baisse du revenu en 2009), l’absence de perspectives, la solitude, le célibat… Un cocktail dépressif sur fond de vacuité du lien social et d’exclusion.
Face à ce sombre tableau, et au manque cruel de chiffres fiables et officiels, l’Invs et la MSA (la protection sociale du monde agricole) ont décidé de collaborer afin de créer un observatoire sur le suicide en agriculture. L’objectif : « Celui-ci permettra de mieux cibler les actions à mettre en œuvre et de développer un plan global de prévention des risques psychosociaux et de prise en charge des personnes en difficulté. » lit-on sur le site de la MSA [4].
A quelques milliers d’encablures de là, les paysans indiens, eux-aussi, se suicident. Et sur le sujet, la controverse est vive. Avec 9 millions d’hectares cultivés, l’Inde est aujourd’hui le plus grand producteur au monde de coton. En 2002, le pays réalisait sa révolution génétique, introduisant le coton Bt de Monsanto. Depuis, une vague de suicides endeuille le pays. Imaginez : 166 000 agriculteurs indiens se sont donnés la mort en une décennie.
De là, à accuser le végétal transgénique, il n’y avait qu’un pas, qu’ont allègrement franchi les anti-OGM, certains affirmant même l’effet létal de la plante sur le bétail.
D’autres, comme Denis Delbecq, pigiste à l’Express, à La Recherche, dans un papier publié sur effetsdeterre.fr pose la question : Le coton OGM qui pousse les agriculteurs au suicide, un mythe ? [5]. A grand renfort de chiffres, ‘l’agitateur de l’information écolo’ tente de démontrer qu’aucun lien n’existe entre le taux de suicide des paysans indiens et le développement du coton transgénique.
N’empêche, nul ne peut taire leur désespoir. Alors, pourquoi ?

C’est ce que cherche à découvrir un anthropologue du Missouri, qui propose une nouvelle approche pour l’étude de la controverse, relayée dans le Bulletin électronique du 25 février 2011, par les services de l’Ambassade de France aux Etats-Unis [6]. L’originalité de la démarche ? Glen Stone, professeur d’anthropologie socio-culturelle, confronte les performances à l’échelle du champ (qui se limitent à de simples résultats de rendements agricoles et en réductions d’intrants) avec celles obtenues à l’échelle de l’exploitation agricole. L’enjeu : démasquer des désordres plus graves, révéler des dynamiques à plus grande échelle et sur le long terme, tenir compte de paramètres jusque-là oubliés, tels que les dettes et les revenus, l’accès au travail, à la terre et à la technologie, sans oublier, un fléau bien connu chez nous : le déficit de lien social…
Revue de presse de la Mission Agrobiosciences, 7 mars 2011
Lire sur le magazine Web de la Mission Agrobiosciences  :
- Agriculture : les champs de la détresse. Entretien avec Michèle SALMONA. Enseignante en psychologie du travail et cofondatrice du CAESAR (Centre d’anthropologie économique et sociale : applications et recherches à Paris, janvier 2003.
- Ces rythmes différents qui font "mauvais ménage". Une intervention du sociologue Jacques Rémy (Inra), dans le cadre des 11e Controverses de Marciac (Université d’Eté de l’Innovation Rurale) Télécharger les Actes PDF
- Accroissement de la précarité en France et en Europe : quand la pauvreté fait campagne. Revue de presse de la Mission Agrobiosciences, janvier 2010.
Accéder à toutes les Publications : Alimentation et Société et Cancers et alimentation. Des conférences-débats, tables rondes, points de vue et analyses afin de mieux cerner les problématiques sociétales liées au devenir de l’alimentation. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.
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Accéder à toutes les Publications : "Sciences-Société-Décision Publique"de la Conversation de Midi-Pyrénées. Une expérience pilote d’échanges transdisciplinaires pour éclairer et mieux raisonner, par l’échange, les situations de blocages « Science et Société » et contribuer à l’éclairage de la décision publique. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.
Accéder à toutes les Publications : Science et Lycéens. Les cahiers de l’Université des Lycéens, moment de rencontres entre des chercheurs de haut niveau, des lycéens et leurs enseignants. Des publications pédagogiques, agrémentées d’images et de références pour aller plus loin, qui retracent la conférence du chercheur et les questions des lycéens. Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences
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Accéder à toutes les Publications : L’agriculture et les bioénergies. Depuis 2005, nos articles, synthèses de débats, revues de presse, sélections d’ouvrages et de dossiers concernant les biocarburants, les agromatériaux, la chimie verte ou encore l’épuisement des ressources fossiles... Edités par le Magazine Web de la Mission Agrobiosciences.
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[1] Lire Chez les agriculteurs, le taux de suicide est trois fois plus élevé que chez les cadres, Le Monde du 25 janvier 2011
[2] Lire Le suicide des agriculteurs gangrène les campagnes
[3] Lire et écouter : Les agriculteurs face au suicide : "j’ai fini par me dire qu’il valait mieux mourir que de vivre cette vie"
[4] Lire : Suicide et mal-être des agriculteurs
[5] Lire : Le coton OGM qui pousse les agriculteurs au suicide, un mythe ?
[6] Lire : Coton Bt en Inde : un anthropologue du Missouri propose une nouvelle approche pour l’étude de la controverse

mercredi 9 octobre 2013

LE MONDE EST UNE MARCHANDISE!

 
 
LE MONDE EST UNE MARCHANDISE!
 

