LE MONDE EST UNE MARCHANDISE!
BLOG DE PAUL JORION
L’actualité de demain : PIKETTY ET GRAEBER, DES ISSUES PAR LE HAUT, par François Leclerc
Billet invité
Alors que la lancinante question de la dette est une fois de plus de
retour, mais cette fois-ci de l’autre côté de l’Atlantique, l’économiste
Thomas Piketty et l’anthropologue David Graeber publient en France deux
ouvrages (*) qui ont en commun de préconiser des solutions radicales.
Le premier propose de lever un impôt mondial sur le patrimoine –
occasion d’en faire l’inventaire détaillé – le second d’annuler une fois
de plus la dette, en se référant à 5.000 ans d’histoire. Tous les deux
s’inscrivent dans la perspective mondiale qui s’impose.
Au vu de la dimension qu’elle a progressivement atteinte, la dette
est globalement insoutenable, il faudra bien un jour en convenir, même
tardivement. La Grèce et le Portugal ne sont pas des cas particuliers,
mais l’expression du cas général. Pour preuve, il suffit de remarquer
que stopper sa progression est déjà insurmontable pour la première
puissance économique mondiale, les États-Unis – seule Angela Merkel
parlant de la réduire en Allemagne – et que rien aujourd’hui ne permet
d’affirmer sans crainte d’être détrompé que les Européens pourront
respecter les objectifs de stabilisation qu’ils se sont fixés. Mais
c’est un tabou qu’il faut à tout prix respecter, car le bousculer est
trop lourd de conséquences.
Employé par les économistes, le terme
« insoutenable » prête d’ailleurs à interprétation : la dette l’est-elle
pour des raisons morales ou économiques, ou pour les deux à la fois ?
De quel point de vue se place-t-on ? La première option n’est pas sans
fondement : dimension morale renvoyant à action politique, le choix se
pose concrètement entre la poursuite de l’endettement ou la réduction
budgétaire des crédits sociaux, de santé publique et d’enseignement,
avec l’Espagne, le Portugal et la Grèce comme meilleures illustrations.
S’y apparente, en guise de remède, l’approche de ceux qui veulent faire
un tri au sein de la dette à l’issue d’un audit citoyen, pour en extraire ce qui serait « illégitime », résultant de la crise financière et à la charge de ceux qui l’ont suscitée.
La seconde option s’appuie sur un raisonnement déjà validé par les
faits : la réduction du déficit engendre la récession, et sans
croissance suffisante il n’y a pas de réduction possible de la dette. Et
la croissance est malencontreusement en panne pour des raisons un peu
mystérieuses sur lesquelles les avis divergent.
Si l’insoutenabilité d’une dette dont l’on ne parvient pas à stopper la progression – et peut-être demain à simplement la rouler,
si d’aventure une hausse générale des taux prenait corps – est vouée à
être plus tard reconnue, sans autre échappatoire, comment dès lors la
restructurer ? Un tri entre les créanciers pourrait alors s’imposer, au
gré des rapports de force du moment, déjouant l’argument facile selon
lequel une restructuration ruinerait les détenteurs d’assurance-vie et
les souscripteurs de fonds de pension. Une instance faisant autorité
pourrait moduler la restructuration selon la nature des créanciers pour
en protéger certains. La finance a habitué à démêler l’écheveau, les
comptes enchevêtrés de Lehman Brothers ont ainsi pu être éclaircis. Ceux
de la dette ne sont pas plus complexes.
Certes, les conséquences systémiques d’une restructuration de dette
globale auraient l’effet d’une vague de fond sur le système financier,
mais cela ne serait-il pas bénéfique si cela aboutissait à réduire
drastiquement le volume des actifs financiers, de telle sorte que
ceux-ci aient un répondant économique et que leur risque puisse être
systématiquement mesuré ? Permettant aux titres de la dette publique
d’être à nouveau sans risque, et de fournir par la même les garanties
dont les transactions financières ont besoin, et aux établissements
financiers des quasi fonds propres ?
Des dispositions sont envisageables pour éviter que cette
restructuration ne tourne au chaos. Le temps que les arbitrages soient
rendus, afin de répartir les pertes entre les créanciers à la faveur
d’échanges de titres suivant leur catégorie, les banques centrales
pourraient se substituer au marché – comme elles savent le faire – afin
d’éviter les effets d’une brutale hausse des taux (quitte à être
remboursées une fois les échanges de titres réalisés). Les
établissements financiers qui ne résisteraient pas aux décotes seraient
liquidés et leurs éventuels dépôts transférés dans des good banks
créées à cet effet et capitalisées par des fonds publics (à la manière
du FDIC américain qui opère ces transferts vers des banques saines). Les
banques centrales regorgeant de titres de dette acceptés comme
collatéral subiraient des pertes qui nécessiterait une recapitalisation.
Dans le cas particulier de la Fed, elle serait à la charge des banques
commerciales, ses actionnaires, mais dans les autres cas, les États
seraient en première ligne. Pourquoi alors ne pas échanger ces titres
par de nouveaux titres perpétuels à taux zéro afin de sortir de ce
cercle vicieux ? Ce genre de pirouette n’est pas domaine réservé !
Non seulement les propositions de David Graeber et de Thomas Piketty
ne se contredisent pas, mais elles sont complémentaires et pourraient
même s’enchaîner. Car une fois une réduction de la dette réalisée et le
passé apuré, que faire pour ne pas aboutir au redémarrage de la machine à
produire de la dette ? Seule la redistribution du patrimoine par
l’impôt, ainsi qu’une distribution égalitaire de la nouvelle richesse
produite pourraient ensuite l’éviter, ce qui est une toute autre
histoire. Un troisième volet s’imposerait en complément : l’interdiction
des paris sur les fluctuations des prix, ainsi que Paul Jorion le propose, afin que l’activité financière soit au service de l’économie.
Seules des mesures radicales additionnées sont en mesure d’offrir une issue par le haut à la crise du système.
__________
(*) Thomas Piketty, « Le Capital au XXIème siècle », Le Seuil
David Graeber, « Dette : 5.000 ans d’histoire », Ed. Les liens qui libèrent
David Graeber, « Dette : 5.000 ans d’histoire », Ed. Les liens qui libèrent
Vu en magasin.
3,44€ pour 8 bouteilles de lait CANDIA, ça fait 0,43€ par bouteille. Dans une période où le lait est rare et cher.
Juste un petit rappel, la vente à perte est
interdite en France. Ce qui veut dire que lorsque l'on retire la TVA,
ce lait de marque est plus de 20% moins cher qu'une brique premier
prix.
Quand le leader d'un marché est capable de faire ça, comment voulez vous que la filière soit tirée vers le haut.
C'est désespérant.
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Voila bien les coops! Tout justes bonnes à brader les prix alors que la distribution ne le demande même pas.
Félicitations, les coopérateurs de Sodiaal, vous avez la bosse du commerce !
Comment pouvez-vous accepter de faire ou laisser faire çà ?
Vos directeurs sont des incapables mais, par chance, ils ont mis en place des conseils d'administration encore plus incapables.
C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Il manque du lait; on veut nous faire produire au cours mondial, alors qu'on nous paye au cours mondial: en se moment FRONTERA paye 520€/1000l (à vérifier).
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Le saviez-vous?
85% des transactions sur les marchés de matières premières échappent à l'industrie agro-alimentaires. Toute l'agriculture mondiale est prise en otage de la spéculation financière!
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