 

BLOG DE PAUL JORION

 

L’actualité de demain : PIKETTY ET GRAEBER, DES ISSUES PAR LE HAUT, par François Leclerc

8 octobre 2013 par François Leclerc | Print L’actualité de demain : PIKETTY ET GRAEBER, DES ISSUES PAR LE HAUT, par François Leclerc
Billet invité
Alors que la lancinante question de la dette est une fois de plus de retour, mais cette fois-ci de l’autre côté de l’Atlantique, l’économiste Thomas Piketty et l’anthropologue David Graeber publient en France deux ouvrages (*) qui ont en commun de préconiser des solutions radicales. Le premier propose de lever un impôt mondial sur le patrimoine – occasion d’en faire l’inventaire détaillé – le second d’annuler une fois de plus la dette, en se référant à 5.000 ans d’histoire. Tous les deux s’inscrivent dans la perspective mondiale qui s’impose.
Au vu de la dimension qu’elle a progressivement atteinte, la dette est globalement insoutenable, il faudra bien un jour en convenir, même tardivement. La Grèce et le Portugal ne sont pas des cas particuliers, mais l’expression du cas général. Pour preuve, il suffit de remarquer que stopper sa progression est déjà insurmontable pour la première puissance économique mondiale, les États-Unis – seule Angela Merkel parlant de la réduire en Allemagne – et que rien aujourd’hui ne permet d’affirmer sans crainte d’être détrompé que les Européens pourront respecter les objectifs de stabilisation qu’ils se sont fixés. Mais c’est un tabou qu’il faut à tout prix respecter, car le bousculer est trop lourd de conséquences.
Employé par les économistes, le terme « insoutenable » prête d’ailleurs à interprétation : la dette l’est-elle pour des raisons morales ou économiques, ou pour les deux à la fois ? De quel point de vue se place-t-on ? La première option n’est pas sans fondement : dimension morale renvoyant à action politique, le choix se pose concrètement entre la poursuite de l’endettement ou la réduction budgétaire des crédits sociaux, de santé publique et d’enseignement, avec l’Espagne, le Portugal et la Grèce comme meilleures illustrations. S’y apparente, en guise de remède, l’approche de ceux qui veulent faire un tri au sein de la dette à l’issue d’un audit citoyen, pour en extraire ce qui serait « illégitime », résultant de la crise financière et à la charge de ceux qui l’ont suscitée.
La seconde option s’appuie sur un raisonnement déjà validé par les faits : la réduction du déficit engendre la récession, et sans croissance suffisante il n’y a pas de réduction possible de la dette. Et la croissance est malencontreusement en panne pour des raisons un peu mystérieuses sur lesquelles les avis divergent.
Si l’insoutenabilité d’une dette dont l’on ne parvient pas à stopper la progression – et peut-être demain à simplement la rouler, si d’aventure une hausse générale des taux prenait corps – est vouée à être plus tard reconnue, sans autre échappatoire, comment dès lors la restructurer ? Un tri entre les créanciers pourrait alors s’imposer, au gré des rapports de force du moment, déjouant l’argument facile selon lequel une restructuration ruinerait les détenteurs d’assurance-vie et les souscripteurs de fonds de pension. Une instance faisant autorité pourrait moduler la restructuration selon la nature des créanciers pour en protéger certains. La finance a habitué à démêler l’écheveau, les comptes enchevêtrés de Lehman Brothers ont ainsi pu être éclaircis. Ceux de la dette ne sont pas plus complexes.
Certes, les conséquences systémiques d’une restructuration de dette globale auraient l’effet d’une vague de fond sur le système financier, mais cela ne serait-il pas bénéfique si cela aboutissait à réduire drastiquement le volume des actifs financiers, de telle sorte que ceux-ci aient un répondant économique et que leur risque puisse être systématiquement mesuré ? Permettant aux titres de la dette publique d’être à nouveau sans risque, et de fournir par la même les garanties dont les transactions financières ont besoin, et aux établissements financiers des quasi fonds propres ?
Des dispositions sont envisageables pour éviter que cette restructuration ne tourne au chaos. Le temps que les arbitrages soient rendus, afin de répartir les pertes entre les créanciers à la faveur d’échanges de titres suivant leur catégorie, les banques centrales pourraient se substituer au marché – comme elles savent le faire – afin d’éviter les effets d’une brutale hausse des taux (quitte à être remboursées une fois les échanges de titres réalisés). Les établissements financiers qui ne résisteraient pas aux décotes seraient liquidés et leurs éventuels dépôts transférés dans des good banks créées à cet effet et capitalisées par des fonds publics (à la manière du FDIC américain qui opère ces transferts vers des banques saines). Les banques centrales regorgeant de titres de dette acceptés comme collatéral subiraient des pertes qui nécessiterait une recapitalisation. Dans le cas particulier de la Fed, elle serait à la charge des banques commerciales, ses actionnaires, mais dans les autres cas, les États seraient en première ligne. Pourquoi alors ne pas échanger ces titres par de nouveaux titres perpétuels à taux zéro afin de sortir de ce cercle vicieux ? Ce genre de pirouette n’est pas domaine réservé !
Non seulement les propositions de David Graeber et de Thomas Piketty ne se contredisent pas, mais elles sont complémentaires et pourraient même s’enchaîner. Car une fois une réduction de la dette réalisée et le passé apuré, que faire pour ne pas aboutir au redémarrage de la machine à produire de la dette ? Seule la redistribution du patrimoine par l’impôt, ainsi qu’une distribution égalitaire de la nouvelle richesse produite pourraient ensuite l’éviter, ce qui est une toute autre histoire. Un troisième volet s’imposerait en complément : l’interdiction des paris sur les fluctuations des prix, ainsi que Paul Jorion le propose, afin que l’activité financière soit au service de l’économie.
Seules des mesures radicales additionnées sont en mesure d’offrir une issue par le haut à la crise du système.
__________
(*) Thomas Piketty, « Le Capital au XXIème siècle », Le Seuil
David Graeber, « Dette : 5.000 ans d’histoire », Ed. Les liens qui libèrent
 
 














Vu en magasin.
3,44€ pour 8 bouteilles de lait CANDIA, ça fait 0,43€ par bouteille. Dans une période où le lait est rare et cher. 
Juste un petit rappel, la vente à perte est interdite en France. Ce qui veut dire que lorsque l'on retire la TVA, ce lait de marque est plus de 20% moins cher qu'une brique premier prix. 
Quand le leader d'un marché est capable de faire ça, comment voulez vous que la filière soit tirée vers le haut. 
C'est désespérant.

*******
Voila bien les coops! Tout justes bonnes à brader les prix alors que la distribution ne le demande même pas.
Félicitations, les coopérateurs de Sodiaal, vous avez la bosse du commerce !
Comment pouvez-vous accepter de faire ou laisser faire çà ?
Vos directeurs sont des incapables mais, par chance, ils ont mis en place des conseils  d'administration encore plus incapables.
C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.

 Il manque du lait;  on veut nous faire produire au cours mondial, alors qu'on nous paye au cours mondial: en se moment FRONTERA  paye 520€/1000l (à vérifier).


********
Le saviez-vous?

85% des transactions sur les marchés de matières premières échappent à l'industrie agro-alimentaires. Toute l'agriculture mondiale est prise en otage de la spéculation financière
!

mardi 8 octobre 2013

Filière laitière après les quotas - Dacian Ciolos préconise un observatoire de prévention des crises

 

( Publié le 24/09/2013 à 18h51 )

Lors de la conférence consacrée à l'avenir de la production laitière après la fin des quotas en 2015, le commissaire européen à l'Agriculture, Dacian Ciolos, a proposé la création d'un observatoire du marché laitier.

Dacian Ciolos, commissaire européen à l'Agriculture à Luxembourg en juin 2013. (©Commission européenne)L'Union Européenne doit se doter d'un observatoire du marché laitier pour aider le secteur à surmonter les crises une fois supprimés les quotas en 2015, a préconisé mardi le Commissaire à l'agriculture, Dacian Ciolos.
« J'espère avoir un engagement des ministres » en ce sens, « la Commission seule n'a pas les moyens » de mettre en place cet instrument, a souligné le commissaire, ouvrant une conférence à Bruxelles sur l'avenir du secteur. Cet observatoire synthétisant les données collectées auprès des Etats-membres ou de la filière, permettrait selon lui d'anticiper les crises sur un marché dont la volatilité va encore être renforcée par la déréglementation. Le projet doit être présenté en novembre aux Etats et au Parlement européen, a précisé le commissaire.
L'idée a également été avancée par l'organisation de producteurs European Milk Board (Emb). Dans un communiqué, elle prône la création d'une « agence de surveillance » du secteur, pour permettre « une adaptation flexible des volumes de lait offerts à la demande du marché, afin de rétablir l'équilibre sur le marché et de stabiliser le prix du lait moyen à un niveau qui permette de couvrir le coût de production ».

Faire face à la fin des quotas laitiers

Dans un contexte de bonne tenue des prix, après la grande crise du lait des années 2008-2009, et de hausse de la demande de la part des pays émergents, le secteur débat actuellement des moyens de faire face à la fin des quotas, un système qui le régule depuis 1984.
Aubaine de développement pour un secteur qui représente 13 % de la production agricole européenne, cette libéralisation menace dans le même temps la survie des petites exploitations traditionnelles et accroît les risques de surchauffe de production. En France notamment, la filière devrait du coup bénéficier d'un soutien accru dans le cadre de la mise en œuvre de la nouvelle politique agricole commune.
Commission, Etats et producteurs surveillent également de très près les négociations commerciales actuellement menées par l'UE avec plusieurs grands partenaires, en particulier avec le Canada. Le Commissaire Ciolos a ainsi souligné se « battre pour l'accès au marché canadien » du lait européen, en contrepartie de la percée sur le marché européen de la viande bovine que ce pays prépare.

Source : Afp

jeudi 19 septembre 2013

AG APLI sur le blog de Michel Sorin.




Les éleveurs laitiers de l'APLI en AG nationale à Landelles et Coupigny

Modeste mais combative, l’Apli s’organise dans la sérénité
Toute jeune (elle est née en 2008 avec la crise laitière), l’Association des producteurs de lait indépendants tenait son assemblée générale nationale 2013 le 5 septembre dans le sud du Calvados, près de Vire, à Landelles-et-Coupigny.
 
Après un début d’année perturbé en interne, suite aux divisions provoquées par les élections aux chambres d’agriculture, suivies de démissions de quelques membres de l’équipe nationale, l’édifice est resté debout et se retrouve avec une meilleure stabilité.
 
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Les responsables sortants ont soumis leurs rapports à l’approbation de la centaine de membres présents, qui représentaient le millier d’adhérents au niveau national.
Photo : Isabelle Connan, Paul de Montvalon, Hubert Marin, André Lefranc, André Pflimlin (de gauche à droite)
 
Rapport d’activité présenté par Isabelle Connan (22), rapport financier par Hubert Marin (61), rapport moral (voir par ailleurs) par André Lefranc (50), président du conseil d’administration, qui ne se représentera pas en novembre pour un nouveau mandat.
Paul de Montvalon (Pays de la Loire, 49) a présenté le document réalisé par European Milk Board: EMB, (l’organisation confédérale européenne à laquelle adhère l’Apli) sur le coût de la production laitière en France (qui ne prend pas en compte le capital).
Sur l’année 2012, il a été constaté de grandes différences selon les 9 régions laitières (bassins laitiers définis par le ministère de l’agriculture pour l’attribution des quotas laitiers) et une moyenne de 39 centimes par kilo de lait produit (33 dans le Grand Ouest, 47 dans le Massif central). Les producteurs laitiers ont perçu sur la même période, en moyenne nationale, 31,4 centimes d’euros par kilo de lait. Cet écart (8 centimes en moyenne) est à l’origine des trop nombreuses cessations d’activité laitière.
 
Richard Blanc (Nord) a présenté l’opération FaireFrance, nouvelle marque qui commercialise du lait UHT dont le prix est réparti équitablement entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs. Voir La première brique de lait équitable «made in France» en magasin (Le Figaro, Eric de la Chesnais, 2 juillet 2013).
Le prix est un peu plus élevé pour les consommateurs mais la formule leur plaît car ils sont attachés à l’agriculture et cette formule leur garantit que 10 centimes par litre sont redistribués aux producteurs sociétaires (c’est la société coopérative FaireCoop qui gère le dispositif).
L’objectif est d’associer les consommateurs et, ainsi, de faire en sorte que les agriculteurs ne soient pas seulement des producteurs de lait mais des éleveurs qui contrôlent la filière laitière. Au niveau national, ils sont 800 producteurs adhérents à FaireCoop. Chaque adhérent assure quelque journées d’animation dans les grandes et moyennes surfaces de sa région : présentation du concept et dégustation de « Lait équitable ». Ils sont aidés par 8 animateurs salariés, au niveau national, qui vérifient si les produits FaireFrance sont effectivement présents dans les magasins (actuellement 500 000 bouteilles produites, distribuées dans un peu moins de la moitié des magasins).
L’objectif est d’atteindre 2 % du marché national et, à plus long terme, 4 %. L’inauguration nationale de FaireFrance aura lieu le 28 septembre 2013 au Champ de Mars à Paris.
Le président rappelle que l’objectif est de tirer l’ensemble des prix du lait vers le haut (alors que les coopératives laitières ont fait le contraire depuis des années).
 
André Pflimlin intervient en qualité d’expert sur les perspectives de l’économie laitière dans le monde et la situation en Europe en 2015 après les quotas (voir par ailleurs).
 
Au cours du débat avec la salle, Richard Blanc et Paul de Montvalon, notamment, ont répondu aux questions.
Richard Blanc, qui se situe près de la frontière belge, dans l’Avenois (il est adhérent d’une coopérative laitière belge), note que les coopératives acceptent des augmentations de volume de lait produit par les adhérents, ce qui n’est pas le cas de Lactalis. Elles laissent produire, s’occupant du reste. La référence pour l’Apli, c’est le Poulet de Loué. Les producteurs maîtrisent l’ensemble. Le plus difficile, c’est de se lancer dans la communication avec les consommateurs dans les magasins.
Nous sommes dans un monde économique dominé par la finance, laquelle confisque 40 % des bénéfices et 18 % des remises d’impôts. 170 personnes maîtrisent la richesse mondiale et les riches ne sont pas partageurs.
Lactalis paie des pénalités pour ne pas publier ses résultats. Ses actifs ont progressé de 2 milliards d’euros en peu de temps.
Ce qu’il y a de mieux dans l’Avenois, ce sont les tribunaux paritaires créés en 1946, et les SAFER pour la maîtrise du foncier.
 
A une question sur la faille dans le système coopératif, il est répondu par André Pflimlin que les coopératives ont échappé aux agriculteurs (sauf les fruitières). Elles sont gérées comme des financiers, pratiquent la course à la concentration.
 
Paul de Montvalon indique que les coopératives veulent mettre en place un comité de surveillance des coopératives, au niveau national, mais il ne sera pas composé de gens indépendants. Ils seront issus du HCCA (Haut Conseil de la Coopération Agricole), dirigé par Christiane Lambert, qui vient de succéder à Xavier Beulin.
 
Va-t-on manquer de lait ? Le fossé se creuse entre les régions. Ainsi, la Bretagne (+ 10 %) et le Sud-Ouest (- 18 %). Chez les industriels, il faut faire la différence entre les gros (Lactalis, Bongrain, Danone, notamment) et les petits, qui font de la valeur ajoutée et du développement, mais qui risquent de manquer d’approvisionnement, si les vivres leur sont coupées pour les faire chuter.
 
A une question sur la politique agricole, il répond qu’il n’y a rien. Le ministre actuel de l’agriculture fait la même politique que son prédécesseur.
 
Changer de laiterie ? Il faudra attendre la fin des contrats de 5 ans. Certains quitteront les coopératives s’ils trouvent une laiterie qui accepte de les collecter. Les opportunités à venir se situent au niveau des coopératives. Suite...


AG 2013 de l'APLI : le président André Lefranc fait le bilan et rassure



Un rapport réaliste et encourageant pour l’avenir

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L’APLI existe et continuera d’exister. André Lefranc, président de l’ASSOCIATION NATIONALE DES PRODUCTEURS DE LAIT INDEPENDANTS, l’a martelé lors de l’assemblée générale, le 5 septembre 2013 dans le Calvados (voir Les éleveurs laitiers de l'APLI en AG nationale à Landelles et Coupigny - 12 septembre 2013).


 


Il restera membre du conseil d’administration mais ne sera pas candidat au renouvellement de son mandat de président, en novembre, ayant besoin d’accorder davantage de temps à son exploitation. Voici le texte du rapport qu’il a présenté.


 

Rapport moral AG APLI 2013

 

En préambule de ce rapport moral, j’aurais aimé pouvoir  vous  annoncer que notre stratégie consistant, certes, à contester et à dénoncer, mais aussi et surtout, à systématiquement  proposer des alternatives crédibles. Que cette stratégie, donc, avait  porté ses fruits.

J’aurais aimé pouvoir vous annoncer qu’enfin :
- la régulation était  acquise,
- que les coûts de production étaient effectivement et définitivement pris en considération,
- que les éleveurs s’étaient  regroupés dans une structure unique pour négocier,  faisant par là même, abstraction de leurs diverses sensibilités,
- bref, que notre avenir de producteur laitier s’éclaircissait durablement.

Malheureusement, malgré la légère embellie actuelle du prix du lait, il m’est impossible de tenir un tel discours.
-Parce que les comptabilités de vos fermes vous le rappellent,
-parce que votre voisin a cessé la production  laitière,
- parce que des régions entières perdent leur potentiel de production,

Vous savez que nous sommes loin du compte pour pouvoir  être rassurés sur la sécurité, la visibilité, la confiance et la prospérité dont nous avons tant besoin pour nous-mêmes et pour nos territoires.

Peut-on dire pour autant qu’il faille être pessimiste ? Non. Mille fois non.

Si l’APLI n’avait pas existé, il y a longtemps que nous serions tous contractualisés, isolés et ignorants, devenant, comme programmé par des penseurs intéressés, de la main-d’œuvre bon marché  nécessaire à leurs profits juteux.
L’APLI c’est la petite graine qui a bien germé et réveillé les consciences.
L’APLI, par ses actions médiatiques, a interpellé aussi bien les consommateurs que les décideurs
. Pour preuve notre mouvement est l’objet d’une étude très sérieuse de la part d’étudiants de science politique qui posent cette question : « Quels rôles  les agriculteurs jouent-ils dans l’élaboration des politiques publiques qui les concernent ? » et  justifient l’intérêt de cette étude, « qui aura ( je cite) entre autre pour objectif de démontrer aux agriculteurs l’importance de leur pouvoir d’influence, non seulement dans les couloirs des ministères, mais également dans la rue grâce au soutien médiatique que leurs actions peuvent susciter.
L’APLI c’est bien le grain de sable qui empêche la machine infernale de nous écraser, même si les résultats de notre lutte menée depuis 4 ans ne semblent pas à la hauteur de toutes nos espérances.

Notre action  aura  cependant permis de  prendre  du temps.
Temps précieux de la réflexion et de l’analyse pour chacun d’entre nous, avant de s’engager individuellement dans la poursuite de l’activité laitière ou de la réorientation de nos exploitations, voire de la cessation.

Temps précieux également pour notre association, cette petite graine qui après avoir bien germé doit prendre racine. Il lui faut du temps pour bien asseoir ses orientations. Certains peuvent s’impatienter mais nous, paysans, savons pourtant bien qu’avant la récolte il faut laisser à la plante le temps de croître et d’arriver à maturité.

Beaucoup d’éleveurs, et moi le premier, avions pensé que l’épreuve de force de la grève du lait serait une guerre  éclair, que nous gagnerions facilement. L’arrêt, sans doute prématuré, de l’action a pu être durement vécu par certains. Mais nous avons  été et sommes toujours confrontés à des difficultés qui nous contraignent plutôt à mener une guerre de tranchées. On ne lâche rien et avançons pas à pas.

Nos principales difficultés, dois je le rappeler, sont:

- Le manque de moyens d’abord qui nous empêche de mener de front toutes les actions et constructions, nous obligeant à hiérarchiser selon l’actualité, la législation ou les besoins.
- Le manque de soutien ensuite.
Nous sommes les seuls à n’avoir qu’un unique objectif, la défense du producteur de lait.
Certains défendent un type d’agriculture au détriment de l’homme, d’autres défendent prioritairement leur structure.
Sur ce sujet précis, s’il est une leçon à tirer c’est bien celle de la stratégie de l’indépendance. Nous ne devons plus nous égarer dans des relations trop consensuelles avec comme seul objectif de fédérer coûte que coûte.
Nous devons définir notre voie et la suivre contre vents et marées, acceptant ceux qui s’y reconnaissent et veulent la rendre plus dynamique, mais écartant  ceux qui s’y greffent pour d’autres fins.
- Et, enfin, ne nous voilons pas la face, des difficultés internes. Se soustraire à la pensée unique reste une règle incontournable de l’APLI. Elle a d’innombrables avantages dont la possibilité de débats contradictoires permettant des analyses fines et des solutions adaptées.
Elle implique aussi des différences de positions qui ne peuvent se clarifier que par le vote majoritaire démocratique. Certains de nos membres, semant le trouble, n’ont pas compris que l’APLI ne dérogerait jamais à cette règle et ont quitté notre conseil d’administration. C’est regrettable mais il ne pouvait en être autrement.

Malgré toutes ces embûches et ces  handicaps, l’APLI a dépensé énormément d’énergie et remporté nombre de batailles :
-    Nous sommes enfin invités, n’en déplaise à Mr Beulin et consorts, aux réunions de travail ministérielles sur l’après quotas. Et nous  y sommes écoutés.
-    Avec l’Office du lait, créé faut il le rappeler par l’APLI, nous avons organisé de nombreuses réunions d’information  et permis  la création des FranceMilkboard, Il faut saluer ici l’acharnement de Paul pour la mise en place et l’agrément de ces structures.
-    Le projet de lait équitable (une révolution en soi) a déjà bien démarré, le lancement national de FaireFrance sera le 28 septembre à Paris, et là je donnerai un coup de chapeau à Richard et à son conseil d’administration qui, avec ténacité, ont porté le projet jusqu’au bout contre vent et marées.
-    Nous travaillons également l’agrément de l’AOP. Après avoir fait reconnaître plusieurs OP FMB.

L’APLI  reste  donc bien le coordonnateur entre ces différentes entités,
L’APLI assure le lien avec l’EMB,
L’APLI reste prête à tout autre type d’action de construction ou de contestation, nationale ou européenne.

Le bilan de l’APLI est donc  largement positif. Comment pourrait-il en être autrement alors que nous partions du néant? Il reste cependant beaucoup de chemin à parcourir, c’est une lutte contre la montre car le nombre de cessations laitières ne cesse de croître.

Il nous faut assurément analyser posément les avancées et les erreurs commises, non pour se lamenter mais pour en tirer l’essence d’améliorations possibles. Compenser le manque de moyens par une re-mobilisation des troupes maintenant que nos arguments, à l’épreuve du temps, montrent toute leur pertinence.

Rester fidèle à nos valeurs de départ.
Sans doute aussi, faut il se rapprocher de ceux qui connaissent les mêmes déboires que nous, j’entends par là les autres filières d’élevage. Il ne s’agit pas de déclencher une guerre fratricide qui laisserait à penser que l’on veut déshabiller Pierre pour habiller Paul. Mais, nul ne peut le nier, le monde animal n’a pas les mêmes problèmes que le monde végétal.

Mais, en récusant le poids des normes et en défendant ensemble, tous éleveurs réunis, les leviers qui nous paraissent évidents: les coûts de production, la rémunération du travail et du capital, la gestion des volumes, nous pourrions  jouer un rôle d’autant plus important tant au niveau des décideurs que des consommateurs.

L’APLI existe et continuera d’exister


Lors de l'AG 2013 de l'APLI, André Pflimlin a parlé de l'Europe laitière

La double impasse : marché libéral et modèle de production

 

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André Pflimlin, l’auteur du livre « Europe laitière » (Editions France Agricole, 2010) - voir Dans son livre, Europe laitière, André Pflimlin condamne le libéralisme, était l’invité de l’assemblée générale de l’APLI le 5 septembre 2013.



 

Photo : André Pflimlin avec le président de l'APLI, André Lefranc

 

Il est intervenu sur le thème « Europe laitière, la double impasse : le marché libéral et le modèle de production. Comment en sortir ? ».

Plan de l’exposé

I - Le marché mondial beurre-poudre est un leurre pour les producteurs européens.

II  - La dérégulation et la mise en compétition des éleveurs et des régions de l’UE à 27 est une arme de destruction massive…

III - Pour une autre politique laitière et rurale :

-          La privatisation du marché laitier UE… pour l’OMC ?

-          La plupart des autres grands pays se protègent

-          La nécessité d’une régulation européenne

Conclusion

 

Voici le résumé des deux premières parties.

 

I - L’autorégulation du marché laitier est une utopie ou un mensonge

 

La demande est rigide (aliments au quotidien). L’offre dépend des investissements à long terme (c’est une industrie lourde) mais aussi des aléas climatiques et des rapports de prix lait-concentrés.

L’offre reste atomisée : plus de un million de producteurs, dont beaucoup de petits, alors que la transformation est de plus en plus concentrée : une douzaine de laiteries font plus de la moitié du lait UE… souvent avec une quasi-exclusivité de collecte. On est loin du marché idéal, cher aux économistes libéraux.

 

Le marché mondial des produits laitiers ne représente que 6 % de la production. L’essentiel est consommé dans les pays ! Il est composé pour plus de 80 % de produits industriels (beurres et poudres de lait). Il est pourvu pour moitié par l’Océanie et l’Amérique du Sud avec du lait de pâturage, à faible coût de production mais à forte sensibilité climatique.

L’absence de stockage public (UE et USA) encourage la spéculation et rend le marché de plus en plus volatil. D’où un prix du lait sur le marché mondial qui varie de 180 à 360 euros par tonne équivalent lait.

 

La Nouvelle-Zélande tient le marché beurre-poudre (un tiers du marché mondial) avec 2,5 % de la production de lait. Avec une matière première peu coûteuse, c’est un pays idéal pour faire du lait pas cher (moins de 200 euros par tonne) :

-          pâturage toute l’année sans complément,

-          pas de bâtiment ni de matériel, hors salle de traite,

-          des troupeaux de 400 vaches par élevage et 1 à 2 travailleurs (UTA).

La coopérative Fonterra collecte et exporte plus de 90 % de la production, sous forme de beurre-poudre, essentiellement, en contrat pérenne avec des pays importateurs dans le monde entier. Fonterra contrôle les marchés à terme de la poudre de lait. En 2011-2012, la Nouvelle-Zélande a fait + 10 % de lait (1,5 million de tonnes), ce qui a fait chuter les prix sur le marché mondial. Début 2013, la sécheresse (baisse de 5 % de la production) a provoqué une remontée des prix.

 

Conclusion : l’Europe doit choisir clairement entre deux stratégies :

-          Produire beaucoup et à bas prix pour l’export de poudre et gagner des marchés sur Fonterra, et selon les règles de l’OMC, donc sans aides et sans protections aux frontières.

-          Produire surtout pour un marché européen mieux protégé, avec des produits régionaux, et n’exporter que des produits de qualité sans aides.

 

II  - La dérégulation et la mise en compétition des éleveurs et des régions de l’UE à 27 est une arme de destruction massive…

 

Jusqu’à aujourd’hui, la diversité des élevages et des régions laitières est déjà considérable mais était régulée dans l’UE à 27. Demain, avec la fin des quotas, la compétition entre pays et régions sera plus inéquitable et plus destructrice.

 

Localisation de la production laitière en Europe

- UE à 15 : 80 % du lait. Concentration : 50 % du lait sur 10 % des surfaces. Diversité de taille des troupeaux et de systèmes (moyenne 45 VL par troupeau ; Autriche : 12 ; Danemark : 120).

- 12 nouveaux pays dans l’UE : 20 % du lait UE et 80 % des élevages. Grands troupeaux (100 à 1000 VL, mais aussi de nombreux très petits troupeaux (moins de 5 VL).

Demain, avec la fin des quotas, la compétition entre pays et régions sera plus inéquitable et plus destructrice, même entre les pays de l’Europe de l’ouest (…)

 

Les deux « modèles » extrêmes à ne pas suivre :

-          Danemark : 3 % du lait UE. Modèle unique « quitte ou double » : 150 VL à 9 000 kg.

-          Irlande : 3,5 % du lait UE. Modèle unique herbe : 60 VL à plus de 5 000 kg. Toujours plus de pâturage. Et de poudre ?...

Danemark :

Jutland une autre Bretagne ; 90 % de la SAU labourable pour produire du lait ou du porc.

Une restructuration vertigineuse : de 33 000 troupeaux à 30 VL en 1984 à 3 300 troupeaux à 150 VL en 2013.

Investissements énormes : nouvelles étables, terres, quota, mécanisation, robot, ration complète.

Rachat des fermes pour l’installation avec des prêts à très long terme (30 ans ou plus, dont 10 sans rembourser de capital).

Un taux d’endettement moyen de 20 000 euros par VL et 100 à 150 euros de frais financiers par tonne de lait. Augmentation de la production (+ 1,5 % en 2012-2013) pour les banques et la coopérative ARLA.

 

Irlande : toujours plus de lait à l’herbe !

Un coût de production (hors main-d’œuvre) de 150 euros par tonne de lait (9 à 10 mois de pâture, peu de bâtiments et de stockage, peu de concentrés, davantage d’engrais azoté). Proche du modèle néo-zélandais, avec des vaches plus rustiques.

A l’avenir, face à la crise et au chômage : produire plus et exporter plus (80 % du lait est exporté, sous forme de beurre et de poudre sur le marché mondial). Donc, plus de pâturage et plus de lait, moins de vaches allaitantes et de bœufs. Encore plus de beurre et de poudre (sans aides de l’UE ?).

 

France et filières de qualité ? 16 % du lait UE, 70 000 troupeaux

-          Les systèmes avec maïs ensilage (75 % du quota). Des produits frais mais aussi trop de produits industriels (plus-value faible pour le lait « minerai ».

-          Les systèmes herbagers de plaine (moins de 10 % de maïs ensilage). Moins de 10 % du lait, quelques AOC encore peu rémunérées.

-          Les systèmes herbagers de montagne : 10 % du quota, 30 % des producteurs impliqués dans les AOC et un prix du lait souvent plus élevé (Alpes, Jura, mais pas le Massif central).

Le total lait de vache en France : AOC + bio + produits fermiers = 10 % du lait.

 

Quels modèles pour les régions laitières de l’UE ?

A – Modèle danois : 100 000 fermes à 160 VL ; haut risque pour les éleveurs ; lait minerai ; concentration et pollution ici, déprise ailleurs.

B – Modèle bavarois-normand : un million de fermes à 20-50 VL ; diversité des produits et des territoires ; biens publics avec renforcement du 2ème pilier. Quels équilibres, quels soutiens entre les deux ?

 

La suite dans un autre article…

 

Voir aussi ces résumés d’une intervention d’André Pflimlin sur le même thème :





 

AG 2013 APLI : André Pflimlin, les bases d'une autre politique laitière



Maîtriser l’offre de lait au niveau européen

 

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André Pflimlin, l’auteur du livre « Europe laitière » (Editions France Agricole, 2010) - voir Dans son livre, Europe laitière, André Pflimlin condamne le libéralisme, était l’invité de l’assemblée générale de l’APLI le 5 septembre 2013.



 

Il est intervenu sur le thème « Europe laitière, la double impasse : le marché libéral et le modèle de production. Comment en sortir ? »

Plan de l’exposé

I - Le marché mondial beurre-poudre est un leurre pour les producteurs européens.

II  - La dérégulation et la mise en compétition des éleveurs et des régions de l’UE à 27 est une arme de destruction massive…

III - Pour une autre politique laitière et rurale :

-          La privatisation du marché laitier UE… pour l’OMC ?

-          La plupart des autres grands pays se protègent

-          La nécessité d’une régulation européenne

Conclusion

 

Les deux premières parties de cette intervention sont à lire ici : Lors de l'AG 2013 de l'APLI, André Pflimlin a parlé de l'Europe laitière - 14 septembre 2013.

 

Voici le résumé de la 3ème partie et de la conclusion.

 

III – Une autre politique laitière pour l’UE

 

La Commission européenne a oublié les principes des traités de Rome (1960) et de Lisbonne (2009) au profit du libre-échange et de l’OMC. Rappel de ces principes :

-          la sécurité alimentaire pour l’Europe,

-          un niveau de vie équitable pour les agriculteurs et des prix raisonnables pour les consommateurs,

-          la préférence communautaire : la stabilité des marchés avec soutiens internes, taxes à l’import, aides à l’export.

 

Réforme de la PAC votée malgré de fortes critiques

… de la Cour des comptes européenne (novembre 2009) :

-          la PAC lait n’a pas respecté les principes fondateurs de la PAC,

-          l’UE n’est pas compétitive pour l’export de beurre-poudre.

… du Conseil économique et social européen (février 2010) :

-          la sécurité alimentaire laitière UE pourrait être compromise

-          la fin des quotas en 2015 est incompatible avec l’aménagement du territoire, l’agriculture durable…

La Commission reste sourde. Pour elle, c’est le marché qui doit piloter.

 

Le Paquet Lait de la Commission reste dans la ligne 2003-2008 : poursuite de la dérégulation, fin des quotas, compétitivité, soumission à la politique de l’OMC.

-          contractualisation entre les producteurs et leur laiterie (les coopératives qui collectent 60 % du lait restent en dehors),

-          limite au groupement de producteurs de lait (3,5 % des producteurs de lait de l’UE),

-          l’interprofession laitière se limite à de l’information et n’aborde pas l’orientation des prix et des volumes (sauf AOP-IGP),

-          transparence dans la filière : suivi des prix et des marges.

-          Un soutien des marchés toujours a minima.

Et des promesses… absentes du texte final de mars 2012 :

-          soutien renforcé aux zones en difficulté et zones de montagnes ?

-          si crise, rachat par l’UE des cessations volontaires : trop tard ?

Il manque l’essentiel : une régulation des volumes et des prix, et une véritable politique laitière européenne.

 

Un avis défavorable du Comité des Régions, au niveau européen, le 30 mai 2013, concernant le rapport intermédiaire de la Commission sur la sortie des quotas.

-          il constate que les arguments de la Commission pour supprimer les quotas sont de plus en plus contestés,

-          il regrette l’absence d’étude sur les impacts régionaux (montagne, zones défavorisées, zones mixtes, petits troupeaux),

-          il considère que, ni le Paquet Lait, ni l’OCM unique, ne donnent de garanties de maîtrise des volumes et des prix,

-          il propose un moratoire sur les quotas dans l’attente des réponses de la Commission.

Cet avis, présenté par René Souchon (Auvergne), a été adopté en séance plénière à une très large majorité.

 

Hors UE, la plupart des grands pays se protègent…

-          Pays déficitaires, qui se protègent : Japon, Corée du sud, Chine, voire Inde,

-          Pays autosuffisants, avec quota, qui se protègent : Canada,

-          Pays exportateurs, qui se protègent : USA, Argentine,

-          Pays exportateurs libéraux : Nouvelle-Zélande (depuis 1984) et Australie (depuis 2000).

Constat : la dérégulation a toujours entraîné une baisse du prix du lait à la ferme et une hausse pour le consommateur (selon les études Gouin 2008, Broussard 2010 et Kroll 2010).

 

USA : le contre-exemple parfait ? Une politique laitière forte et continue depuis 1934.

A) Pilotage par Congrès et gestion par le ministère de l’agriculture (USDA) :

-          Même prix de base pour tous les éleveurs par région,

-          Compensation du prix du marché (45 % du prix objectif),

-          Des taxes à l’import, des taxes à l’export (comme UE) et, en plus, aides diverses (assurance revenu, ventes à terme).

Une production peu excédentaire par rapport à la consommation jusqu’en 2005 (entre 2 % et 5 % certaines années).

B) Farm Bill  2013-2016 : plus de sécurité pour le lait US

Après l’année difficile 2009, priorité est donnée à la sécurité (éleveurs et consommateurs). Projet des producteurs présenté au Congrès (loi de sécurité laitière).

a) Garantie de marge : prix du lait diminué du coût alimentaire (VL + G) par tonne de lait :

- aide publique à 100 % sur la marge de base (90 dollars par tonne de lait X 80 % de la quantité),

- assurance individuelle  sur la marge 2 (supplémentaire), en 90 et 180 dollars par tonne de lait. Le niveau et le volume assuré sont choisis et financés par l’éleveur.

b) La régulation de la production se fait par la réduction des livraisons par ferme, jusqu’à 4 % de la référence, sinon le lait livré en trop n’est pas payé. Les deux critères retenus sont le prix du lait US par rapport au prix mondial et la marge sur le coût de l’aliment. Les volets a) et b) sont obligatoirement liés dans un même contrat.

Le débat est en cours dans les deux assemblées, avec le soutien des deux partis, démocrate et républicain. Le texte a été adopté au Sénat et repoussé à la Chambre des représentants (députés).

 

Peut-on faire bouger les lignes UE ?

Tout semble ficelé et voté : paquet lait, PAC… Mais tout ce qui permet une régulation de l’offre est encore en place. Convergence autour de certains objectifs :

-          au niveau européen : EMB et Via Campesina,

-           au niveau français : Organisations de producteurs FMB par bassin laitier régional (APLI, OPL, CP) mais il reste un pas important à concrétiser par rapport aux entreprises.

Mais pas de soutien politique :

-          pas d’ouverture côté Commission et Conseil des ministres,

-          écoute et soutien discret au Parlement européen mais vote du Paquet Lait à 83,5 % pour…

Pas de soutien, non plus, du côté des organisations professionnelles majoritaires (FNSEA, FNPL et Copa-Cogeca).

Donc, encore des mois difficiles, en attendant la prochaine crise

 

Calendrier automne 2013-été 2014

- Finalisation de la réforme PAC de juin 2013. Le Parlement européen peut demander la re-discussion de certains points.

- Journée Lait à Bruxelles le 24 septembre. Avec présentation des études sur les impacts régionaux.

- Discussion nationale des adaptations PAC (ministre, OPA : quel rééquilibrage des céréaliers vers les éleveurs ?)

- Loi d’orientation agricole ? Installation ?

- Négociations commerciales bilatérales UE avec USA, Canada, Mercosur.

- Election des députés au Parlement européen en mai 2014, suivie de la désignation d’une nouvelle Commission à l’automne.

 

Conclusion

1) Une autre PAC respectant les hommes et les territoires, dans un monde non durable, en crises :

- une crise globale : finance folle, inégalités croissantes,

- la sécurité alimentaire non assurée, de plus en plus aléatoire (un milliard d’humains a faim, un autre milliard mange trop et mal)

- la dégradation des ressources naturelles : eau, sols, biodiversité…

- l’énergie fossile plus rare, plus chère, et le changement climatique,

- un chômage record : de 5 à 25 % dans l’UE, en moyenne plus de 10 %, plus important chez les jeunes.

Quelle place pour l’élevage bovin ? Davantage de lait que de viande : rendement en protéines X 3 avec des vaches plus mixtes (Normandes par exemple) sur des prairies plutôt que sur des terres à céréales et à maïs.

 

2) La stratégie libérale (OMC) de la Commission est « incompatible avec une politique de cohésion de l’UE et avec le respect de l’environnement, des hommes et des territoires » (CCE-CESE). Un retour à une maîtrise de l’offre inter-pays et inter-laiteries est incontournable, sauf à risquer l’explosion de l’UE !

 

3) Deux objectifs prioritaires et solidaires :

- régulation de l’offre (souveraineté alimentaire ici et ailleurs (Pays en développement),

- systèmes laitiers durables : des soutiens à l’agriculture paysanne, à l’élevage laitier familial et à l’emploi, pas aux usines à lait !

 

Voir aussi ces résumés d’une intervention d’André Pflimlin sur le même thème :